DOI article:
Soulier, Gustave: Edgar Chahine
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.44575#0105
L’ART DÉCORATIF
scènes de mœurs que l’Histoire Comique a
inspirés à M. Chahine, dans ce milieu de
comédiens où les tics du métier et la préoc-
cupation du public se retrouvent à travers
toute la vie. On voit là un portrait de
vieille actrice qui a eu son temps de beauté,
croqué avec une perspicacité impitoyable ;
puis le cabotin qui fait résider tout son
talent dans le glorieux ridicule de son visage;
et cet enterrement d’acteur, où les comé-
diennes n’oublient pas de parader.
Pour l’illustration des Forains, l’exé-
cution et le sentiment sont très différents ;
les publics populaires et les saltimbanques
de nos places ont donné lieu à des croquis
extrêmement justes et amusants. Et Dans
l’Antichambre, c’est encore un autre monde,
étrange et interlope, qui se profile, chaque
figure synthétisant un personnage moral.
M. Chahine comprend l’illustration du
livre comme un apport véritable de l’artiste,
ne cherchant pas à lutter avec l’écrivain,
ni à interpréter à la lettre telle phrase du
récit. Écrivains et dessinateurs ont des qua-
lités différentes; le dessin peut préciser les
portraits ou le caractère topographique des
scènes. L’auteur raconte, l’artiste fait voir
et peut découvrir tel trait ou tel mouvement
caractéristiques.
Là comme partout, M. Chahine se
montre varié, aigu et vivant. Il n’y a pas
seulement des différences d’atmosphère à
rendre, il y a, peut-on dire, des modes
d’humanité divers, des compositions de
chairs différentes. Les aspects de fraîcheur
ou de lourdeur, M. Chahine les saisit à
merveille: la vie lui paraît toujours digne
d’être étudiée, puisque dans toutes ses ma-
nifestations elle est toujours égale à elle-
même. Peut-être un jour, cet artiste, déjà
si coloré et si puissant dans ses blancs et
noirs, reprendra-t-il le pinceau pour peindre
encore de la vie ; — je sais qu’il y songe
présentement.
Gustave Soulier.
Afm<; Louise France
(Avec l’autorisation de M. Fd. Sagot, Editeur)
scènes de mœurs que l’Histoire Comique a
inspirés à M. Chahine, dans ce milieu de
comédiens où les tics du métier et la préoc-
cupation du public se retrouvent à travers
toute la vie. On voit là un portrait de
vieille actrice qui a eu son temps de beauté,
croqué avec une perspicacité impitoyable ;
puis le cabotin qui fait résider tout son
talent dans le glorieux ridicule de son visage;
et cet enterrement d’acteur, où les comé-
diennes n’oublient pas de parader.
Pour l’illustration des Forains, l’exé-
cution et le sentiment sont très différents ;
les publics populaires et les saltimbanques
de nos places ont donné lieu à des croquis
extrêmement justes et amusants. Et Dans
l’Antichambre, c’est encore un autre monde,
étrange et interlope, qui se profile, chaque
figure synthétisant un personnage moral.
M. Chahine comprend l’illustration du
livre comme un apport véritable de l’artiste,
ne cherchant pas à lutter avec l’écrivain,
ni à interpréter à la lettre telle phrase du
récit. Écrivains et dessinateurs ont des qua-
lités différentes; le dessin peut préciser les
portraits ou le caractère topographique des
scènes. L’auteur raconte, l’artiste fait voir
et peut découvrir tel trait ou tel mouvement
caractéristiques.
Là comme partout, M. Chahine se
montre varié, aigu et vivant. Il n’y a pas
seulement des différences d’atmosphère à
rendre, il y a, peut-on dire, des modes
d’humanité divers, des compositions de
chairs différentes. Les aspects de fraîcheur
ou de lourdeur, M. Chahine les saisit à
merveille: la vie lui paraît toujours digne
d’être étudiée, puisque dans toutes ses ma-
nifestations elle est toujours égale à elle-
même. Peut-être un jour, cet artiste, déjà
si coloré et si puissant dans ses blancs et
noirs, reprendra-t-il le pinceau pour peindre
encore de la vie ; — je sais qu’il y songe
présentement.
Gustave Soulier.
Afm<; Louise France
(Avec l’autorisation de M. Fd. Sagot, Editeur)