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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 7,1.1905

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Félice, Roger de: La peinture aux salons
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https://doi.org/10.11588/diglit.44575#0286
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LA PEINTURE AUX SALONS


race chère à Bismarck, découpant sa sil-
houette sombre sur un ciel à
a vraiment grande allure.
La place me manque pour
ment des paysagistes. Pour-
tant les bons paysages abon-
dent au Salon, du moins du
côté de l’avenue d’Antin ; il en
est quelques-uns d’excellents,
et entre tous, comme l’on
pense, ceux de M. René Mé¬
nard. Une harmonie calme
de verts, de gris, de blancs
bleuâtres, une prodigieuse pro¬
fondeur d’espace : c’est la
Chaîne du Mont-Blanc. Au
bord d’un étang, au crépus¬
cule, des femmes nues dont les
beaux corps absorbent les
dernières clartés éparses dans
l’air. Sur les côtes de Corse,
hérissées de pins tordus, le
soleil se couche dans un
éblouissement de lumière
blanche et diffusée par la
brume. Sous un amoncelle¬
ment de nuées qui s’étagent
en architectures lumineuses,
un trois-mâts glisse et coupe
une mer paisible, aux rides
muettes, si doucement que son
étrave ne soulève aucune écume.
Ce sont des aspects de nature
recréés par un grand poète, des
pages nobles, d’un style gran¬
diose, d’une sérénité divine.
M. Harrisson est un poète
lui aussi qui, avec moins
d’ampleur sans doute, mais
une grande intensité d’effet,
synthétise en ses marines les
aspects de l’Océan toujours
divers. Lui aussi, il sait en¬
clore l’immensité dans une
petite toile tout simplement
peinte. Cette année, il a fait
.une infidélité à la mer : il a
joint un coude de rivière, d’une
transparence, d’une finesse ravissantes, à une
mer ensanglantée par le couchant, une mer
d émeraude criblée des reflets jaunes du so-
leil mi-voilé, une mer bleue où courent des
« moutons» échevelés par le vent, une grande
vague du large qui passe, sans bruit, lui¬

sante et glauque, une mer nocturne où une
voile minuscule, toute noire, va traverser le
reflet tremblant de la lune.
Encore un poète des eaux : M. Thaulow.

Portrait (Artistes Français)
Il «se surpasse lui-même», M. Thaulow,
comme le bon dictionnaire Bouillet le dit
de Raphaël dans « sa troisième manière ».
C’est vrai : ses eaux noires, ses eaux bleu-
nuit, ses eaux vertes de cette année, c’est
plus fort que du Thaulow!

la Diriks, 1
parler digne-

ERNEST LAURENT

24 I
 
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