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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0257

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236

L'ART.

sibles... Acceptons touces ses extravagances, toutes ses folies;
prêtons-nous à ses bizarreries, à ses caprices, à ses fantaisies ;
entrons de plain-pied dans son sujet, sans préparation, sans tran-
sition. Songeons qu'il a la fièvre et qu'il est le jouet d'un hor-
rible cauchemar, qui ne lui a laissé, pendant toute sa longue
carrière, que de rares moments de répit, pendant lesquels il nous

a peint l'Espagne qui va disparaître, l'Espagne d'autrefois, le
pays des lèvres en fleur et des petits pieds d'enfant, la fille brune
qui porte la basquine à pompons, le haut peigne d'écaillé et le
corsage pailleté ; l'Espagne où fleurissent l'hyperbole et l'œillet
rouge, où retentissent le Olà! et le Salero! le pays du boléro et
des combats du cirque, tout un monde de choses qu'il a fixées

Le Garrot vil.
Fac-similé de Feau-forte de Goya, dessiné p:.r Bocour, grave par Sotain.

à jamais avec sa pointe subtile et son ardent pinceau, dans une
œuvre qui deviendra les archives d'une nationalité qui s'est trans-
formée et qui nous parle de toutes ces choses pittoresques et
charmantes comme d'un rêve fait par d'autres générations. »

Au milieu de toutes les réserves que les délicats et les mo-
dérés peuvent faire relativement aux mérites de Goya, il y en a
un du moins qu'on ne pourra jamais lui refuser, et, il faut bien
le dire, c'est le plus essentiel à l'art, la personnalité. Il est vrai
qu'on peut lui reprocher de l'avoir quelque peu exagérée, de

l'avoir plus d'une fois excédée jusqu'à la bizarrerie, jusqu'à
l'extravagance. Soit, mais il n'en reste pas moins un grand
artiste, plus grand certainement que s'il avait cherché à dissi-
muler ses défauts réels sous des qualités d'emprunt. Avec un
tempérament comme celui de Goya, il est manifeste que touc
effort pour se modérer et se contenir eût été peine perdue, ou
n'eût réussi, en tuant l'inspiration, qu'à supprimer l'artiste.

I

Eugène Véron.

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