Environs de Cannes. — Gravure de Froment, d’après un dessin de F. L. Français.
SILHOUETTES D’ARTISTES CONTEMPORAINS
XVI
FRANÇOIS-LOUIS FRANÇAIS
Il était admis, en France, il y a quelque quarante ans,
dans le domaine des arts comme dans celui des lettres, que
l’on ne s’improvisait ni artiste, ni littérateur.
Il était admis que, même fût-on doué d’une vocation
naturelle très tranchée, il fallait un travail tenace, ardu, de
tous les jours, de tous les instants ; il fallait une étude
approfondie des maîtres anciens en tous genres, avant de se
livrer à des compositions de son cru, et d’oser affronter les
regards et le jugement du public.
Aujourd’hui, comme dans le Sganarelle de Molière, on a
changé tout cela,
du collège, on v
réputation, l’argent; l’argent surtout. Aujourd’hui l’on voit
des littérateurs sans style et sans invention occuper le haut
du pavé; on voit des peintres auxquels la science du dessin,
de la composition, du modelé est totalement inconnue ; on
voit des maestri, privés de l’indispensable don de la mélodie,
faire retentir le monde entier du bruit de leur génie.
Ceux-ci vous débiteront à la toise de prétendus paysages, perpétrés à l’aide du couteau ; ou
vous exécuteront ce qu'ils appellent sans sourciller des portraits réalistes, par les procédés en
Aujourd’hui, à peine au sortir des bancs
eut acquérir les honneurs, la gloire, la
Portrait de F. L. Français,
par lui-même L
i. Étude pour un des personnages de son tableau : le Baptême de Jésus. (Baptistère de l’église de la Trinité, à Paris.)
SILHOUETTES D’ARTISTES CONTEMPORAINS
XVI
FRANÇOIS-LOUIS FRANÇAIS
Il était admis, en France, il y a quelque quarante ans,
dans le domaine des arts comme dans celui des lettres, que
l’on ne s’improvisait ni artiste, ni littérateur.
Il était admis que, même fût-on doué d’une vocation
naturelle très tranchée, il fallait un travail tenace, ardu, de
tous les jours, de tous les instants ; il fallait une étude
approfondie des maîtres anciens en tous genres, avant de se
livrer à des compositions de son cru, et d’oser affronter les
regards et le jugement du public.
Aujourd’hui, comme dans le Sganarelle de Molière, on a
changé tout cela,
du collège, on v
réputation, l’argent; l’argent surtout. Aujourd’hui l’on voit
des littérateurs sans style et sans invention occuper le haut
du pavé; on voit des peintres auxquels la science du dessin,
de la composition, du modelé est totalement inconnue ; on
voit des maestri, privés de l’indispensable don de la mélodie,
faire retentir le monde entier du bruit de leur génie.
Ceux-ci vous débiteront à la toise de prétendus paysages, perpétrés à l’aide du couteau ; ou
vous exécuteront ce qu'ils appellent sans sourciller des portraits réalistes, par les procédés en
Aujourd’hui, à peine au sortir des bancs
eut acquérir les honneurs, la gloire, la
Portrait de F. L. Français,
par lui-même L
i. Étude pour un des personnages de son tableau : le Baptême de Jésus. (Baptistère de l’église de la Trinité, à Paris.)