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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Rondani, Alberto: Un coup d'oeil sur l'art italien moderne
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0316

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292 L'ART.

au milieu de laquelle ils vivaient. Le grand art, aux sujets classiques, et l'art que je nommerai
art arcadique paraissaient les seuls possibles. Les œuvres à la David étaient l'idéal même, l'idéal le plus
touchant et le plus solennel.

Il y a quelque ressemblance entre l'histoire de l'art italien et celle de l'art français après la
grande révolution : nous aussi nous avons eu un art très-classique sous l'empire de Napoléon, et
Canova en fut le plus grand et le plus glorieux représentant. Il y eut ensuite un changement
dans la littérature aussi bien que dans l'art ; la littérature romantique naquit en ce temps-là, et
l'art se renouvela. La sculpture eut alors L. Bartolini, la peinture F. Hayez.

Je dis Bartolini. Ses œuvres, il est vrai, si nous les comparons avec celles de la sculpture
moderne, nous semblent de fidèles imitations des modèles classiques, mais si nous les comparons
à celles de l'école de Canova, avec les exagérations auxquelles elle était arrivée, nous nous
apercevons- qu'elles marquent un grand pas vers le vrai.

F. Hayez a été vraiment le père du romantisme dans l'art. Il a été le premier artiste qui
ait conduit les savants et les peuples dans le monde chevaleresque, aspiration des poètes de
son temps, et au milieu de ces événements romanesques que l'on trouve à foison dans l'histoire des
républiques et des principautés italiennes.

Les chevaliers, les dames, les pèlerins, tous les personnages, même les plus fiers, sont
très-élégants dans les tableaux de Hayez, élégants dans les types, dans les mouvements, dans
les draperies ; mais il faut considérer que de la même façon que Hayez peignait ce monde, les poètes
le décrivaient et que tel voulaient se le figurer les esprits de cette époque ; c'est pour cela que
Hayez devait suivre cette tendance s'il voulait être compris de son public.

L'art italien, après Bartolini et Hayez, s'achemina toujours plus vers la vérité. C'est alors que nous
voyons paraître sur la scène de l'art Yéla, Ussi et Dupré, artistes trop connus pour que j'en parle ici.

Après eux, l'art commença à s'approcher de ce que l'on appelle ordinairement réalisme. Il en
résulta que, aux deux expositions nationales italiennes, celle de 1870 à Parme et celle de 1872
à Milan, notre art parut, en comparaison de ce qu'on l'estimait avant ces expérimentations, très-
pauvre et très-corrompu.

Ah! c'était bien autre chose que l'art que nous attendions! Nous avions rêvé l'art nouveau d'un
grand peuple aux grandes traditions, qui venait d'obtenir une vie politique nouvelle.

J'ai visité soigneusement ces deux expositions et je m'y suis arrêté pendant des journées
entières, j'ai étudié non-seulement les tableaux et les statues, mais les impressions aussi que
recevaient le plus grand nombre des visiteurs, la qualité des louanges qu'ils accordaient, le genre
d'émotions qu'ils ressentaient, les pensées qui surgissaient dans leurs esprits.

Eh bien! j'ai dû m'apercevoir qu'à quatre ou cinq œuvres près, l'art n'avait rien dit de grave
ni au cœur ni à l'esprit des visiteurs.

Cet art était sous plusieurs rapports léger et presque puéril.

Les œuvres même les plus gracieuses, si elles avaient une qualité commune, c'était celle de la
petitesse matérielle et, pour ainsi dire, spirituelle. Les œuvres de sculpture avaient l'apparence de
quelque chose de fragile et ressemblaient à des objets de quincaillerie.

Cette hardie génération ouvre des routes aux entrailles de montagnes énormes, réunit les
mers, couvre le monde de fils électriques, combat des batailles gigantesques, étudie, et même
essaye pratiquement tout problème de philosophie, de religion, de sciences sociales; et, en
attendant, l'art d'une des nations les plus artistiques du monde ne donne généralement que des
œuvres légères et presque sans pensée, bâtit des monuments triviaux ou mesquins, sans style et sans
caractère.

C'est bien étrange!

Et les raisons?

Il y en a plusieurs; mais deux sont d'ordre général : la première est l'ignorance des artistes;
la deuxième a sa source dans le sentiment de réaction qui anima autrefois les artistes contre
l'Académie. Ce mouvement de réaction continue même aujourd'hui, quoique beaucoup d'artistes de
l'époque actuelle n'y pensent guère. Ils ont commencé à parcourir le chemin de l'art, lorsque
 
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