Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (5. Pér. 7.1923)

LÉON BONNAT

(1833-1922)

La mort de Léon Bonnat, survenue le
7 septembre, comme il était allé prendre
quelques jours de repos chez une amie au
cliâteau de Mouchy-sur-Oise, est venue nous
surprendre en causant une réelle émotion
dans le monde des arts. C’est que Bonnat,
depuis des années qu’on ne compte plus,
tenait une place considérable parmi nous. Sa
présence était partout et son autorité s’exer-
çait partout avec à propos et bienveillance. Il
était à la tête de l'Ecole des Beaux-Arts, il
présidait les conseils des Musées nationaux,
au conseil de la Légion d’honneur il soute-
nait les intérêts des artistes. Il n’y avait
aucune fondation utile, aucune manifestation
instructive où l’on ne tînt à mettre en pre-
mière ligne le nom de ce cher et vénéré doyen de notre école.

Peut-être les sentiments de regret se sont-ils adressés à l’homme plus
qu’à l’artiste. C’est que l’artiste a survécu à son temps, que bien des for-
mules se sont suivies depuis le jour de ses grands succès et que l’heure n’est
pas encore venue où l’histoire remettra tout à sa place. Mais l’homme était
incomparable : sa droiture, sa simplicité, sa netteté, et surtout son inépui-
sable bonté, avaient désarmé ses plus féroces détracteurs. Son rôle pendant
nos mauvais jours, ses bienfaits continus, quoique toujours dissimulés, lui
avaient créé une popularité devenue unanime, car elle s’était répanduejusque
dans les milieux les moins bien disposés pour son art.

PORTRAIT DE LEON BONNAT
PAR LUI -MÊME
EAU-FORTE (I8 Q 8)

5*

PERIODE.

VII.