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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Ménard, René: La gravure en médailles sous la Renaissance franc̨aise, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0061

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graveurs de la Renaissance. C'est d'après les monuments, et sans autre guide que notre propre juge-
ment, que nous avons entrepris cette histoire de la gravure en médailles.

L'Académie demandait qu'on étudiât l'art de la gravure en médailles au point de vue des modifi-
cations introduites dans la commande, la composition et l'exécution. La question présente donc trois
faces, qui, bien que liées intimement entre elles, doivent pourtant donner lieu à des aperçus différents.
Qu'est-ce en effet que la commande par rapport à la composition? Une composition peut présenter
une belle ordonnance et être irréprochable dans sa disposition optique, comme dans le détail de ses
formes, et pourtant pécher par la convenance, si elle n'est pas en rapport avec la commande, c'est-
à-dire avec le motif pour lequel la médaille a été faite.

Un tableau ou une statue rendent d'une façon directe le sujet qu'ils sont chargés de représenter.
Un peintre traduit sur la toile tous les incidents d'une action sublime et s'en fait en quelque sorte
l'historien, un statuaire taille dans le marbre les traits de celui qui l'a accomplie, mais la mission du
graveur en médailles est toute autre. On lui demande d'éterniser par son art, mais dans son expression
la plus idéale, l'événement dont d'autres font un récit exact.

Une médaille est destinée à rappeler un événement bien plutôt qu'à le représenter, à lui donner
l'immortalité, mais non à en raconter les détails. Aussi le style, qui pour un peintre n'est que la
qualité la plus élevée de son art, constitue pour le graveur en médailles une nécessité de premier
ordre. Dépourvu de cette qualité suprême, le style, le graveur en médailles n'a plus sa raison d'être.

Le style dans une médaille consiste à reproduire sur les plus petits espaces les proportions et
la majesté des figures les plus grandes. C'est une langue allégorique dans laquelle il faut réduire aux
moindres termes le sujet ou l'idée représentée de manière à exprimer non tous les détails d'un ensemble,
mais cet ensemble lui-même par ce qu'il a de plus caractéristique.

Ce serait une grande erreur de croire qu'une médaille doit être la réduction en miniature d'un
grand tableau d'histoire. Cet art obéit à des lois particulières, et, comme il n'a ni perspective
aérienne ni opposition de tons, il ne doit pas tenter de lutter avec la peinture. Ses lois sont à peu
près celles du bas-relief, avec cette différence pourtant qu'étant beaucoup plus petite, une médaille
doit être vue de plus près, et qu'ayant en elle-même sa valeur propre sans concourir à la décora-
tion d'un édifice, elle doit dire toute la pensée de l'artiste dans la signification la plus positive,
sans tirer aucun secours de l'encadrement et du rapport avec les objets qui l'entourent.

De là vient pour l'artiste la nécessité de ramener la composition à sa plus simple expression et de
choisir dans chaque sujet le motif ou le sentiment qui en est le point capital. Les personnages, étant
considérés comme signes d'une langue idéale, ne peuvent avoir de valeur que par la noblesse des formes,
la grandeur du style, l'énergie du caractère. L'espace donné au graveur est infiniment petit, et, par
contre, ce sont toujours les sujets les plus vastes qu'il est chargé d'y tracer. Il n'a pas les ressources
du peintre et ne peut procéder que par un système d'abréviations savantes.

De tous les monuments des arts, les médailles, l'expérience l'a prouvé, sont ceux qui résistent
le mieux à l'action destructrice du temps. Un monceau de ruines amoncelées montre au voyageur
l'endroit où fut une ville populeuse, mais une médaille qu'on y retrouve suffît pour rappeler la civilisa-
tion d'un grand peuple.

Si l'histoire des beaux-arts est une branche de l'histoire générale, la gravure en médailles est peut-
être de tous les arts celui qu'on peut le moins étudier isolément. Expression constante d'une pensée
collective, la gravure en médailles est liée intimement aux mœurs et à la politique. Si chaque artiste
apporte dans son travail le cachet de son génie particulier, il l'adapte toujours, quoique souvent à son
insu, à un ensemble d'idées qui a cours dans son temps.

La série de médailles que nous allons parcourir offre une grande variété par le style aussi bien que
par l'exécution. Entre le dessin largement accusé des ouvrages du xve siècle et l'exquise élégance
de Dupré ou la solennité de Warin, il y a bien des nuances intermédiaires. Mais, outre le caractère
intime de la forme que l'artiste trouve par l'observation de la nature, il y a l'invention, le style et la
composition. Nous nous sommes attaché tout particulièrement à l'étude des sujets placés sur le revers
des médailles, parce que là l'imagination de l'artiste se montre pleinement; il n'est plus astreint seu-
lement à une ressemblance : on lui demande d'exprimer une idée et de la rendre intelligible pour tous.
 
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