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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 1)

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Loiseleur, Jules: Une oeuvre inconnue de Prud'hon
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https://doi.org/10.11588/diglit.19293#0141

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I 20

L’ART.

Quelques jours après, La Vallée fut plus heureux et le dernier mot lui resta. Plusieurs toiles
n’avaient joas été replacées au Louvre et les commissaires étrangers en exigeaient la représenta-
tion : « Elles sont dans l’alcôve du roi, derrière son lit, dit-il ; allez les y chercher, si vous l’osez. »
Sa petite fille estime à près de deux millions les tableaux que cette conduite courageuse parvint
à conserver à la France*.

La Vallée avait été décoré par Louis XVIII pendant la première Restauration. Au retour de
l’empereur, il se hâta de mettre sa croix dans sa poche, ce qui fit dire à Carie Vernet que,
bien que La Vallée ne fût pas peintre, il avait fait une descente de croix. Il chercha à effacer
l’impression de cette faveur, en faisant, pendant les Cent jours, replacer le buste de l’empereur
dans la galerie d’Apollon. Louis XVIII ne lui pardonna pas cet acte de courtisanerie et le
destitua après les Cent jours. Le 27 juillet 1816 une pension de 2,000 francs lui fut accordée;
il eut pour remplaçant M. de Senonnes et mourut le 5 février 1818. Tous ces documents sont
empruntés soit aux archives du Louvre, soit à des communications de la famille.

On voit que le portrait d’un tel homme avait tous les titres imaginables à figurer dans les
galeries du Louvre. C’est de sa petite-fille, M"e Claire La Vallée, que l’habile directeur du
Musée d’Orléans est parvenu à l’acquérir.

On sait quel culte passionné M. Eudoxe Marcille, continuant en cela les traditions de son
père et de son frère, a voué à Prud’hon. Non content d’avoir réuni une quantité considérable
de peintures et de dessins de ce maître exquis, il s’occupe aujourd’hui à rassembler sa corres-
pondance qu’il compte livrer à la publicité. On peut imaginer sa joie lorsqu'il découvrit l’œuvre
inconnue qui fait l’objet de cet article et qu’il parvint à s’en rendre propriétaire, grâce à un legs
fait au Musée d’Orléans et arrivé fort à propos.

Le portrait de La Vallée se distingue par les qualités propres au talent de Prud’hon et que
M. Charles Clément a si bien relevées dans sa vie de l’illustre peintre du Zéphyr et de la Justice
poursuivant le crime. « Nul, dit cet excellent appréciateur, ne sut mieux que lui surprendre
l’expression mobile de son modèle, saisir son caractère intime, moral pour ainsi dire, ses nuances
les plus délicates et les plus fugitives. Il était lui-même sensible, impressionnable, rêveur, et il
donne aux physionomies un cachet tout particulier, quelque chose de mélancolique et de doux, de
tendre et d’ému qui touche profondément. Il fixe sur la toile ce souffle, ce rien, ce tout, l’âme
humaine. »

Voilà bien les qualités qu’on retrouve dans l’œuvre magistrale qui nous occupe. Si l’œil,
enfoui sous une profonde arcade sourcilière, indique la fermeté dont le modèle donna tant de
preuves, la bouche aimable et qu’illumine un demi-sourire en corrige la sévérité. La physionomie
générale respire la bienveillance en même temps que la résolution. Grâce à la science profonde
des demi-teintes, la tête puissante se détache avec un relief extraordinaire. On se sent en présence
d’un maître homme et l’on se demande quel cœur a battu sous cette enveloppe.

C'est ce que cette courte notice a pour but principal de faire connaître.

Jules Loiseleur.

UN DÉBUT A L’ATELIER

Sous cc titre, M. Maurice Bompard avait exposé au Salon de 1881 un tableau qui a justement attiré l’attention et que
M. Edmond Ramus vient de graver pour l’Art. Tous ceux qui ont revu à l'Exposition d’électricité cet intérieur de l’atelier du
jeune artiste où un modèle vient poser pour la première fois, ont constaté que cette toile importante est de beaucoup la meilleure
de toutes les acquisitions que l’État ait faites à ce Salon; ses achats y ont malheureusement beaucoup plus brillé par la quantité
que par la qualité.

Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.

1. Lettre de M"' Claire La Vallée à M. Eudoxe Marcille, du io février. 1881.
 
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