ARTISTES CONTEMPORAINS
ALBERT LEBOURG
(premier article)
A envelopper d’un regard l’œuvre d’Albert Lebourg, elle offre
l’exemple d’un labeur de trente-cinq années accompli, selon
la loi même de l’individualisme, dans la paix souriante et
recueillie que dispense l’accord parfait de l’être avec sa nature. Seule
l’analyse de l’idiosyncrasie saura découvrir la règle et le sens de la
production, et telle a été l’emprise du tempérament que l’art semble
se dérober cette fois au jeu des contingences. Un premier point
demeure acquis : l’atavisme n’a aucune part dans la formation du
talent; chez les ascendants de Lebourg, autour de lui, nul éveil du
sentiment esthétique; sa famille a pu compter des littérateurs, —
les Gueullette, — mais des artistes non pas; on retiendra au passage
que, en qualité de greffier de la justice de paix de Montfort-sur-
Risle, son père dispersa, sans y prendre garde, quantité des richesses
somptuaires encore amassées, vers le milieu du dernier siècle, au
fond des vieilles cités normandes.
Quand Albert Lebourg quitte, à seize ans, Evreux et son lycée,
sur l’indice de dispositions certaines on le destine un moment à l’ar-
ALBERT LEBOURG
(premier article)
A envelopper d’un regard l’œuvre d’Albert Lebourg, elle offre
l’exemple d’un labeur de trente-cinq années accompli, selon
la loi même de l’individualisme, dans la paix souriante et
recueillie que dispense l’accord parfait de l’être avec sa nature. Seule
l’analyse de l’idiosyncrasie saura découvrir la règle et le sens de la
production, et telle a été l’emprise du tempérament que l’art semble
se dérober cette fois au jeu des contingences. Un premier point
demeure acquis : l’atavisme n’a aucune part dans la formation du
talent; chez les ascendants de Lebourg, autour de lui, nul éveil du
sentiment esthétique; sa famille a pu compter des littérateurs, —
les Gueullette, — mais des artistes non pas; on retiendra au passage
que, en qualité de greffier de la justice de paix de Montfort-sur-
Risle, son père dispersa, sans y prendre garde, quantité des richesses
somptuaires encore amassées, vers le milieu du dernier siècle, au
fond des vieilles cités normandes.
Quand Albert Lebourg quitte, à seize ans, Evreux et son lycée,
sur l’indice de dispositions certaines on le destine un moment à l’ar-