UN PETIT MAITRE HOLLANDAIS
EMMANUEL DE WITTE
armi les tableaux anciens que réunissait au Jeu
de Paume, en avril 1921, la mémorable expo-
sition de peinture hollandaise, les amateurs
remarquèrent un Marché aux poissons, prêté par
le Mu sée de Rotterdam, et dont les trois figures
à mi-corps se détachaient, dans l’ombre, sur un
fond clair de ciel et d’eau1. La curiosité s’ajou-
tait bientôt à l’admiration. L artiste qui, en
1672, avait signé cette toile, Emmanuel de
Witte, n’était pas, pour nous Français, un
dieu familier : le Louvre, la plupart de nos
collections privées et de nos galeries provinciales, lui étaient restés fermés.
A l’appel de son nom, seule s’éveillait, dans la mémoire, l’image, parfois
vague, à'Intérieurs d'églises rencontrés au hasard des voyages, en Hollande
ou en Belgique, en Allemagne, en Angleterre. Quel était au juste ce peintre
que l’on avait jugé digne de voisiner, aux Tuileries, avec Yermeer et Pieter
de Hooch et dont la National Gallery de Londres vient aujourd’hui consa-
crer les mérites par l’achat d’un Marché analogue à celui de Rotterdam?
A cette question nous essaierons de répondre en faisant ici, dans une étude
brève, la somme de nos lumières sur lui et sur son œuvre, somme accrue
par des découvertes récentes, mais que l’avenir devra activement s’efforcer
de compléter.
1. Reproduit dans la Gazelle des Beaax-Arls, 1921, t. I, p. ^74.
— 5e PÉRIODE. T 8
VII.
EMMANUEL DE WITTE
armi les tableaux anciens que réunissait au Jeu
de Paume, en avril 1921, la mémorable expo-
sition de peinture hollandaise, les amateurs
remarquèrent un Marché aux poissons, prêté par
le Mu sée de Rotterdam, et dont les trois figures
à mi-corps se détachaient, dans l’ombre, sur un
fond clair de ciel et d’eau1. La curiosité s’ajou-
tait bientôt à l’admiration. L artiste qui, en
1672, avait signé cette toile, Emmanuel de
Witte, n’était pas, pour nous Français, un
dieu familier : le Louvre, la plupart de nos
collections privées et de nos galeries provinciales, lui étaient restés fermés.
A l’appel de son nom, seule s’éveillait, dans la mémoire, l’image, parfois
vague, à'Intérieurs d'églises rencontrés au hasard des voyages, en Hollande
ou en Belgique, en Allemagne, en Angleterre. Quel était au juste ce peintre
que l’on avait jugé digne de voisiner, aux Tuileries, avec Yermeer et Pieter
de Hooch et dont la National Gallery de Londres vient aujourd’hui consa-
crer les mérites par l’achat d’un Marché analogue à celui de Rotterdam?
A cette question nous essaierons de répondre en faisant ici, dans une étude
brève, la somme de nos lumières sur lui et sur son œuvre, somme accrue
par des découvertes récentes, mais que l’avenir devra activement s’efforcer
de compléter.
1. Reproduit dans la Gazelle des Beaax-Arls, 1921, t. I, p. ^74.
— 5e PÉRIODE. T 8
VII.