172
L "ÉCLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTREE
26 Novembre 1876.
L HOMME DU JOUR
VICTOR MASSÉ
L'auteur de Paul et Virginie a droit aux honneurs
de la semaine. Nous allons essayer de tracer son
portrait et de rappeler sa carrière le plus sommaire-
ment possible.
L'auteur de Galathce (il n'aime pas qu'on l'appelle
ainsi, mais qu'y faire ?) est un Breton bretonnant,
étant né à Lorient le 7 mars 1822. Élève d'abord de
l'école de Choron, puis du Conservatoire, où il eut
Halévy pour
maître,il fitdes
études extrê-
mement bril-
lantes et obtint
en 1844, à vingt-
deux ans , 1e
grand prix de
Rome. 11 fut un
musicien heu-
reux , car on
n'attendit pas
qu'il eût des
cheveux blancs
pour le faire
débuter au
théâtre, et son
essai fut un suc-
cès. Son pre-
mier ouvrage ,
la Chanteuse voi-
lée, fut en effet
très-bien ac-
cueilli à l'Opé-
ra-Comique en
18o0, et Galathce,
qui vint deux
ans après, lui
valut presque
un triomphe et
le classa tout
aussitôt.
Les Noces de
Jeannette confir-
mèrent la bonne opinion que le public avait conçue du
talent de M. Massé, et depuis lors il fit représenter
les ouvrages dont les titres suivent : La Fiancée du
diable (3 actes, Opéra-Comique, 18o4) ; Miss Fauvette,
(1 acte, Opéra-Comique, 18!>5); les Saisons (3 actes,
Opéra-Comique, 18ou); la Reine Topaze, 3 actes,
Théâtre-Lyrique, 1856) ; les Chaises à porteurs (1 acte,
Opéra-Comique, 18o8); la Fée Carabosse (3 actes,
Théâtre-Lyrique, 1859) ; la Mule de Pedro (2 actes,
Opéra, 1863) ; Fior d'Aliza (3 actes, Opéra-Comique) ;
le Fils du brigadier (3 actes, Opéra-Comique) ; enfin
Paul et Virginie, son dernier ouvrage. A tout cela il
faut ajouter un petit opéra italien, la Favorifa e la
Schiava, queM. Massé fit jouer en Italie, un opéra-
comique en un acte, le Cousin de Marivaux, qui fut
donné au théâtre de Bade, plus un grand nombre de
mélodies vocales charmantes et pleines de poésie.
La muse de M. Massé est robuste et bien por-
tante, comme une franche Bretonne qu'elle est.
Qu'on n'aille point pourtant la prendre pour une
virago, pour une de ces filles du peuple, honnêtes,
mais un peu grossières, aux bras rouges et aux
joues empourprées , dont les expressions rudes
pourraient effaroucher les oreilles délicates. Non,
c'est une demoiselle de bonne maison, mais qui,
comme l'hé-
roïne du Rob-Roy
de W ait er
Scott, tout en
tenant on ne
peut mieux sa
place dans un
salon, ne dédai-
gne point de
courir à travers
champs par un
beau soleil d'été
court vêtue et
les cheveux au
vent, de suivre
les verts sen-
tiers et les clairs
ruisseaux, et de
s'accrocher par-
fois les mains
aux buissons
épineux pour
en arracher une
fleur odorante
et longtemps
désirée.
Une grâce et
une élégance
na turelle s,
exemptes de
mièvrerie et de
mignardise , la
gaieté, l'entrain
parfois la gran-
deur et la passion, telles sont les facultés qui dis-
tinguent le talent très-personnel de M. Massé. Un
joli tour mélodique, des idées fraîches et prime-sau-
tières, une harmonie claire et distinguée, une ins-
trumentation à laquelle un travail délicat fait
souvent trouver la nouveauté , l'intelligence du
drame et de la scène, tels sont les heureux complé-
ments de ces heureuses qualités, qui se trouvent
enfin couronnées par un sentiment poétique très-
intense et difficile à rencontrer à un pareil degré.
Voilà, en traits aussi rapides qu'accusés, le por-
trait musical de l'heureux auteur dePaul et Virginie.
A. P.
L "ÉCLIPSE, REVUE COMIQUE ILLUSTREE
26 Novembre 1876.
L HOMME DU JOUR
VICTOR MASSÉ
L'auteur de Paul et Virginie a droit aux honneurs
de la semaine. Nous allons essayer de tracer son
portrait et de rappeler sa carrière le plus sommaire-
ment possible.
