LE MEUBLE AUX SALONS
Tandis qu'à travers les salles du haut
s’extasient, se hâtent et s’empoussiè-
rent les bavardes cohues, allons nous re-
cueillir loin d’elles, en des lieux plus pro-
pices à la méditation. Gagnons par d’habiles
détours le mystère des réduits sans fenêtres
et l’ombre symbolique des dessous d’esca-
liers : nous y trouverons la paix, le silence,
et des fauteuils. — C’est en ces humides
retraites que l’art hospitalise le Meuble, au
temps de ses fêles annuelles.
Il serait puéril de philosopher autour
de cette mise au rancart. Nous savons bien
que l’architecture est essentielle et la pein-
ture complémentaire ; nous savons bien que
le meuble, manifestation réduite, mais in-
time, de l’architecture, crée, façonne, carac-
térise la vie, tandis que la peinture s'épuise
à la vouloir refléter. Nous savons tout cela.
Mais nous ne sommes ni courageux, ni rai-
sonnables, ni, surtout, résolus.
Le temps n’est pas encore très éloigné
où nous allions aux Salons avec l’espoir d’y
découvrir les premières tendances, les pre-
miers bégaiements d’un style. Mais l’esprit
traditionnaliste a disparu, l’unité de direc-
tion fait défaut, Quant à l’enseignement, il
s’applique de plus en plus à développer chez
les jeunes artistes le sentiment de la person-
nalité, tendance que les conditions actuelles
de la vie accentuent naturellement, et qui
n’est pas aussi louable au fond qu’elle en a
l’air.
Peut-être ce caractère trop respective-
F. RAGUEL
255
Mobilier de chambre à coucher (détails)
(Société Nationale')
Tandis qu'à travers les salles du haut
s’extasient, se hâtent et s’empoussiè-
rent les bavardes cohues, allons nous re-
cueillir loin d’elles, en des lieux plus pro-
pices à la méditation. Gagnons par d’habiles
détours le mystère des réduits sans fenêtres
et l’ombre symbolique des dessous d’esca-
liers : nous y trouverons la paix, le silence,
et des fauteuils. — C’est en ces humides
retraites que l’art hospitalise le Meuble, au
temps de ses fêles annuelles.
Il serait puéril de philosopher autour
de cette mise au rancart. Nous savons bien
que l’architecture est essentielle et la pein-
ture complémentaire ; nous savons bien que
le meuble, manifestation réduite, mais in-
time, de l’architecture, crée, façonne, carac-
térise la vie, tandis que la peinture s'épuise
à la vouloir refléter. Nous savons tout cela.
Mais nous ne sommes ni courageux, ni rai-
sonnables, ni, surtout, résolus.
Le temps n’est pas encore très éloigné
où nous allions aux Salons avec l’espoir d’y
découvrir les premières tendances, les pre-
miers bégaiements d’un style. Mais l’esprit
traditionnaliste a disparu, l’unité de direc-
tion fait défaut, Quant à l’enseignement, il
s’applique de plus en plus à développer chez
les jeunes artistes le sentiment de la person-
nalité, tendance que les conditions actuelles
de la vie accentuent naturellement, et qui
n’est pas aussi louable au fond qu’elle en a
l’air.
Peut-être ce caractère trop respective-
F. RAGUEL
255
Mobilier de chambre à coucher (détails)
(Société Nationale')