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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Ménard, Louis: Les fouilles de Pompéi et le Musée de Naples, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0020

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tage. Ainsi, le Paris d'aujourd'hui, le Paris de M. Haussmann, ne ressemble en rien, malheureusement
pour l'art, au Paris du xve siècle. On pouvait supposer que Pompéi s'était aussi transformée plus
d'une fois pendant les six siècles qui séparent sa fondation de sa destruction totale, et, en effet, une
étude attentive des différents modes de construction et des matériaux employés dans les édifices, a
permis de suivre ces transformations et d'en déterminer le caractère. M. Fiorelli a reconnu trois
époques bien distinctes : à la plus ancienne, qui date de la fondation de la ville par des Campaniens
et des colons grecs, appartiennent les constructions en grandes pierres de Sarno, assemblées sans
ciment, notamment des portions de murailles aux portes de Stabia et de Nola, et à la Marine, car
Pompéi était un port de mer et n'a été séparé de la baie de Naples que par l'éruption volcanique
qui l'a détruite.

A cette époque primitive, il n'y avait pas de rues; les habitations étaient disséminées sur le
territoire occupé par environ cent cinquante familles, dont chacune cultivait un champ de deux
arpents. On peut rattacher à la même période les restes d'un temple dorique qui paraît avoir été
consacré à Hèraklès et qui est peut-être le plus ancien de l'Italie. Hèraklès, qui a donné son nom
à Herculanum, était le protecteur de toute la contrée. Les Pompéiens honoraient aussi d'un culte
spécial Zeus Meilichios et Aphroditè. Ici je ferai remarquer que cette épithète de Aleilichios, qui
signifie doux comme le miel, n'est qu'une altération du nom de Moloch, le grand Dieu phénicien;
Hèraklès et Aphrodite répondent également à deux divinités dont les Phéniciens établissaient le
culte partout où ils avaient des comptoirs. N'en pourrait-on pas conclure que Pompéi, avant
d'être une ville greco-italique, avait été une colonie phénicienne? J'ignore si on a trouvé dans les
ruines, soit des inscriptions puniques, soit des objets de provenance orientale. Je me borne donc
à appeler sur ce point l'attention du savant qui dirige les fouilles de Pompéi.

A la seconde époque, c'est-à-dire à l'époque samnitc, appartiennent les constructions en pierre
de Nocera qu'on voit souvent superposées aux blocs primitifs de pierre de Sarno. C'est de cette
époque que datent les inscriptions samnites. C'est alors que prévalut dans les maisons l'usage des
colonnes qu'on ne rencontrait auparavant que dans les édifices publics. On a remarqué que Vimplu-
vium des maisons les plus anciennes est construit en pierre de Nocera et n'est pas contemporain des
murs; d'où on peut conclure que l'habitation enfumée des premiers temps fut éclairée plus tard
par une ouverture pratiquée dans le toit. L'accroissement de la population fait élever des maisons
nouvelles sur l'emplacement des champs qui formaient l'héritage de chaque famille, et qui se rétré-
cissent au point de devenir de simples jardins. Ces maisons s'alignent naturellement le long des
sentiers les plus fréquentés qui forment des rues pavées. Ces rues deviennent plus régulières dans
la troisième période, qu'on peut appeler la période romaine et qui commence avec l'établissement
des vétérans de Sylla. C'est à partir de cette époque que la ville prit le caractère qu'elle a conservé
jusqu'à sa ruine, en l'an 79 de notre ère. Seize ans auparavant, elle avait eu à souffrir d'un tremble-
ment de terre, mais les désastres avaient été promptement réparés. On peut encore distinguer les
traces de cette reconstruction partielle, qui contribue à donner aux maisons de Pompéi l'unité
d'aspect et de décoration qui nous frappe aujourd'hui.

Ces transformations historiques de Pompéi, que je n'ai pu indiquer que très-sommairement,
sont exposées, avec preuves et en détail, dans un rapport présenté au ministère italien par
M. Fiorelli1. Une note servant d'appendice à ce rapport donne le compte des dépenses occasionnées
par les fouilles depuis la révolution italienne. D'après le chiffre de ces dépenses, et en supposant que
la somme consacrée annuellement reste toujours la même, le déblaiement de la superficie totale de
Pompéi ne pourra s'achever qu'en soixante-quinze ans et au prix d'environ cinq millions. La
somme n'a rien d'effrayant, mais le temps paraît bien long; s'il nous faut attendre soixante-

1. Gli Scavi di Pompéi dal 1861 al 1872. Rela^ione al Ministro ddla Istrujiont Piibblica di Gimeppe Fiorelli Suprintendente Gen. dcl
Museo e degli Scavi di Napoli, Senalore del Kegno. Napoli, Tipografîa Italiana nel Liceo V. Emanucle. 1873. Un volume in-40 de
172 pages et 20 pages d'Appendice avec 20 planches hors texte.

Sulle Scovene Archeologiche fane in Italia dal 1846 al 1866. Kelapone al Ministro délia [striqione Pubblica di Giuseppe Fiorelli. Napoli,
Stabilimento tipografico Ghio, 1867. Un volume in-8" de 109 pages.
 
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