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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

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Champier, Victor: La caricature anglaise contemporaine, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0318

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294 L'ART.

Dès le début cette tendance se manifesta. Les premières caricatures qu'on vit à Londres, vers
le commencement du siècle dernier, montraient déjà ce penchant à la personnalité en ridiculisant
les manieurs d'argent, les Samuel Bernard au petit pied qui remplissaient l'Europe à cette époque.
Ces compositions, qui n'avaient aucune valeur et qui n'étaient que de pauvres imitations des œuvres
de Picart et autres artistes du continent, ne craignaient pas de mettre en scène des personnages

connus, s'il en faut croire certains critiques. En peu
d'années la caricature devint une arme acérée avec laquelle
combattirent les partis. En voici une qui se produisit à
l'occasion d'une motion faite au Parlement par le parti
libéral, dans laqiielle sont introduites des figures de jour-
nalistes et de députés. Plus tard, de grands artistes, de
sévères philosophes, Bunbury, Sayer, Gillray, Seymour, etc.,
en stigmatisant les mœurs sociales ou politiques de leur
pays, plus souvent impitoyables que spirituels dans leurs
charges sanglantes, se laissèrent emporter à d'incompré-
hensibles agressions. Presque tous ne cherchèrent que le
grotesque. Gillray, qui fit une guerre si acharnée à la Révo-
lution française, représentait Napoléon comme un pygmée,
dont la plus visible partie consistait en de hautes bottes.
Fox reparaît sans cesse dans ses caricatures avec une
Caricatures de journalistes corpulence ridicule; Sheridan, avec un nez d'ivrogne.

et de députés. Quant aux hommes politiques dont les opinions lui étaient

sympathiques, il ne les traitait pas plus avantageusement.
Pitt n'est guère moins grotesque que Fox avec son nez retroussé, sa taille grêle, ses jambes de
sauterelle et sa plume au-dessus de l'oreille; Burke a un peu l'air d'un jésuite échappé de Saint-
Omer, et le roi lui-même, Georges III, a tout juste la grâce d'un gros fermier en habit rouge.
« Nos artistes, a écrit M. A. Pichot, ne sauraient admirer le dessin de Gillray : la caricature anglaise
est sous ce rapport bien inférieure à la nôtre ; mais aussi elle est plus naïve, plus énergique, plus

variée, plus expressive en un mot, c'est-à-dire plus facilement comprise du peuple. » Nous ne pou-
vons être complètement de cet avis. Si les caricatures d'Hogarth, de Bunbury, de Gillray, etc., sont
en effet plus énergiques et phis expressives que nos caricatures françaises, elles n'en sont pas pour
cela plus intelligibles pour la foule. Les traits personnels qui y fourmillent sont assurément de
puissants auxiliaires pour l'esprit qui cherche à saisir le sens et la portée d'un dessin, mais si
par hasard ils manquent ou s'ils échappent, le spectateur se trouve en face d'un amas d'hiéro-
k'vphes, d'épigrammes incohérentes, de rébus de mauvais goût qui ressemblent aux jeux de mots
des Allemands : on ne les comprend qu'après une opération mentale dont la durée et la difficulté
fait un labeur pénible de ce qui aurait dû être un plaisir.

Rien n'est plus insupportable et ne manque davantage son but qu'une plaisanterie froidement
 
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