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L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
2-2 Octobre 1876.
voici la mer du Sahara, le tunnel sous-marin du
Pas-de-Calais et le canal de Panama, pour relier le
Pacifique à l'Atlantique comme les frères Siamois.
Ce canal sera si beau qu'il sera ombragé de platanes
et qu'il aura un lit capitonné de cailloux roulés, de
plus d'un kilomètre de large.
Oserf.i-je vous dire, pourtant, Monsieur le minis-
tre, que j'aimerais mieux passer la nuit dans celui
de M"0 Pierson?
Comme autres percements, les dames continuent
à se percer les oreilles et quelques sauvages fashio-
nahles la cloison du nez. Nous avons aussi une belle
collection de paniers percés sur le pavé de-Paris et
j'ai appris que le consul de Perse avait tin clou à la
joue-qui a percé à la première journée des Xicbclun-
ggn, pendant un solo de flageolet.
Cependant, ce qui ne perce plus, au moins en
France, c'est le génie. Voilà précisément le point où
je vais poser mon index.
Ou répète volontiers que les grands ouvrages de-
viennent introuvables. Avant d'aller plus loin, per-
mettez-moi de vous rappeler deux lignes des Sallim-
imri'/iiefi, que vous devez connaître, comme tous les
ministre^.
—' Savez-vous jouer du violon? demande Bilbo-
quet, et l'amoureux de lui répondre judicieuse-
ment :
— Jo ne pourrais pas vous dire, je n'ai jamais
essayé.
Eh bien, de même, la France ne peut pas dire si
GAIETÉS LUGUBRES. — Course d'automne.
Le Départ.
LETTRES DE PARIS
m
A M. SAY, MINISTRE DES .FINANCES
Monsieur le ministre, il faut que je-vous gronde,
ce qui prouve que je vous aime ; par conséquent, je
pense que vous ne m'en voudrez pas.
Depuis quelques années, vous lisez sans doute,
tous les matins, comme moi, dans les journaux, que
nous traversons une époque de transition. C'est
commode à dire, et ça donne des airs savants qui
ne coûtent rien. En réalité toutes les époques sont
de transition; reste à savoir si elles nous mènent à
la cave, au soleil, sous le vent, en pleine clarté ou
dans les fondrières.
Selon moi, iln'yapasde doute, nous courons dans■
les fondrières. Mais comme vous tenez les finances,
c'est-à-dire le grand ressort, il ne tiendrait qu'à v-us
de donner un coup de pouce, pour nous remettre
dans une direction plus agréable. Vous devriez vous*
révolter. Malheureusement ce ne sont jamais les mi-
nistres qui font les révolutions.
. Je m'explique :
La mode est aux pèTcées et aux percements, si
bien que la terre ressemblera bientôt à une écu-
moire. Après le tunnel du Conis, le canal de Suez,
L'ÉCLIPSÉ, REVUE COMIQUE ILLUSTRÉE
2-2 Octobre 1876.
voici la mer du Sahara, le tunnel sous-marin du
Pas-de-Calais et le canal de Panama, pour relier le
Pacifique à l'Atlantique comme les frères Siamois.
Ce canal sera si beau qu'il sera ombragé de platanes
et qu'il aura un lit capitonné de cailloux roulés, de
plus d'un kilomètre de large.
Oserf.i-je vous dire, pourtant, Monsieur le minis-
tre, que j'aimerais mieux passer la nuit dans celui
de M"0 Pierson?
Comme autres percements, les dames continuent
à se percer les oreilles et quelques sauvages fashio-
nahles la cloison du nez. Nous avons aussi une belle
collection de paniers percés sur le pavé de-Paris et
j'ai appris que le consul de Perse avait tin clou à la
joue-qui a percé à la première journée des Xicbclun-
ggn, pendant un solo de flageolet.
Cependant, ce qui ne perce plus, au moins en
France, c'est le génie. Voilà précisément le point où
je vais poser mon index.
Ou répète volontiers que les grands ouvrages de-
viennent introuvables. Avant d'aller plus loin, per-
mettez-moi de vous rappeler deux lignes des Sallim-
imri'/iiefi, que vous devez connaître, comme tous les
ministre^.
—' Savez-vous jouer du violon? demande Bilbo-
quet, et l'amoureux de lui répondre judicieuse-
ment :
— Jo ne pourrais pas vous dire, je n'ai jamais
essayé.
Eh bien, de même, la France ne peut pas dire si
GAIETÉS LUGUBRES. — Course d'automne.
Le Départ.
LETTRES DE PARIS
m
A M. SAY, MINISTRE DES .FINANCES
Monsieur le ministre, il faut que je-vous gronde,
ce qui prouve que je vous aime ; par conséquent, je
pense que vous ne m'en voudrez pas.
Depuis quelques années, vous lisez sans doute,
tous les matins, comme moi, dans les journaux, que
nous traversons une époque de transition. C'est
commode à dire, et ça donne des airs savants qui
ne coûtent rien. En réalité toutes les époques sont
de transition; reste à savoir si elles nous mènent à
la cave, au soleil, sous le vent, en pleine clarté ou
dans les fondrières.
Selon moi, iln'yapasde doute, nous courons dans■
les fondrières. Mais comme vous tenez les finances,
c'est-à-dire le grand ressort, il ne tiendrait qu'à v-us
de donner un coup de pouce, pour nous remettre
dans une direction plus agréable. Vous devriez vous*
révolter. Malheureusement ce ne sont jamais les mi-
nistres qui font les révolutions.
. Je m'explique :
La mode est aux pèTcées et aux percements, si
bien que la terre ressemblera bientôt à une écu-
moire. Après le tunnel du Conis, le canal de Suez,
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Gaietés lugubres. - Course d'automne
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Bildunterschrift: "Le Départ" Signatur: "And. G."
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 9.1876, S. 27_130
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg