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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 1)

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Pecht, Fr.: Revue des années artistiques 1880 et 1881 en Allemagne
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https://doi.org/10.11588/diglit.19293#0048

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REVUE DES ANNÉES ARTISTIQUES 1880 ET 1881

EN ALLEMAGNE

n résumant les évènements artisti-
ques de 1880 et 1881 en Allemagne,
j’ai à vous signaler d’abord deux
pertes que nous avons faites au com-
mencement de la première année :
la mort nous a enlevé deux de
nos principaux peintres d’histoire,
Feuerbach et Lessing. Le premier,
élève de Couture, avait accompli la plus grande partie de sa
carrière à Paris, à Rome et à Venise. D’abord romantique et
imitateur de Paul Véronèse, il avait passé peu à peu à l’école
classique. Raphaël et Phidias devinrent alors ses modèles
préférés. Je connais peu d’artistes dont le pinceau ait su
rendre avec autant de bonheur et d’originalité l’esprit et la vie
de la sculpture grecque. Ses tableaux les plus célèbres sont
d’abord une Pieta, dont l'exécution toute romantique est
pleine de sentiment ; puis vient un Repas chep Platon. La vie
des Hellènes y est rendue avec une intelligence merveilleuse
et une véritable élévation idéale. Cette conception fait le plus
grand honneur à l’artiste. Peut-être, cépendant, faut-il accor-
der une place encore plus distinguée à son Iphigénie, que
l’Art a reproduite L Assise devant la muraille du temple, à
Tauris, elle cherche à deviner au loin les rives de la Grèce.
Sa dernière œuvre, la Chute des géants, a été exécutée pour le
grand salon de l’Académie devienne, où il enseigna longtemps
la peinture d’histoire. Il avait des préférences marquées pour
l’art français. En restant très indépendant, il offre, dans le
développement de son talent, une grande ressemblance avec
Ingres.

Lessing, élevé à Dusseldorf, est bien différent du peintre
que nous venons de nommer. Jamais il ne visita l’étranger ; on
prétend même qu’il n’étudia jamais d’une façon complète
aucune galerie de peinture, pas même celle qu’il dirigeait à
Carlsruhe, peu de temps avant sa mort. C’est lui qui, le pre-
mier en Allemagne, introduisit le naturalisme dans la peinture
historique; il s’attacha du reste, d’une façon^presque exclusive,
à représenter des sujets patriotiques. Son premier grand
tableau, Un Sermon chef les Hussites, lui valut au Salon de
Paris, en 1838, la grande médaille d’or. Dès lors il se consacra
à nos luttes séculaires contre la papauté. Ses héros sont Huss
et Luther. Aussi devint-il très populaire dans l’Allemagne
protestante. L’Allemagne catholique, au contraire, le tint pour
un peintre médiocre, qui cherchait à pallier, par un appel
constant aux sentiments patriotiques du public, la faiblesse
artistique de ses compositions.. Il a produit aussi de très bons j
paysages. Il a été très heureusement inspiré dans le paysage \
intime qu’il a contribué à populariser. Néanmoins, il était
presque oublié. Établi depuis vingt ans à Carlsruhe, il a sur-
vécu longtemps à sa réputation.

I-’évènement le plus important que nous ayons à enregis-
trer, en dehors du décès de ces deux hommes célèbres, c’est
l’Exposition artistique allemande de Dusseldorf, reliée à
l’Exposition industrielle des provinces rhénanes ,de la Prusse,
la mieux organisée des expositions industrielles de l’Allemagne,
Cette dernière était la plus intéressante des deux et montrait
dans notre art industriel des progrès que l’on ne trouve pas
au même point dans les compositions purement artistiques.
Cette Exposition nous a cependant fait connaître un artiste de

. 1. Voir l'Art, 6" année, tome III, page 225.

Tome XXVIII

grand talent, Janssen, professeur de peinture d’histoire à
l’Académie de Dusseldorf. Ses peintures, destinées à l’hôtel
de ville d’Erfurt, combinent la conception originale des figures
avec une forme d’un style sévère et élevé, combinaison intro-
duite d’abord dans la peinture allemande par Albert Durer,
auquel Janssen ressemble encore par sa douceur et son
humour. Ses compositions sur la légende de Prome'thée sont
très gracieuses et pleines de sentiment ; nous croyons que cet
artiste encore jeune deviendra bientôt un de nos maîtres les
plus connus.

Hans Makart, le plus grand de nos coloristes, a mis en
émoi tour à tour Vienne, Munich et Berlin, par sa Diane à la
chasse. Cette toile colossale a été achevée en moins de six
mois : aussi est-ce plutôt une esquisse gigantesque qu’une
peinture finie. Mais la vivacité dramatique de l’action, la
beauté des nymphes qui entourent la déesse, le paysage déli-
cieux, aux grands bois touffus, qui encadre cette scène, ont
ravi tout le monde. Cette toile est tout à fait dans le style de
Rubens ; elle n’en est pas moins d’une puissante originalité.
Elle a été achetée immédiatement par un Américain : elle est
donc perdue pour l’Allemagne.

L’achèvement de l’énorme cathédrale de Cologne est, à coup
sûr, l’évènement le plus important de l’année artistique. Les
Allemands se sont habitués à voir dans cette construction le
symbole de leurs efforts séculaires et des terribles combats qui
ont constitué leur unité nationale. Ce qui prouve bien qu’il y
a là un sentiment très vif, c’est que l’achèvement a pu se faire
au moyen d’une souscription nationale, à laquelle catholiques
et protestants ont pris une part égale. Ce caractère de monu-
ment national ne modifie en rien la valeur artistique de
l’œuvre. Malgré la grandeur et la puissance incontestables de
cet édifice, on voudrait y voir plus de grâce et d’imagination,
et moins de rudesse. Cette nouvelle cathédrale de Cologne est
aussi inférieure en beauté à la cathédrale de Strasbourg, qu’elle
lui est supérieure par l’immensité ennuyeuse de son plan
général. C’est le résultat naturel de la réédition d’un projet
plusieurs fois séculaire, auquel on ne peut donner qu’une
apparence de vie qui glace et émeut tristement. J’espère bien
que les Italiens n’auront jamais l’idée de restaurer le Colosseum
pour fêter leur unité reconquise. Il y a chez nous un certain
nombre d’hommes capables de nous proposer aujourd’hui une
série de ces profanations. Il ne leur suffit pas d’avoir trans-
formé un édifice inachevé en une mauvaise bâtisse. Les voilà
qui nous proposent de gâter aussi la cathédrale de Strasbourg
par la construction d’une seconde tourelle.

Il est impossible de ressusciter une époque morte comme le
moyen âge. Louis David, en voulant changer les Parisiens en
Romains, a fait une expérience du même ordre, expérience
d’autant plus terrible pour l’artiste qu’elle s’adressait à ces
Parisiens qui ne ressemblent qu’à eux-mêmes, et que, tout au
plus, on pourrait comparer aux Athéniens.

Nos concitoyens de Munich ne sauraient certes affronter de
comparaison de ce genre, bien que notre ville ait été appelée
l’Athènes de l’Isar. Tandis que, au lieu de marbre, les magis-
trats offraient à Phidias, pour faire les statues des dieux, de
l’or et de l’ivoire, nos représentants bavarois, peu soucieux
d’art, enlèvent à notre magnifique Académie tout l’or destiné
aux déesses antiques, que l’architecte Neureuther voulait

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