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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 5.1922

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Nr. 5
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Baud-Bovy, Daniel: Un portrait de Max Buchon par Courbet
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https://doi.org/10.11588/diglit.24938#0344

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UN PORTRAIT DE MAX BUCHON PAR COURBET

es lecteurs du très intéressant article que M. Ch. Léger
consacrait, dans la livraison de décembre 1921
de la Gazette des Beaux-Arts, aux relations épisto-
laires de Victor Hugo, Courbet et Max Buchon,
auront sans doute plaisir à voir ici le portrait
en pied, par le maître d’Ornans, de l’auteur des
Poésies franc-comtoises et des Scènes franc-com-
toises, du collectionneur des No'èls et chants popu-
laires de la Franche-Comté et des Contes populaires
de l’Allemagne, du traducteur enfin des princi-
paux ouvrages du rude Bernois Jerémias Gotthelf.
Ils me permettront en même temps de ranimer un souvenir d’enfance.

C’était en 1882 ou 1883. Mon père, par une après-midi de printemps, était venu
me prendre à la sortie de l’école Monge où je poursuivais mes études : « L’ami
Rochefort », me dit il, « nous attend pour le dîner; il veut ensuite nous mener au
cirque. » Et gagnant les boulevards extérieurs par l’avenue de Villiers, nous nous
acheminâmes gaiement côte à côte. Rochefort, si je me souviens bien, habitait alors
rue des Martyrs ou non loin de la rue des Martyrs, et dans le voisinage du cirque
Medrano. Un peu avant d’arriver à la place Clichy, du côté gauche du boulevard,
l’étalage d’une boutique de bric-à-brac débordait sur le trottoir; une toile roulée y
répandait un ruban de peinture, encadré par la bordure où s’espaçaient les traces
rouillées des clous qui l’avaient fixée au châssis.

Dans cette bande peinte on ne voyait que deux pieds qui me semblaient à peine
esquissés.

Mon père s’arrêta, les contempla longuement, et finit par murmurer: « C’est de
Courbet ! » Il entra dans la boutique, demanda au marchand de lui montrer la toile.
Celui-ci, levant les bras, la déroula d’un coup, dressant devant nous une figure
d’homme, debout, de grandeur naturelle. Tout gamin que j’étais, je fus frappé de sa
ressemblance avec Clemenceau que nous rencontrions alors chez Henri Rochefort.
 
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