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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Bé, Félix: L' Hôtel du Prince Paul Galitzin
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0228

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2o8 L'ART.

séduction des perfections féminines, contenait ces mille riens artistiques, ces adorables bibelots
devenus une nécessité d'existence pour toute personne de goût : porcelaines, faïences, clefs de la
Renaissance, passe-partout en acier damasquiné d'or du roi Louis XVI, pendule naine imaginée
par Boulle pour Louis XIV, etc. Aux murs, un Jordaens étincelant de verve, de coloris et de belle
humeur, le portrait de sa femme Catharina Van Noort, et, contraste piquant et austère, la noble figure
de l'Arioste, peinture sévère et puissante du Caravage.

Innovation charmante! Le plafond de ce houdoir est formé d'une des plus belles tapisseries exé-
cutées à Beauvais sous la direction et d'après les compositions d'Oudry, elle est aux armes du maré-
chal duc de BoufFlers et entourée de caissons contenant chacun un motif de Bérain; le salon voisin,
entièrement revêtu d'antiques boiseries et orné de consoles délicieusement sculptées provenant du châ-
teau de l'aînée des filles du marquis de Nesle, de cette Julie de Mailly qui, dame d'honneur de la reine,
fut, en 1736, déclarée maîtresse de Louis XV, — maîtresse bien éphémère qui devait trouver dans ses
trois soeurs, mesdames de Lauraguais, de Vintimille et de Châteauroux, autant de victorieuses rivales ; —
le salon, avec ses riches portières et ses rideaux anciens, était aussi décoré d'un plafond formé par une
tapisserie de plus de quatre mètres tissée d'or et de soie aux armoiries du grand amiral d'Espagne,
des Pays-Bas et des Indes; puis venait la salle à manger inspirée des souvenirs de Hollande et des
Flandres : boiserie sévère, immense cheminée en chêne sculpté surmontée d'un des plus beaux Snyders
que l'on puisse rencontrer, prodigieux ragoût de peintre dont l'Art a obtenu de pouvoir perpétuer le
souvenir par l'eau-forte que pous avons chargé M. Gustave Greux de graver1. Toute cette pièce était
décorée de Natures mortes, pour lesquelles la Hollande, la Flandre, la France et l'Italie avaient été mises
à contribution ; il suffit de citer les noms pour donner une juste idée de cet ameublement sans rival :
Abram van Beyeren, Izack van Duynen, Claes Heda, Jan Davidz. De Heem, Joannes Fyt, Paul De
Vos, Siméon Chardin, Blain de Fontenay, Giuseppe Recco, etc. Au centre, la table cachée sous un
riche tapis en point de Florence, et entourée de sièges recouverts de peau de truie, était éclairée par
un gigantesque lustre hollandais en cuivre, à quarante-six lumières.

Nous n'avons fait que parcourir rapidement cette aimable demeure, et que n'avons-nous pas oublié
de signaler! L'énumcration serait trop longue; bornons-nous à réparer un seul de nos oublis; nous
aurions peine à nous le pardonner : les amateurs d'œuvres exquises vont avoir la bonne fortune de
pouvoir se disputer un Giovanni-Battista Tiepolo, la Madone au lys, toile d'un charme incomparable,
dernier et prodigieux écho des splendeurs de l'école vénitienne, digne en tous points du magicien qui
a si élégamment peuplé de ses fresques le palais Labia, enrichi des créations de son pinceau inépui-
sablement inventif le Palais Ducal, Santa Maria délia Consola\ione, San Francesco délia Vigna, Santa
Maria délia Pieta, San A Irise, les églises degli Scalzi et de'' Santi Apostoli, San Eustachio, Santa Teresa,
et tant d'autres édifices religieux, sans parler de ses peintures de YAccademia di Belle Arti, ni des
neuf compositions prestigieuses qui plafonnent la Scuola di Santa Maria del Carminé.

Le Louvre n'a rien d'un tel maître; on peut le regarder comme ignoré à Paris en dehors de
quelques raffinés; il n'est dignement représenté que chez Mme la baronne Nathaniel de Rothschild,
chez M. Paul Tesse, chez M. le baron Gustave de Rothschild et chez M. le comte de Camondo.
Ces deux derniers possèdent des plafonds du Tiepoletto, comme l'appellent les Vénitiens.

Félix Bé.

1. Xous avons aussi fait graver par M. Charles Waltner les superbes Portraits de M. et M'"° Vrydags van Vollenhoven, par Jan van
Ravestein qui appartenaient autrefois au baron van Brienen de Grootelindt, ainsi que les portraits du fils van Vollenhoven et de sa femme,
aujourd'hui au Musée de Lille.
 
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