L'auteur de Galathce (il n'aime pas qu'on l'appelle
ainsi, mais qu'y faire ?) est un Breton bretonnant,
étant né à Lorient le 7 mars 1822. Élève d'abord de
l'école de Choron, puis du Conservatoire, où il eut
Halévy pour
maître,il fitdes
études extrê-
mement bril-
lantes et obtint
en 1844, à vingt-
deux ans , 1e
grand prix de
Rome. 11 fut un
musicien heu-
reux , car on
n'attendit pas
qu'il eût des
cheveux blancs
pour le faire
débuter au
théâtre, et son
essai fut un suc-
cès. Son pre-
mier ouvrage ,
la Chanteuse voi-
lée, fut en effet
très-bien ac-
cueilli à l'Opé-
ra-Comique en
18o0, et Galathce,
qui vint deux
ans après, lui
valut presque
un triomphe et
le classa tout
aussitôt.
Les Noces de
Jeannette confir-
mèrent la bonne opinion que le public avait conçue du
talent de M. Massé, et depuis lors il fit représenter
les ouvrages dont les titres suivent : La Fiancée du
diable (3 actes, Opéra-Comique, 18o4) ; Miss Fauvette,
(1 acte, Opéra-Comique, 18!>5); les Saisons (3 actes,
Opéra-Comique, 18ou); la Reine Topaze, 3 actes,
Théâtre-Lyrique, 1856) ; les Chaises à porteurs (1 acte,
Opéra-Comique, 18o8); la Fée Carabosse (3 actes,
Théâtre-Lyrique, 1859) ; la Mule de Pedro (2 actes,
Opéra, 1863) ; Fior d'Aliza (3 actes, Opéra-Comique) ;
le Fils du brigadier (3 actes, Opéra-Comique) ; enfin
Paul et Virginie, son dernier ouvrage. A tout cela il
faut ajouter un petit opéra italien, la Favorifa e la
Schiava, queM. Massé fit jouer en Italie, un opéra-
comique en un acte, le Cousin de Marivaux, qui fut
donné au théâtre de Bade, plus un grand nombre de
mélodies vocales charmantes et pleines de poésie.
La muse de M. Massé est robuste et bien por-
tante, comme une franche Bretonne qu'elle est.
Qu'on n'aille point pourtant la prendre pour une
virago, pour une de ces filles du peuple, honnêtes,
mais un peu grossières, aux bras rouges et aux
joues empourprées , dont les expressions rudes
pourraient effaroucher les oreilles délicates. Non,
c'est une demoiselle de bonne maison, mais qui,
comme l'hé-
roïne du Rob-Roy
de W ait er
Scott, tout en
tenant on ne
peut mieux sa
place dans un
salon, ne dédai-
gne point de
courir à travers
champs par un
beau soleil d'été
court vêtue et
les cheveux au
vent, de suivre
les verts sen-
tiers et les clairs
ruisseaux, et de
s'accrocher par-
fois les mains
aux buissons
épineux pour
en arracher une
fleur odorante
et longtemps
désirée.
Une grâce et
une élégance
na turelle s,
exemptes de
mièvrerie et de
mignardise , la
gaieté, l'entrain
parfois la gran-
deur et la passion, telles sont les facultés qui dis-
tinguent le talent très-personnel de M. Massé. Un
joli tour mélodique, des idées fraîches et prime-sau-
tières, une harmonie claire et distinguée, une ins-
trumentation à laquelle un travail délicat fait
souvent trouver la nouveauté , l'intelligence du
drame et de la scène, tels sont les heureux complé-
ments de ces heureuses qualités, qui se trouvent
enfin couronnées par un sentiment poétique très-
intense et difficile à rencontrer à un pareil degré.
Voilà, en traits aussi rapides qu'accusés, le por-
trait musical de l'heureux auteur dePaul et Virginie.
A. P.
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
L'homme du jour
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
S 25 / T 6
Objektbeschreibung
Objektbeschreibung
Bildbeschriftung: "Victor Massé" Signatur: "And. G."
Kommentar
verknüpfen
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)
Literaturangabe
Rechte am Objekt
Aufnahmen/Reproduktionen
Künstler/Urheber (GND)
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
L' Eclipse: journal hebdomadaire politique, satirique et illustré, 9.1876, S. 27_172
Beziehungen
Erschließung
Lizenz
CC0 1.0 Public Domain Dedication
Rechteinhaber
Universitätsbibliothek Heidelberg