EDGAR CHAHINE
Promenade
(hvec l’autorisation de M. Ed. Sagot, Éditeur}
un bout de planche la silhouette qui
venait de le frapper dans la rue.
Chahine se met à accumuler ainsi
chaque jour ces croquis, prenant goût
au travail de la pointe ; et bientôt
quelques sujets plus complets s’annon-
cent déjà, types de la rue ou souvenirs
de ses années d’enfance, des scènes
d’Orient conservées dans sa mé-
moire : des Bohémiens en Turquie,
une Négresse, des têtes «coiffées
à l’orientale », comme chez Rem-
brandt, forment à peu près tout
le contingent qui trahisse ses ori-
gines.
L’artiste insiste d’abord plus vo-
lontiers sur le caractère douloureux,
souffreteux de l’humanité qu’il cherche
à rendre. C’est toute la vie de misère
de Paris qui le frappe d’abord, incliné
comme il l’est lui-même par la tris-
tesse de ses premières années, les spec-
tacles de désolation qu’il avait vus dans
son pays. Les vagabonds, les loqueteux,
les chemineaux, les humbles métiers
de faubourg, fournissent d’abord le sujet
de ces pages où se montrent des
figures amaigries par le jeûne, où les
corps harassés se voûtent, dans un
paysage pauvre, arbres grêles de ban-
lieue ou quais de canal, avec les che-
minées d’usine surmontant les toits
monotones.
Un des morceaux capitaux de
cette époque sera marqué par Le
Château Rouge, drame de misère poi-
gnant, où toutes les détresses sem-
blent se presser, les unes s’oubliant
69
Félicie
(Avec l’autorisation de M. Ed. Sagot, Éditeur}
Promenade
(hvec l’autorisation de M. Ed. Sagot, Éditeur}
un bout de planche la silhouette qui
venait de le frapper dans la rue.
Chahine se met à accumuler ainsi
chaque jour ces croquis, prenant goût
au travail de la pointe ; et bientôt
quelques sujets plus complets s’annon-
cent déjà, types de la rue ou souvenirs
de ses années d’enfance, des scènes
d’Orient conservées dans sa mé-
moire : des Bohémiens en Turquie,
une Négresse, des têtes «coiffées
à l’orientale », comme chez Rem-
brandt, forment à peu près tout
le contingent qui trahisse ses ori-
gines.
L’artiste insiste d’abord plus vo-
lontiers sur le caractère douloureux,
souffreteux de l’humanité qu’il cherche
à rendre. C’est toute la vie de misère
de Paris qui le frappe d’abord, incliné
comme il l’est lui-même par la tris-
tesse de ses premières années, les spec-
tacles de désolation qu’il avait vus dans
son pays. Les vagabonds, les loqueteux,
les chemineaux, les humbles métiers
de faubourg, fournissent d’abord le sujet
de ces pages où se montrent des
figures amaigries par le jeûne, où les
corps harassés se voûtent, dans un
paysage pauvre, arbres grêles de ban-
lieue ou quais de canal, avec les che-
minées d’usine surmontant les toits
monotones.
Un des morceaux capitaux de
cette époque sera marqué par Le
Château Rouge, drame de misère poi-
gnant, où toutes les détresses sem-
blent se presser, les unes s’oubliant
69
Félicie
(Avec l’autorisation de M. Ed. Sagot, Éditeur}