Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 7,1.1905

DOI Artikel:
Sedeyn, Émile: Le meuble aux salons
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.44575#0306
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
L’ART DÉCORATIF

aimé, ce qui nous semblera toujours admi-
rable, c’est bien plus la matière elle-même
que cette liberté ingénue, cette fantaisie
avec laquelle Gallé l'utilisa.
L’ensemble des œuvres posthumes grou-
pées à la Société Nationale ne nous surprend
donc pas; mais il nous confirme dans l’opi-
nion que si l’activité et l’indépendance de
Gallé ont pu être d’un exemple utile et
fécond, il serait dangereux de laisser ignorer
à ses disciples, à ceux qui peuvent être tentés
de suivre sa voie, qu’il leur faudra beaucoup
de goût, beaucoup de talent, beaucoup de
génie pour n’être pas ridicules en s’inspirant
trop directement de ses conceptions déco-
ratives.
M. Angst expose une salle à manger en
noyer dont le buffet, avec ses panneaux en
frêne et orme et sa décoration sculptée : le
Travail, la Famille, est la pièce capitale.
C’est un ensemble consciencieusement étu-
dié, où sont réalisées quelques sérieuses
améliorations pratiques, non sans une re-
cherche peut-être trop apparente.
C’est aussi une salle à manger qu’a
réalisée M. Jallot, sans y mettre une per-
sonnalité bien frappante, mais avec une sim-
plicité solide et franche, qui ne laisse pas
d’être sympathique.
Encore une salle à manger agréable,
celle de M. Goumain, qui, sans doute pour
parer de quelque originalité ses meubles
simples, a employé des appliques de cuivre.
Là encore, le dossier des chaises est criti-
quable. Il semble vraiment que les artistes
désespérés de ne pouvoir créer rien de frap-
pant (retenus qu’ils sont par la saine raison
et par la recherche de logique et d’équilibre
qui les inspire), veuillent cependant au der-
nier moment faire quelque chose « qui se
voie». Et alors ils font une excentricité:
un dos de chaise étroit en bas, large en
haut, ou tout le contraire. Quand ils seront
revenus de cette erreur, ils se tiendront
plus modestes et plus sages. On leur en
saura gré.
M. Raguel, qui est un jeune artiste
intéressant, bien doué, et fort désireux, me
semble-t-il, d’atteindre vite à quelque réa-
lisation personnelle, expose une chambre à
coucher jolie et plaisante, et qui serait une
manifestation louable en tous points, sans
la fantaisie un peu trop accidentée des dé-
tails et des sièges.

La salle à manger de M. Henri Rigaud,
elle, est bien d’ensemble. Simple, sans pré-
tention, séduisante seulement de la beauté
de son bois et de l’équilibre de ses lignes,
j’avoue la préférer aux autres. C’est peut-
être la seule qui ne contienne pas d’erreurs
choquantes.
M. Théodore Lambert expose les dessins
et quelques spécimens de décoration murale
d’une installation en cours, dans l’hôtel par-
ticulier de M. Krug, à Reims. C’est d’une
personnalité brillante et harmonieuse à ce
qu’il semble; M. Lambert est un des rares
artisans de ce temps qui aient le sens de la
couleur, avec le tact qu’il faut pour en tirer
tout le parti possible sans tomber dans
l’exagération.
Un des ensembles les plus complets au
Salon de la Société Nationale, c’est cer-
tainement le «petit boudoir» de M. W. Lo-
vatelli ; et ce qu’il y a de plus personnel
dans ce petit boudoir, c’est la couleur en-
core. M. Lovatelli, qui en est très amou-
reux, la courtise allègrement et non sans
grâce. Son art est léger, agréable, pas fati-
gant. Peut-être a-t-il mis un peu beaucoup
de guirlandes et de fruits dans ce coin d’ap-
partement sans cela presque sérieux, avec
ses meubles en acajou ciré, d’une belle et
sobre coloration ? Il y a mis beaucoup d’élé-
gance, en tout cas, et l’exécution des meubles
et des broderies est si parfaite que je n’y
vois rien à reprendre.
Il y a encore à citer, dans le même
Salon, le beau cabinet de travail de M. Louis
Majorelle, intéressant lui aussi par les ma-
tériaux (acajou et courbaril) et par l’ingé-
niosité décorative.

A côté — aux Artistes Français — il y a
bien peu de meubles, ce qui semblera peut-
être surprenant dans un Salon où il y a
tant de peinture. En tout cas, cette modé-
ration des artistes à exposer des meubles
(ou peut-être cette sévérité du jury à les
refuser) n’entraînerait de notre part aucun
reproche, si les envois reçus étaient vrai-
ment significatifs.
Je n’en ai vu qu’un qui méritât cette
épithète, et encore c’est dans un sens peu
favorable. M. Henri Rapin, élève de Gé-
rôme, a fait un buffet que les peintres trou-
veront peut-être pittoresque, — «amusant»,

260
 
Annotationen