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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 7,1.1905

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Soulier, Gustave: Edgar Chahine
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https://doi.org/10.11588/diglit.44575#0094
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L’ART DÉCORATIF

si faciles à cet âge. Il est à noter, d’ailleurs,
que M. Chahine, en quittant la Turquie,
s’est arrêté d’abord dans une station à demi-
orientale encore, puisque c’est à Venise
qu’il a passé ses premières années d’Europe.
Ce n’est donc que plus tard, alors que le
choc pouvait être plus vif, la sensation plus
puissante, qu’il a été jeté dans la pleine
cohue de Paris.

couleur que M. Chahine s’est orienté vers
l’expression du trait; il est nécessaire d’éta-
blir qu’il y a en lui un véritable tempé-
rament de peintre qui jusqu’ici, par suite
des circonstances de la vie, s’est trouvé re-
légué à l’arrière-plan.
Son maître lui déclarait à Venise qu’il
pourrait parvenir à faire de la peinture, mais
qu’il ne réussirait jamais à faire quelque


Portrait d’Anatole France
( Avec l’autorisation de M. Ed. Sagot, Éditeur)
Ces années de Venise sont d’autant
mieux à considérer dans la vie et la for-
mation de l’artiste que c’est là qu’il fait ses
premières études d’art, sous la direction du
peintre Paoletti. C’est là qu’il apprend à
dessiner et à peindre ; et ce qu’il y a de
curieux, c’est que Chahine, qui est arrivé
très rapidement et très jeune — il a à peine
trente ans — à une sérieuse notoriété comme
graveur, semble d’abord s’orienter vers la
peinture.
J’ai tenu à retrouver avec l’artiste quel-
ques-unes des pochades qu’il peignait sur
nature à Venise. Sur ces études de dimen-
sions fort réduites, la recherche des rapports
de tons, d’atmosphère, de pâte même, sont
très sensibles et intéressantes. Ce n’est donc
pas parce qu’il n’était pas doué pour la

chose de bon en dessin. Cette prédiction n’a
plus besoin d’être démentie, mais elle affirme
du moins une première constatation au sujet
de ses dispositions de peintre.
Il faut se rappeler, du reste, que c’est
en peintre que M. Chahine a débuté dans
nos Salons, et ces envois n’ont pas passé
inaperçus.
Pour la première fois, au Salon de 1896,
apparaît Un Gueux., mordant son maigre
fricot dans le coin désert d’un débit popu-
laire. Les contrastes puissants de lumière
et d’ombres, la recherche de clair-obscur,
la façon même dont la figure ou les mains
sont traitées, laissent assurément sentir l’é-
cole : le souvenir de Rembrandt a passé
par là; mais on constate déjà une énergie
louable chez un jeune homme et une obser-

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