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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 7.1923

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Nr. 1
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Sakisian, Arménag: Une école de peinture pré-mongole dans la Perse orientale
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https://doi.org/10.11588/diglit.24939#0028

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UNE ÉCOLE DE PEINTURE PRÉ-MONGOLE EN PERSE

ll

à l’encontre de la stylisation de l’école abbasside. Enfin, si l’on constate
l’influence byzantine d’un côté, c’est l’influence chinoise qui est manifeste
de l’autre.

Or nous savons qu’au xve siècle la Perse orientale, séparée politiquement
de la Perse occidentale, a vu fleurir sous la dynastie des Timourides une
école distincte, celle de Hérat1, qui se distingue précisément de l’école
occidentale par l’influence chinoise. Ne serions-nous pas en présence d’un
phénomène analogue, mais qui se serait manifesté au xne siècle et au début
du xme siècle, pour les mêmes causes?

Le ixe siècle avait inauguré dans l’empire abbasside une ère de renaissance
persane avec le règne du calife Mâmoun (813-833). De mère persane, il
s’était emparé, au détriment de son frère, du trône de Bagdad, grâce à l’appui
de troupes persanes levées dans le Khorassan, et sa politique était faite de
concessions illimitées aux aspirations nationales persanes. Du ixe au xie siècle,
des dynasties de plus en plus indépendantes du Califat — les Tahirides, les
Saffarides, les Samanides, les Buvayhides — se succédèrent en Perse2.
Firdousi, le poète épique de la Perse, se place à cette époque. C’est à Thous,
sa patrie, dans le Khorassan, qu’il a commencé vers 975 la composition du
Livre des Rois, achevée à la cour de Mahmoud de Ghazni3 en 1010. La
domination des Seldjouks, qui suit cette époque, passe pour une des plus
heureuses et des plus glorieuses de la Perse4. C’est la province orientale du
Khorassan qui tombe la première entre les mains de ces envahisseurs turco-
mans, et dès 1037 ils sont maîtres de Merv et de Nichapour. Les possessions
du dernier grand Seldjouk, Sinjar, comme celles des derniers Timourides,
finissent par être limitées au Khorassan. Sultan Sinjar avait gouverné le
Khorassan pendant vingt ans avant d’y régner quarante autres années,
jusqu’au milieu du xne siècle, dans Merv, sa capitale. Son long règne, dune
équité légendaire, a été chanté par un poète presque contemporain, Nizami,
et les miniaturistes persans l’ont souvent représenté dans la scène de la vieille
lui demandant justice.

La prospérité du Khorassan continua après le milieu du xne siècle, sous
les successeurs des Seldjouks, les chahs du Khvaresm. Le géographe Ya-
kout, qui a visité cette province quelques années avant l’invasion, en 1221,

1. Voir mon étude L’École de miniature de Hérat au XVe siècle, dans la Renaissance des
Arts (avril et juin 1921).

2. Stanley Lane Poole, The Mohammadan Dynasties, 189/4., p- 123 et s.

3. Quoique de race turque, Mahmoud poursuivait, comme les Saffarides et les Sama-
nides, la collection et la traduction des traditions héroïques de l’ancienne Perse, qu’il
réalisa grâce à Firdousi: J. Mohl, Le Livre des Rois par About Kassim Firdousi', Paris,
1876-78, t. I, préface, p. xix-xxi.

4. Sir John Malcolm, Histoire de la Perse; Paris, 1821, tome III, p. 376.

— 5e PÉRIODE.

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