39.
Pour affirmer qu’il existait à Marbach une école de miniaturistes il faudrait
se baser sur des documents plus nombreux. Il est vrai, le rayonnement du
couvent était extrêmement considérable, et l’abbesse Herrade, en fondant
le couvent de Truttenhausen, demanda vers 1180 des frères au couvent de
Marbach. Ce seul fait ne nous autorise pas à établir un rapport étroit entre
l’art de Sintram et celui de l’Hortus Deliciarum. D’abord ce célèbre manuscrit
fut commencé à Hohenburg déjà sous l’abbesse Relindis (ffi 1167), donc
longtemps avant l’arri-
vée à Truttenhausen des
moines de saint Augustin ;
ensuite le style des minia-
tures de l’Hortus, surtout
de celles où l’artiste pou-
vait suivre son inspiration,
sont de beaucoup supé •
rieures à celles de Sintram.
Le programme littéraire et
artistique de cette grande
encyclopédie semble se
rattacher plutôt au siège
épiscopal de Strasbourg et
aux ateliers de sculpture
et de peinture sur verre de
la Cathédrale. A défaut de
points de comparaison qui
puissent s’établir sur des
manuscrits illustrés, il faut
recourir aux rapports
d’ordre plus général entre
l’Hortus et les programmes
iconographiques de la Cathédrale. Il s’y manifestent les mêmes tendances
d’une universalité surprenante : Seul dans le cadre d’un grand centre
familier avec la vie théologique, mystique, féodale et artistique on pourra
comprendre toute l’importance de cette œuvre. Mais ces considérations
appartiennent à un autre ordre d’idées, et il aura suffi d’avoir démontré
que le Codex Sintram-Guta et l’Hortus Deliciarum ne sont pas nécessaire-
ment apparentés. Ceci n’enlève rien à la valeur artistique de notre Codex.
Le style vigoureux, peu raffiné, visant plutôt à l’expression d’un tempérament
rude qu’à la modération disciplinée, nous le rend particulièrement cher.
Nous avons dit au commencement de cet article que la publication du
Codex ne peut être considérée comme définitive, quelques spécimens en
32 a. Initiale N. La réception du Novice (fol. 134 v).
Pour affirmer qu’il existait à Marbach une école de miniaturistes il faudrait
se baser sur des documents plus nombreux. Il est vrai, le rayonnement du
couvent était extrêmement considérable, et l’abbesse Herrade, en fondant
le couvent de Truttenhausen, demanda vers 1180 des frères au couvent de
Marbach. Ce seul fait ne nous autorise pas à établir un rapport étroit entre
l’art de Sintram et celui de l’Hortus Deliciarum. D’abord ce célèbre manuscrit
fut commencé à Hohenburg déjà sous l’abbesse Relindis (ffi 1167), donc
longtemps avant l’arri-
vée à Truttenhausen des
moines de saint Augustin ;
ensuite le style des minia-
tures de l’Hortus, surtout
de celles où l’artiste pou-
vait suivre son inspiration,
sont de beaucoup supé •
rieures à celles de Sintram.
Le programme littéraire et
artistique de cette grande
encyclopédie semble se
rattacher plutôt au siège
épiscopal de Strasbourg et
aux ateliers de sculpture
et de peinture sur verre de
la Cathédrale. A défaut de
points de comparaison qui
puissent s’établir sur des
manuscrits illustrés, il faut
recourir aux rapports
d’ordre plus général entre
l’Hortus et les programmes
iconographiques de la Cathédrale. Il s’y manifestent les mêmes tendances
d’une universalité surprenante : Seul dans le cadre d’un grand centre
familier avec la vie théologique, mystique, féodale et artistique on pourra
comprendre toute l’importance de cette œuvre. Mais ces considérations
appartiennent à un autre ordre d’idées, et il aura suffi d’avoir démontré
que le Codex Sintram-Guta et l’Hortus Deliciarum ne sont pas nécessaire-
ment apparentés. Ceci n’enlève rien à la valeur artistique de notre Codex.
Le style vigoureux, peu raffiné, visant plutôt à l’expression d’un tempérament
rude qu’à la modération disciplinée, nous le rend particulièrement cher.
Nous avons dit au commencement de cet article que la publication du
Codex ne peut être considérée comme définitive, quelques spécimens en
32 a. Initiale N. La réception du Novice (fol. 134 v).