L’ART DÉCORATIF
aquarelles qui sont en même temps des
images si fidèles et si précieuses d’un Paris
disparu qu’on s’étonne de ne les pas voir
au musée Carnavalet. Que nos excellents
confrères Georges Cain ou Maurice Bern-
hardt y veuillent bien songer. Car, dans ces
premières pièces, l’aquarelle ne fait guère
que rehausser un dessin fortement écrit au
expose une quarantaine d’aquarelles chez
Bing : Gustave Geffroy, toujours prompt à
découvrir les jeunes de tempérament, pré-
sente l’artiste.
L’Exposition de 1900 donne à celui-ci
un nouveau prétexte à dresser dans l’espace
des architectures inaccoutumées : sa Porte
Binet toute en bleu, son Globe céleste noir,
conté sur le papier de teinte jaunâtre qui
donne l’atmosphère générale : Gaston Pru-
nier y est déjà un peintre de vérité.
C’est en 1897 qu’il se met à représenter
les paysages d’apparence ingrate de la ban-
lieue de Vaugirard, et il arrive tout à coup
à un résultat inattendu. Cette face de la
terre fouillée, creusée, trouée, éventrée,
l’intéresse par la variété de son mouvement
et il nous y intéresse par la puissance du
modelé et du coloris. Une excursion en
Bretagne l’année suivante lui fournit des
motifs symétriques : là, c’est un sol bossué,
âpre, pelé, avec des maisons sombres, pay-
sages rouillés sous une enveloppe du pluie
ou sous des brouillards fins. Au retour, il
son Creuset rouge ont quelque chose de fan-
tastique et de monstrueux. Du reste, au-dessus
de ces terrains ravagés, de ces constructions
fabuleuses et immobiles, Gaston Prunier
fait glisser des nuages qui se pressent en
foule et la variété des ciels le retient autant
que celle du sol. Ces ciels de Gaston Pru-
nier sont admirables pour leur grouillement
et leur dessin, pour leur justesse de valeur
et leur hauteur de ton.
La recherche de l’atmosphère le préoc-
cupe aussi de plus en plus. Ce peintre de
prodigieuses architectures naturelles ou hu-
maines, cet écrivain de l’éternel drame des
formes ne perd jamais de vue leur ordon-
nance et à côté de l’harmonie superbe des
1 90
aquarelles qui sont en même temps des
images si fidèles et si précieuses d’un Paris
disparu qu’on s’étonne de ne les pas voir
au musée Carnavalet. Que nos excellents
confrères Georges Cain ou Maurice Bern-
hardt y veuillent bien songer. Car, dans ces
premières pièces, l’aquarelle ne fait guère
que rehausser un dessin fortement écrit au
expose une quarantaine d’aquarelles chez
Bing : Gustave Geffroy, toujours prompt à
découvrir les jeunes de tempérament, pré-
sente l’artiste.
L’Exposition de 1900 donne à celui-ci
un nouveau prétexte à dresser dans l’espace
des architectures inaccoutumées : sa Porte
Binet toute en bleu, son Globe céleste noir,
conté sur le papier de teinte jaunâtre qui
donne l’atmosphère générale : Gaston Pru-
nier y est déjà un peintre de vérité.
C’est en 1897 qu’il se met à représenter
les paysages d’apparence ingrate de la ban-
lieue de Vaugirard, et il arrive tout à coup
à un résultat inattendu. Cette face de la
terre fouillée, creusée, trouée, éventrée,
l’intéresse par la variété de son mouvement
et il nous y intéresse par la puissance du
modelé et du coloris. Une excursion en
Bretagne l’année suivante lui fournit des
motifs symétriques : là, c’est un sol bossué,
âpre, pelé, avec des maisons sombres, pay-
sages rouillés sous une enveloppe du pluie
ou sous des brouillards fins. Au retour, il
son Creuset rouge ont quelque chose de fan-
tastique et de monstrueux. Du reste, au-dessus
de ces terrains ravagés, de ces constructions
fabuleuses et immobiles, Gaston Prunier
fait glisser des nuages qui se pressent en
foule et la variété des ciels le retient autant
que celle du sol. Ces ciels de Gaston Pru-
nier sont admirables pour leur grouillement
et leur dessin, pour leur justesse de valeur
et leur hauteur de ton.
La recherche de l’atmosphère le préoc-
cupe aussi de plus en plus. Ce peintre de
prodigieuses architectures naturelles ou hu-
maines, cet écrivain de l’éternel drame des
formes ne perd jamais de vue leur ordon-
nance et à côté de l’harmonie superbe des
1 90