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L' art décoratif: revue de lárt ancien et de la vie artistique moderne — 7,1.1905

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Rambosson, Yvanhoé: La sculpture aux salons
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https://doi.org/10.11588/diglit.44575#0318
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L’ART DECORATIF


Renommée stéphanophore. La Faim est une
œuvre supérieure, parce qu’elle se hausse
aux grands symboles de la souffrance hu-
maine.
M. Cordonnier lui aussi a regardé le

A. MARQUET
(Photographie Louis Lemery)
drame quotidien. Sa Marche funèbre est
une esquisse émouvante et son Eternelle
Victime est une muette et intense protesta-
tion contre tout ce qui perpétue l’injustice
sociale. Tandis que l’on relève l’ouvrier
frappé d’une mort accidentelle, la désormais
veuve s’avance, un jeune bébé dans ses
bras, et rien n’est à ajouter à la scène poi-

gnante. Une autre maternité douloureuse
est celle de M. Alix Marquet : Ceux qui
restent. Il s’en faut de peu que l’œuvre ne
nous satisfasse complètement. Je ne deman-
derais à M. Marquet que la suppression du
hochet que l’enfant' serre dans sa
menotte. Le groupe y eût gagné en
se dégageant de l’anecdote. Cette mi-
nime critique avouée, je ne saurais
que féliciter M. Marquet de ce bril-
lant effort, le plus important qu’il ait
fait jusqu’à ce jour. Dans le même
ordre d’idées, M. Nivet nous apitoie
sur une pauvre vieille rongée par la
tuberculose et les privations : Les
derniers jours.
C’est à la même cohorte d’hommes
généreux rêvant d’équité future qu’ap-
partient M. Derré. Cet artiste véhé-
ment professe même en sculpture
qu’un jour doit venir où les plus
déshérités seront admis à goûter les
satisfactions fondamentales que la
Nature avait dans ses desseins d’offrir
à tous, alors que l’Humanité les a
laissé confisquer au profit d’égoïsmes
particuliers qui en ont dénaturé l’es-
sence. M. Derré a une âme de poète ;
il aime à accoler à sa statuaire des
inscriptions d’un accent biblique pres-
crivant l’ingénuité, la tendresse, la
pitié et la bonté. Ainsi s’explique le
sens élevé de son Tronc pour les filles-
mères et de cette Grotte d’amour, où
deux amants, dans le creux des roches,
non loin du murmure des roseaux,
écoutent le conseil des choses. Un
peu moins de brutalité dans l’étreinte,
un peu moins de matérialité dans les
formes mâles eussent sans doute mieux
servi l’esprit même de l’œuvre qui n’en
reste pas moins un bel effort d’artiste
et de penseur.
Volupté de nus langoureux, guir-
landes de roses, amour mutin un peu
fatigué, c’était bien le décor funéraire
qui convenait au poète Armand Silvestre,
et c’est ainsi que M. Antonin Mercié a
compris sa stèle.
Le monument au docteur Panas par
Alfred Boucher demeure, malgré son côté
officiel, une scène d'une intime gravité. Il y
a dans le visage de la fillette, dont le doc-
teur explique avec une douceur réfléchie le

Ceux qui restent
(Artistes Français)

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