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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Rousseau, Jean: Corot, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0264

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COROT.

on ne jurait que par l'art grec. Rien de mieux s'ils avaient seulement compris leur idole. L'art grec ! Qui
se douterait, si les faits n'étaient encore si près de nous, si l'histoire n'était là plus tard pour l'attester,
que l'art grec, cet art jeune et élégant entre tous, et en même temps toujours si naturel et si spontané,
qui se douterait que cet art souple, libre, inépuisablement varié, a pu servir de modèle à tant d'imi-
tations gourmées et froides, et de prétexte à tant de règles pédantesques, à tant de formules étroites?

Evidemment cette éducation première pouvait avoir une grave influence sur Corot. Elle en
eut une profonde en effet. C'est là certainement qu'il a pris cet amour pour les thèmes classiques
qu'il a gardé jusqu'à la fin de sa vie et dont Courbet se gaussait si fort. Mais cette mythologie,
comme il l'a comprise autrement que ses professeurs! comme il l'a rajeunie! Existe-t-il un seul
autre exemple d'une originalité aussi complète dan» «*es thèmes aussi surannés?

Peinte par Corot en 1869.

Dès les débuts de Corot, c'est-à-dire dès son voyage en Italie, où Bertin l'avait envoyé se perfec-
tionner, se place une circonstance que Corot, dans la monographie de Silvestre, raconte lui-même de
façon assez plaisante, et qui va décider de son talent futur :

« J'avais passé, dit Corot, deux hivers chez M. Bertin, apprenant si peu de chose qu'à peine
arrivé à Rome je ne pouvais me tirer du moindre dessin. Deux hommes s'arrêtaient à causer ensemble;
je commençais à les croquer par une partie, par la tète, par exemple. Ils se séparaient, et je n'avais
que des morceaux de tête sur mon papier. Des enfants étaient assis sur les marches d'une église ; je
commençais encore ; la mère les appelait. Mon livre se serait rempli ainsi de bouts de nez, de fronts,
de mèches de cheveux. Je pris la résolution de ne plus rentrer chez moi sans un travail fait d'ensemble,
et j'essayai, pour la première fois, du dessin par masses, dessin rapide, le seul possible. Je me mis
donc à circonscrire, en un clin d'œil, le premier groupe venu ; s'il restait peu de temps en place, j'en
avais au moins pris le caractère, la désinvolture générale ; s'il restait longtemps, je pouvais ajouter les
détails. J'ai fait beaucoup de ces exercices, et il m'arrive même d'arrêter à la minute, en quelques
traits, les ballets et les décors de l'Opéra sur un bout de papier, au fond de mon chapeau. »

Le biographe ne s'arrête pas à cette curieuse confidence. Corot est là tout entier pourtant, et,
dès ce moment, son talent a trouvé sa formule et sa définition. Surprendre la nature dans sa vie,
l'exprimer au vol, au milieu de l'éternel mouvement des choses, et, pour cela, se borner aux accents
 
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