CH. BOUTET DE MONVEL
Bracelet
son talent et sa
science dit métier
pour ne pas lui
dire que son buste
de polytechnicien
ne me fait aucun
plaisir avec sa poly-
chromie terreuse et
ses vilains boutons
d’or; je serais bien
étonné que l’auteur
en pensât très diffé-
remment lui-même.
Pour en termi-
ner avec les arts du
feu, n’oublions pas
les émaux super-
posés sur verre et
gravés à la roue de
M. Reyen, ouvrés
en coupes harmo-
nieuses.
Les relieurs sé-
rieux sont quatre :
M. Marins Michel
a envoyé une reliure
impeccablement exécutée et d’une noble
composition; M. Meunier, moins classique,
est d’une séduction plus personnelle;
M. Waldraff nous donne de bien jolis livres
en veau teint, fragiles et délicats, avec des
recherches de colorations et d’arrangement
véritablement artistique ; quant à Mme Rol-
lince, elle a renoncé pour une fois à ses
décorations orientales et appliqué son habi-
tuel procédé de perfection minutieuse à une
composition dans le goût du dix-huitième
siècle.
Le cuir est représenté fort honorable-
ment par Mile de Félice, dont les colora-
tions sont toujours agréables et distinguées,
et Mlle Germain, dont les sacs et les cein-
tures sont vraiment ce que doivent être
ces objets pour ne pas être de la maroqui-
nerie d’amateur. Quant aux essais de
Mme Thaulow, il faut avoir le courage de
dire que, si agréables qu’ils soient à l’œil,
c’est vraiment un peu trop facile pour prendre
le titre d’œuvre d’art. La demoiselle qui
s’est contentée d’abîmer une petite table
achetée chez Majorelle, en y pyrogravant
une guirlande de fleurs, a pris au moins la
peine de dessiner cette guirlande. A ce pro-
pos, on nous raconte que ce mot de pyro-
gravure ferait sur les membres du jury un
tel effet, que l’objet présenté imprudemment
sous ce titre serait écarté d’office. Personne
plus que moi ne déplore l’inondation des tra-
vaux d’amateur, et ici même on en trouverait
bien quelques-uns à expulser. Mais de ce
que l’on a abusé d’un procédé intéressant,
faut-il conclure que ce procédé doive être
mis à l’index, quelle que soit la façon dont
on l’emploie?
M. Jacquin n’expose cette année que
des dentelles, parmi lesquelles on remar-
quera un col d’un beau et large dessin ; ce
serait assez pour d’autres, mais on regrettera
tout ce que M. Jacquin aurait pu nous mon-
trer dans tant de genres différents où il ne
compte pas les trouvailles heureuses.
Parmi les dentelles, il y a encore celles
de Mezzara, qui a une gracieuse écharpe à
E. RÉGIUS
Cheminee électrique (cuivre)
(En collaboration avec F. Scheidecker)
25 a
Bracelet
son talent et sa
science dit métier
pour ne pas lui
dire que son buste
de polytechnicien
ne me fait aucun
plaisir avec sa poly-
chromie terreuse et
ses vilains boutons
d’or; je serais bien
étonné que l’auteur
en pensât très diffé-
remment lui-même.
Pour en termi-
ner avec les arts du
feu, n’oublions pas
les émaux super-
posés sur verre et
gravés à la roue de
M. Reyen, ouvrés
en coupes harmo-
nieuses.
Les relieurs sé-
rieux sont quatre :
M. Marins Michel
a envoyé une reliure
impeccablement exécutée et d’une noble
composition; M. Meunier, moins classique,
est d’une séduction plus personnelle;
M. Waldraff nous donne de bien jolis livres
en veau teint, fragiles et délicats, avec des
recherches de colorations et d’arrangement
véritablement artistique ; quant à Mme Rol-
lince, elle a renoncé pour une fois à ses
décorations orientales et appliqué son habi-
tuel procédé de perfection minutieuse à une
composition dans le goût du dix-huitième
siècle.
Le cuir est représenté fort honorable-
ment par Mile de Félice, dont les colora-
tions sont toujours agréables et distinguées,
et Mlle Germain, dont les sacs et les cein-
tures sont vraiment ce que doivent être
ces objets pour ne pas être de la maroqui-
nerie d’amateur. Quant aux essais de
Mme Thaulow, il faut avoir le courage de
dire que, si agréables qu’ils soient à l’œil,
c’est vraiment un peu trop facile pour prendre
le titre d’œuvre d’art. La demoiselle qui
s’est contentée d’abîmer une petite table
achetée chez Majorelle, en y pyrogravant
une guirlande de fleurs, a pris au moins la
peine de dessiner cette guirlande. A ce pro-
pos, on nous raconte que ce mot de pyro-
gravure ferait sur les membres du jury un
tel effet, que l’objet présenté imprudemment
sous ce titre serait écarté d’office. Personne
plus que moi ne déplore l’inondation des tra-
vaux d’amateur, et ici même on en trouverait
bien quelques-uns à expulser. Mais de ce
que l’on a abusé d’un procédé intéressant,
faut-il conclure que ce procédé doive être
mis à l’index, quelle que soit la façon dont
on l’emploie?
M. Jacquin n’expose cette année que
des dentelles, parmi lesquelles on remar-
quera un col d’un beau et large dessin ; ce
serait assez pour d’autres, mais on regrettera
tout ce que M. Jacquin aurait pu nous mon-
trer dans tant de genres différents où il ne
compte pas les trouvailles heureuses.
Parmi les dentelles, il y a encore celles
de Mezzara, qui a une gracieuse écharpe à
E. RÉGIUS
Cheminee électrique (cuivre)
(En collaboration avec F. Scheidecker)
25 a