Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 30.1903)

UN NOUVEAU PORTRAIT DE DANTE

Les portraits de Dante ont été l’objet
de discussions non moins ardentes1 qu’in-
téressantes. On a Uni par reconnaître
comme point de départ certain le portrait
du Bargello, reproduit ci-contre, peint
par Giotto, contemporain et ami de Dante.
C’est là, en effet, un portrait au vrai sens
du mot. Le second portrait connu était
celui de Taddeo Gaddi à Santa Groce, dont
nous ne pouvons regretter assez la perte;
tout différent de celui de Giotto, il devait
être le prototype du Dante des siècles
suivants : Dante vieillard, au front ridé, à la bouche creusée, aux
lignes révélant toute la grandeur et l’énergie de la structure physique.

Entre le Dante jeune de Giotto et le Dante âgé de Taddeo Gaddi,
il manquait le portrait intermédiaire: Dante dans la force de l’âge.
On a voulu le voir dans l’homme priant de Y Enfer d’Orcagna2, dans
la chapelle Strozzi à Santa Maria Novella, et tout récemment encore
dans le Paradis3, à la même chapelle. Cette dernière identification
est des plus douteuses, la première également, et l’œuvre est d’ailleurs

1. Voir pour l’iconographie dantesque : F.-X. Kraus, Dante, sein Leben uncl sein
Werk, sein Verhàltniss zur Kunst und Politik. Berlin, 1897, p. 159, où l’on trouve
toute la bibliographie concernant les portraits de Dante.

2. Voir : Zeitschrift far bildenm Kunst, août 1900 : Ein unbekanntes Portrut
Dante's aus dem xv. Jahrhundert, par Jacques Mesnil.

3. Miscellanea d’arte, février 1903, — et Pasquale Papa, Z ritlratti di Dante in S.
Maria Novella. Firenze, Olsclrki, 1903; in-8°, 13 p. av. grav.

XXX. — 3e PÉRIODE.

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