UN REGARD SUR LA MODE
(1 9 1 9 "1 9 2 1 )
Deux années se sont écoulées depuis la
publication, par la Gazette des Beaux-
Arts, d’une revue de la mode. Deux
années pendant lesquelles, après des jours
tragiques, Paris s’est cherché à tâtons.
Submergé par un flot de curieux venus
de l’étranger, de la province, entraîné
par de nouveaux arrivés sortis enrichis
du fond de leurs boutiques, Paris n’était
plus lui-même. A cette clientèle il fallait
un luxe tapageur, des couleurs violentes,
des formes provocantes, et la Parisienne,
tout à la joie de n’avoir plus à craindre
pour ceux que la guerre avait épargnés,
ne sut opposer qu’une faible résistance à
la vague de folie qui passait sur sa ville.
Elle accepta tout, les yeux fermés. La
voilà court-vêtue, si court même que le
genou est presque visible, la taille remon-
tée très haut, afin de garder à son corps
une proportion rationnelle. Elle se chausse de bottes lacées, d’une hauteur inconnue
jusqu’alors. Le cuir fin, souple, gante toute la jambe, la maintenant avec fermeté;
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Deux années se sont écoulées depuis la
publication, par la Gazette des Beaux-
Arts, d’une revue de la mode. Deux
années pendant lesquelles, après des jours
tragiques, Paris s’est cherché à tâtons.
Submergé par un flot de curieux venus
de l’étranger, de la province, entraîné
par de nouveaux arrivés sortis enrichis
du fond de leurs boutiques, Paris n’était
plus lui-même. A cette clientèle il fallait
un luxe tapageur, des couleurs violentes,
des formes provocantes, et la Parisienne,
tout à la joie de n’avoir plus à craindre
pour ceux que la guerre avait épargnés,
ne sut opposer qu’une faible résistance à
la vague de folie qui passait sur sa ville.
Elle accepta tout, les yeux fermés. La
voilà court-vêtue, si court même que le
genou est presque visible, la taille remon-
tée très haut, afin de garder à son corps
une proportion rationnelle. Elle se chausse de bottes lacées, d’une hauteur inconnue
jusqu’alors. Le cuir fin, souple, gante toute la jambe, la maintenant avec fermeté;