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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 5. Pér. 7.1923

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https://doi.org/10.11588/diglit.24939#0337

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BIBLIOGRAPHIE

Louis Gillet. — Histoire des arts (Histoire de
la nation française, sous la direction de
G. Idanotaux, tome XI). Illustrations de René
Piot. Paris, Plon, s. d. (1922). Gr. in-8,
644 p.1 av. fig. et planches.

On peut contester le principe sur lequel est
construite la nouvelle Histoire de France
de M. Hanotaux et, pour ma part, je le
trouve contraire à la notion même de 1’ « histoire
résurrection » — pour parler comme Michelet,
— laquelle repose essentiellement sur l’interac-
tion et l’interdépendance des diverses fonctions
delà vie nationale. On aura beau juxtaposer des
histoires diplomatique, militaire, littéraire, éco-
nomique de la France : le faisceau de ces études
particulières ne constituera pas plus le tableau
fidèle et vivant de l’évolution du peuple français
qu’une collection de planches anatomiques repré-
sentant le squelette, les systèmes musculaire,
nerveux, vasculaire d’un individu ne remplace
son portrait véritable.

Cette réserve faite, il faut reconnaître que
l’obligation où s’est trouvé le directeur de l’entre-
prise de s’adresser, pour chaque « coupe » à
travers le sujet, à un spécialiste éprouvé, a fourni
l’occasion de livres excellents. Après l’histoire
religieuse de M. Govau, l’histoire des arts de
M. Gillet.

Cette vaste composition, où la musique elle-
même a obtenu un chapitre (et un des
meilleurs), fait honneur à l’écrivain brillant,
intéressant, éloquent, que connaissent bien nos
lecteurs. Mais ce livre ne vaut pas seulement
par la forme. Quoique présenté à la façon d’un
« discours », — car tel est le type imposé, par
une crainte un peu pédantesque du pédantisme,
aux collaborateurs de cette histoire,— l’ouvrage
repose sur un fond solide. L’auteur paraît mer-
veilleusement au courant de tout ce qui a été
écrit d’important, même dans les revues spé-
ciales, y compris la nôtre, sur toutes les parties
de cette immense tapisserie qui déroule l’évolu-

1. Les pages 63g-64o sont répétées deux fois.

tion de l’art français depuis les grossières ébau-
ches, les trouvailles géniales des Primitifs
jusqu’aux gambades de nos « fauves » les plus
récents. Il s’est documenté aux bonnes sources,
et comme il possède le sens des proportions, un
goût juste et une chaleur communicative, il a
tracé des diverses périodes de notre art — parti-
culièrement de l’époque gothique, du Louis XIV
et du siècle dernier — des tableaux d’une belle
allure, où abondent les effigies réussies, les
images saisissantes et les formules heureusement
frappées. Ce livre constituera pour les profanes
une excellente initiation, et les doctes eux-mêmes
prendront plaisir à le feuilleter.

Sans méconnaître ni les influences étran-
gères, parfois profondes, ni l’opposition fatale
entreles conceptions d’art desépoques successives,
M. Gillet est très préoccupé de mettre en
lumière ce qu’il y a pourtant, sous des varia-
tions au premier aspect déconcertantes, de per-
manent, de stable et de caractéristique dans le
génie artistique français, fait avant tout de
mesure et de clarté. Ce souci de dégager la
« tradition » française, la « continuité » du génie
français est le mot d’ordre de ïHistoire Hano-
taux, laquelle, à force d’être « nationale », ne
laisse pas parfois d'être un peu nationaliste. On
peut trouver queM. Gillet lui-même, malgré sa
pondération, est allé trop loin dans ce sens, par
exemple en ce qui concerne l’italianisme de la
Renaissance, qu’il réduit à la portion congrue.

En outre, si un large éclectisme est de mise
dans une synthèse de ce genre, l’enthousiasme
toujours égal de l’auteur pour des formes d’art
si différentes, parfois si inconciliables, laisse
quelquefois douter, je ne dis pas de la sincérité,
mais de l’acuité de son sentiment esthétique. Je
sais bien que Gambetta se disait à la fois le
dévot de Jeanne d’Arc et de Voltaire, mais peut-
on vraiment l’être au même degré ? peut-on
s’exciter, sans un peu d’effort, à la fois sur le
roman et sur le gothique, sur le flamboyant et sur
la Renaissance, sur Poussin et Versailles (qua-
lifié de « sublime » !), sur Fragonard et David,
 
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