Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (5. Pér. 7.1923)

UNE ÉCOLE DE PEINTURE PRÉ-MONGOLE

DANS LA PERSE ORIENTALE

'école de peinture musulmane la plus ancienne
que l’on connaisse est l’école abbasside de
Bagdad, dont les miniatures de date certaine
ne remontent toutefois pas au delà du
xmc siècle.

Une exécution large, à grande échelle, et
l’influence byzantine sont caractéristiques de
celte peinture. Quoique cette école prenne
fin avec l’invasion mongole de 1258, on
doit lui rattacher les œuvres postérieures de
pays comme l’Egypte ayant relevé de son influence et que l’invasion
mongole n’a pas atteints1 2.

J’ai trouvé à la bibliothèque du palais impérial de Yildiz, dans un album"
de miniatures et de pages calligraphiques, réunies dans la seconde moitié
du xvie siècle, pour Chah Tahmasp le Séfévi, par le miniaturiste Chah Couli,
une série de peintures, dont le texte est en caractères nésikh. Tout les
oppose aux productions de l’école de Bagdad : leur texte est persan au heu
d'être arabe; le mouvement et le réalisme de leurs personnages et de leurs
animaux sont inconnus à Bagdad; les arbres et les plantes y sont traités
avec toute l'observation et la fidélité que pourrait souhaiter un botaniste,

1. Walter Schultz, Die persisch-islamische Miniaturmalerei ; Leipzig, 1914, vol. II,
pl. 10 et 11 : Fables de Bidpay.

2. Le splendide « album à miniatures de style chinois » de la bibliothèque d’Abdul
Hamid à Yildiz Kiosk, auquel fait allusion M. F.-R. Martin (The miniature painting and
painters of Persia, India and Tarkay; London, 1912, vol. I, p. 60) est probablement le
même que notre recueil.