Bulletin de la Société pour la Conservation des Monuments Historiques d'Alsace (4.1860-1861 (1861))

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Notre Strasbourg s’en va perdant chaque jour quelque
trait de la physionomie qu’il avait il y a un demi - siècle et
qui donnait alors encore quelque chose d’original à son
aspect.

Les constructions nouvelles qui s’élèvent à la place des
anciennes, dans la forme desquelles se manifestait encore
quelque chose de local et de caractéristique, ne sont plus
que des copies, plus ou moins heureuses, de celles que la
mode, cet inexorable tyran de notre beau pays de France,
fait élever dans des cités plus grandes, où, l’art moderne
ayant fait, si progrès il y a, des progrès plus rapides, se
sont créés déjà des types et un style plus caractérisés.

J’ai peur, parfois, d’être obligé de m’avouer que, dans la
voie d’une modification analogue, les hommes, dans notre
Strasbourg, marchent plus vite encore que les maisons
vers un entier effacement des types et des caractères an-
ciens.

Cette remarque, qui m’attriste malgré moi, et cette
crainte, qui ne me réjouit pas davantage, me sont revenues
assez vivement en retrouvant, parmi mes plus anciens des-
sins, un croquis de la maison de Zix, fait en 1806, alors
que je prenais des leçons chez lui.

Ayant reproduit ce croquis, et la photographie m’ayant
offert, grâce au talent et à l’obligeance d’un habile ama-
teur1, le moyen de multiplier la copie que j’en ai faite, j’ai
eu la vanité de me persuader que mon œuvre, pour si peu

1. M. Gagniei'.