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Institut Egyptien <al-Qāhira> [Hrsg.]
Bulletin de l'Institut Egyptien — 3.Ser. 6.1895(1896)

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Nr. 6
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Artin Pascha, Yacoub: Notes sur le Nil bleu (Bahr Azrak): son nom originaire et véritable
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https://doi.org/10.11588/diglit.12562#0296

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— 264 —

qu'un noir, pas plus que dans les pays habités par des Hommes de
race blanche, jaune ou rouge, etc., on ne surnommerait certai-
nement personne d'après la couleur de sa peau, semblable à la
couleur de tout le monde.

Ce qui est bien plus probable, c'est qu'on aura surnommé ce chef
Azrak, bleu, à cause de la teinte de ses cheveux tirant sur le bleu,
soit naturellement soit artificiellement, par l'efîet des teintures.

Cette manière de surnommer les hommes ou les femmes d'après
la nuance de leurs cheveux, est commune à tous les peuples, quelle
que soit leur race et la région qu'ils habitent. Ainsi, en français il
y a une foule de noms propres dérivés de surnoms, tels que, le roux,
le blond, le noir, ou le blanc, etc., surnoms dérivés de la couleur
de la chevelure et non de celle de la peau. Il y a même une locution
française-fort connue qui concorde avec l'application à la teinte des
cheveux de l'adjectif lijj' bleu. On dit, en parlant d'une certaine
nuance de cheveux noirs, aile de corbeau, ce qui signifie que ces
cheveux ont un reflet bleuâtre semblable aux reflets des plumes des
ailes du corbeau vues sous un certain angle de lumière (1).

Nous croyons donc qu'Osman el Azrak est tout simplement sur-
nommé au Soudan (comme il le serait à New-York s'il y habitait)
Osman le Bleu, à cause de la nuance de ses cheveux tirant sur cette
couleur.

Azrak est donc purement et simplement, comme nous l'avons déjà
dit, l'équivalent du mot bleu en français et dans tous les pays de
langue arabe.

Quant à la conclusion de notre savant confrère, à savoir qu'on
doit appeler le fleuve bleu fleuve noir ^-^l/^, conclusion qu'il appuie
d'ailleurs sur l'autorité de Wilkinson, je pense qu'on pourrait
l'adopter non pour les raisons alléguées en sa faveur, que je ne
puis admettre, mais parce que ce fleuve paraît avoir été effecti-
vement connu jadis sous le nom de Bahr Eswad (2).

(1) Dans un roman de M. Victor Cherbuliez, de l'Académie française, je
trouve cette phrase :

« El Je lui représenta que Virginie la coiffait mal, tirait un médiocre parti
de ses splendicies cheveux noirs à reflets bleus ». — « Après fortune faite ».
Reçue des deux Mondes, 15 octobre 1895, page 732.

(2) Wilkinson commet la même erreur que M. W. Groff, ou plutôt celui-ci
copie l'erreur de Wilkinson. En effet, ce dernier dit que Azrak signifie noir
 
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