Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 1.1875 (Teil 1)

DOI Artikel:
Ménard, Louis: Les marbres de Milet: offerts au Louvre par MM. de Rothschild
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16670#0364

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LES MARBRES DE MILET. 339

qu'on leur accorde est souvent l'effet d'un goût blasé, ou d'une réaction exagérée contre le manié-
risme des époques de décadence. L'art primitif a eu ses œuvres banales et conventionnelles ; si nous
ne nous en apercevons pas toujours, c'est parce que nous avons peu de termes de comparaison.
Les statues assises de Milet ne sont pas plus mauvaises que beaucoup d'autres statues à plis symé-
triques, mais elles ne dépassent pas la moyenne; à part les chefs-d'œuvre qui sont rares aux époques
primitives comme aux époques plus avancées,
les sculptures de ce genre n'ont guère d'intérêt
qu'au point de vue de l'archéologie et de
l'histoire de l'art.

La voie sacrée des Branchides, le long de
laquelle ont été trouvées les statues archaïques
du British Muséum, conduisait au temple
d'Apollon Philesios, à 20 kilomètres de Milet.
Ce temple avait un oracle dont la célébrité
était presque égale à celle de l'oracle de
Delphes. Une statue colossale en bronze,
œuvre d'un très-ancien sculpteur, Kanachos de
Sikyone, représentait le Dieu nu et debout,

Chapiteau d'ante /
tenant un arc de la main gauche et un faon de

„ du temple d'Apollon a Milet.

la main droite étendue en avant. Lette statue

est reproduite sur une monnaie des Milésiens

et sur une pierre gravée, ce qui a permis d'en reconnaître des imitations dans une statue de bronze
et dans une tète de marbre du British Muséum. Un bronze du Louvre paraît aussi une copie du même
modèle.

11 ne reste absolument rien de ce temple, dit M. Rayet, à moins qu'on ne lui attribue un
triglyphe de proportions médiocres, encastré dans le mur d'une maison du hameau de Hiéronda,

bâti sur l'emplacement du Didymaion.
Ce qui rendrait cette supposition vrai-
semblable, c'est que l'ancien temple
d'Apollon, malgré la réputation de son
oracle, devait être assez petit pour qu'on
pût en atteindre l'entablement sans trop
de difficultés. Cela résulte d'une anec-
dote recueillie par Hérodote, et cette
anecdote est si belle que je ne résiste
pas au désir de la raconter : « Le Lydien
Paktyès, ayant essayé de soulever ses
compatriotes contre les Perses, avait été
obligé de s'enfuir et s'était réfugié chez
les Kyméens. Ceux-ci, sommés par le

roi de Perse de le livrer, envoyèrent
Chapiteau

demander à l'oracle des Branchides ce
d'un des pilastres du temple d'Apollon a Milet. ,., . » ,

qu ils devaient faire pour être agréables

aux Dieux ; il leur fut répondu qu'il

fallait livrer Paktyès. Mais un citoyen nommé Aristodikos, se défiant de cet oracle, engagea les

Kyméens à envoyer une nouvelle dépuration dont lui-même fit partie. Les députés étant arrivés aux

Branchides, Aristodikos interrogea ainsi le Dieu : « O prince, le Lydien Paktyès est venu chez nous

« pour éviter le supplice dont le menacent les Perses. Ceux-ci le réclament et ordonnent aux

« Kyméens de le livrer. Mais nous, tout en redoutant la colère des Perses, nous n'avons pas osé

« livrer le suppliant avant de savoir clairement de toi ce que nous devons faire. » Telle fut sa question,

et le Dieu rendit la même réponse, ordonnant de livrer Paktyès. Mais Aristodikos alla, de dessein
 
Annotationen