i \ Septembre 187G.
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UN C*(ASSEUI^
partis politiques étrangers, sur leur personnel, sur
leurs programmes. Mais ce qui est l'originalité
de ce rare et solide esprit, c'est une connaissance
approfondie des matières théologiques et de l'his-
toire de l'Eglise. Il a pour ces études une prédilec-
tion marquée et vient de publier vin volume sur
Ignace de Loyola et la Compagnie de Jésus qui lui l'ait
honneur. Les querelles de l'épiscopat français, les
intrigues du Vatican, l'organisation intérieure des
milices cléricales n'ont pas de secrets qu'il n'ait pé-
nétrés. Coquille et Veuillot seraient mal venus à
entreprendre une polémique avec lui sur ces ques-
tions en général si peu connues des laïques, et ceci
explique la haine particulière dont la presse ultra-
montaine honore M. Spuller.
L. %,
— Messieurs les voyageurs... en voiture!... cria
une dernière l'ois la voix de l'employé de la gare
d'Orléans.
Le compartiment de premières, réservé à des
chasseurs privilégiés, était complet, moins une
place. Au moment où le train s'ébranlait en ron-
flant, la portière s'ouvrit bruyamment, et un su-
perbe épagneul écossais apparut, suspendu par la
peau du cou, au bout d'un bras vêtu de toile bleue.
— A bas, ïom! cria impérativement une voix
brève, pendant que l'épagneul, en chien bien élevé,
se blottissait sous nos jambes. L'homme entra et se
fraya un passage entre nos genoux.
— Enfin! fit S..., l'inimitable chroniqueur connu
dans les deux mondes pour sa verve intarissable et
son esprit étourdissant, et qui nous emmenait faire
l'ouverture chez son ami D..., au château de S...-
sur-O...
— Pardon, mon cher S..., fit le nouveau venu,
j'arrive dans une voiture disloquée, traînée par une
haridelle poussive et conduite par un cocher ivre-
mort. Je mérite au moins votre indulgence.
— Certainement, mon ami; mais, connaissant vo-
tre ponctualité, j'étais un peu inquiet. Messieurs,
je vous présente M. B..., voyageur, littérateur, chas-
seur et surtout tireur émérite.
Nous ébauchâmes à l'inconnu, qui ne payait guère
de mine, un salut de gens bien élevés, mais froids,
nonobstant la recommandation de S...
Quelle figure, grands dieux ! en dépit de sa main
fine et de son pied aristocratique! Quand il souleva
imperceptiblement son chapeau, nous aperçûmes
une tète chauve comme un boulet, en parfaite har-
monie avec un visage glabre, couperosé comme
celui d'un varioleux et tout rempli de pelli-
cules blanchâtres. Son nez semblait en proie à une
engelure et offrait à l'œil les tons violâtres d'une
betterave de Silésie à collet rouge.
99
UN C*(ASSEUI^
partis politiques étrangers, sur leur personnel, sur
leurs programmes. Mais ce qui est l'originalité
de ce rare et solide esprit, c'est une connaissance
approfondie des matières théologiques et de l'his-
toire de l'Eglise. Il a pour ces études une prédilec-
tion marquée et vient de publier vin volume sur
Ignace de Loyola et la Compagnie de Jésus qui lui l'ait
honneur. Les querelles de l'épiscopat français, les
intrigues du Vatican, l'organisation intérieure des
milices cléricales n'ont pas de secrets qu'il n'ait pé-
nétrés. Coquille et Veuillot seraient mal venus à
entreprendre une polémique avec lui sur ces ques-
tions en général si peu connues des laïques, et ceci
explique la haine particulière dont la presse ultra-
montaine honore M. Spuller.
L. %,
— Messieurs les voyageurs... en voiture!... cria
une dernière l'ois la voix de l'employé de la gare
d'Orléans.
Le compartiment de premières, réservé à des
chasseurs privilégiés, était complet, moins une
place. Au moment où le train s'ébranlait en ron-
flant, la portière s'ouvrit bruyamment, et un su-
perbe épagneul écossais apparut, suspendu par la
peau du cou, au bout d'un bras vêtu de toile bleue.
— A bas, ïom! cria impérativement une voix
brève, pendant que l'épagneul, en chien bien élevé,
se blottissait sous nos jambes. L'homme entra et se
fraya un passage entre nos genoux.
— Enfin! fit S..., l'inimitable chroniqueur connu
dans les deux mondes pour sa verve intarissable et
son esprit étourdissant, et qui nous emmenait faire
l'ouverture chez son ami D..., au château de S...-
sur-O...
— Pardon, mon cher S..., fit le nouveau venu,
j'arrive dans une voiture disloquée, traînée par une
haridelle poussive et conduite par un cocher ivre-
mort. Je mérite au moins votre indulgence.
— Certainement, mon ami; mais, connaissant vo-
tre ponctualité, j'étais un peu inquiet. Messieurs,
je vous présente M. B..., voyageur, littérateur, chas-
seur et surtout tireur émérite.
Nous ébauchâmes à l'inconnu, qui ne payait guère
de mine, un salut de gens bien élevés, mais froids,
nonobstant la recommandation de S...
Quelle figure, grands dieux ! en dépit de sa main
fine et de son pied aristocratique! Quand il souleva
imperceptiblement son chapeau, nous aperçûmes
une tète chauve comme un boulet, en parfaite har-
monie avec un visage glabre, couperosé comme
celui d'un varioleux et tout rempli de pelli-
cules blanchâtres. Son nez semblait en proie à une
engelure et offrait à l'œil les tons violâtres d'une
betterave de Silésie à collet rouge.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Un chasseur
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Sonstige Angaben: "Lef. Sc"
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
In Copyright (InC) / Urheberrechtsschutz
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 9.1876, S. 27_099
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg