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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 7,1.1905

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D'Einvaux, Roger C.: L' exposition d'art décoratif lorrain a Nancy
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https://doi.org/10.11588/diglit.44575#0129
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L’ART DECORATIF

La Joie de vivre, de Prouvé, déroule
dans un beau crépuscule estival une de ces
scènes que l’auteur affectionne particulière-
ment. Voici, du même, un plafond: la réunion
de la Lorraine à la France. Une femme

puissante, une gerbe, un chêne robuste, des
coquelicots, un geste d’accueil et de paix,
formules symboliques auxquelles l’artiste a
su donner une allure personnelle.
M. Peccatte a peint des paysages dé-
licats et irisés, d’un sentiment décoratif très
particulier.
Il faut louer comme il convient la ma-
gnifique cheminée de Vallin, dont le talent
de premier ordre est aujourd’hui univer-
sellement reconnu. — Sur des bases solides,
les lignes s’enlèvent, logiques et fermes,
continuées par des courbes rassurantes. C’est

un ensemble sobre, bien adapté à sa desti-
nation.
*
* *
En pénétrant dans la galerie centrale, la
première chose qui frappe le regard,
est l’exposittion d'Emile Galle. — Elle
fut le dernier effort du maître. Sur son
lit de mort, le merveilleux artiste en
dicta les arrangement. A bout de souffle,
il trouva l’énergie de produire jusqu’à la
fin. Se faisant apporter les cristaux qu’il
avait conçus, il en vérifiait l’exécution,
indiquant les retouches, retranchant
ce qu’il jugeait trop lourd ou trop vul-
gaire pour traduire l’idéal de son rêve.
C’est d’abord un extraordinaire lit
de parade, dont une phalène fantastique
a fourni le motif. Les ailes s’étalent sur
les panneaux, épousant leur contour,
et pour obtenir leur étonnant chatoie-
menent, leur éclat voilé, Gallé n’a
négligé aucune des ressources que ses
recherches acharnées lui avaient révé-
lées. Gigantesque pièce d’orfèvrerie
plutôt que meuble véritable.
Cette vitrine que nous voyons à
droite, remplie de cristaux précieux,
est un prétexte fort plausible à l’éclosion
des deux libellules qui la supportent,
les ailes frémissantes, étendues, offrai
l’énigme trouble de leurs yeux de
verre aux reflets sombres.
El les cristaux, le surtout de table
lumineux, les appareils d'éclairage,
toutes ces choses féeriques connues de
tous; gemmes aux transparences en-
flammées, aux bleus d’abîme, aux
opales congelées. Toujours variés mal-
gré leur nombre, ils trouvent moyen
de ne jamais lasser.
*
* *
Avec Vallin nous rentrons dans la réalité.
Est-ce à dire qu’elle n’ait pas son mérite?
N’est-elle pas d’une essence plus haute
peut-être, l’esthétique qui dégage la beauté
abstraite, absolue, et l’éloignant de sa source,
la transformant à la flamme de l’intelligence
humaine, l’adaptant à ses nouvelles fonctions,
lui conserve néanmoins la pureté, la subli-
mité de son origine.
Nous retrouvons dans la salle à manger
de M. Vallin, les solides beautés que nous

E. VALLIN Cheminée (pierre)


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