Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (5. Pér. 5.1922)

L’EXPOSITION BAUDRY ET SAINT-MARCE AUX

A L’ÉCOLE DES BEAUX-ARTS

Notre cher et vénéré doyen M. Léon Bon-
nat, toujours plein d’idées généreuses, a eu la
pensée de faire grouper à l’Ecole des Beaux-
Arts, dans une exposition commune1, les
œuvres du statuaire René de Saint-Marceaux,
décédé au cours de la guerre, et un ensemble
de cartons et d’études de Paul Baudry, qui est
bien, lui, deux fois mort, car il est par trop
oublié. C’était réunir deux artistes de même
famille, de grande distinction et de race bien
française, propres à donner une leçon de
conscience et de bonne tenue, qui n’est peut-
être pas inutile de nos jours. Je le remercie
de m’avoir confié celte mission.

Paul Baudry a occupé dans sa génération
une place exceptionnelle et cette place était
parfaitement justifiée. On ne pouvait pas aujourd’hui, après trente-six ans
écoulés, refaire cette exposition posthume qui fut si impressionnante, en
1886, et montrer à nouveau, à défaut de ses grandes décorations, l’ensemble
imposant de ses portraits. On y aurait pu voir, ne fût-ce qu’à ce titre,
le rang qu’il tient dans l’Ecole et, du portrait du Baron Jard Panvillier, de
1855, à celui du Sénateur Peyrat, en 1883, on aurait pu suivre les péri-
péties de son talent dans la compréhension de la figure humaine et admirer
avec quelle intelligence et quelle pénétration ce beau regard, ardent et sérieux,
entrait dans l ame de ses modèles. On y aurait également surpris le secret de

TETE DE JEUNE FILLE
DESSIN PAR PAUL BAUDRY
(Appartient à M. F. de Madrazo.)

1. Ouverture du 16 mai au 16 juin.