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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 7,1.1905

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Soulier, Gustave: Les peintres de Venise
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https://doi.org/10.11588/diglit.44575#0024
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L’ART DÉCORATIF

jours froids et un peu gris. Gentile Bellini,
Carpaccio ou Mansueti nous ont donné de Ve-
nise non seulement des perspectives de places,
de ponts et de canaux, où l’on retrouve dans
ses détails les modes de construction véni-
tienne, la forme observée des campaniles
ou des fenêtres, les cheminées à tromblon,
l’usage de la brique rouge ; on y sent encore

non ce qui la différenciait des autres lieux
du monde, mais ce qui l’en rapprochait.
C’est dans les riches harmonies de Gior-
gione, du Titien, des Bonifazio, de Paris
Bordone qu’il faut trouver une transposition
du ciel et des colorations des paysages vé-
nitiens. Mais déjà les peintres sont plus
attirés par les spectacles de la vie que par


TURNER

« Le Soleil de Venise » (National Gallery, Londres)

cette netteté de dessin, cette vigueur du
ton local si caractéristique, et comme cette
atmosphère confinée des canaux, où les
voix résonne'.t ainsi que dans une chambre.
Les grande Tritures qui font partie de la
série des Mit ,cles de la Croix, et celles de
la Vie de sainte Ursule par Carpaccio, à
l’Académie, sont très probantes à cet égard.
Il est assez intéressant de remarquer que
ce sont encore les effets ternes et gris que Cana-
letto et Guardi se sont plu à rendre dans leurs
vues de Venise. La belle lumière orientale de
Venise, celle qui y éclate en été ou même au
printemps et à l’automne, ne les a pas séduits.
On dirait qu’ils ont cherché à rendre de Venise

ceux de la nature, et c’est dans le déploiement
des pompes et des fêtes qu’ils transportent
le sentiment des orchestrations puissantes
inculqué par le décor qui les entoure.
Tiepolo développe sur les murs du
Palais Labia les ordonnances d’une imagi-
nation avant tout décorative ; et chez Guardi
ou Longhi, nous ne voyons plus que des
mascarades ou de menues scènes d’intérieurs.
Le sentiment grandiose de Venise semble
alors se perdre tout à fait. Les mieux doués
mêmes n’en tirent qu’une impression de sen-
timentalité fade, un romanesque de ballade,
la sensation la plus extérieure et la plus
théâtrale où le clair de lune et la gondole

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