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Olearius, Adam; Wicquefort, Abraham van [Hrsg.]; Aa, Pieter van der [Bearb.]; Wicquefort, Abraham van [Übers.]
Voyages très curieux & très renommez, faits en Moscovie, Tartarie, Et Perse: Dans lesquels on trouve une Description curieuse & la Situation exacte des Pays & Etats, par-où il a passé, tels que sont la Livonie, la Moscovie, la Tartarie, la Medie, & la Perse; Et où il est parlé du Naturel, des Manieres de vivre, des Mœurs, & des Coutumes de leurs Habitans; du Gouvernement Politique & Ecclesiastique; des Raretez qui se trouvent dans ces Pays; & des Ceremonies qui s'y observent — A Leide: Chez Pierre Vander Aa, Marchand Libraire, Imprimeur ordinaire de l'Université & de la Ville, demeurant dans l'Academie, 1719

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https://doi.org/10.11588/diglit.5469#0432
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7ii

VOYAGE de

1627 me des Moines , nous demeurions
aussi dans le iilence comme eux;
pli car il sut observé pendant tout le
« repas. repas fort religieusement. Personne
n'y dit mot, & même le Roi ne
parla point; sinon que deux ou trois
fois il dit une parole ou deux
au Chancelier. Cette retenue à
garder le silence ne se vid plus dans
les autres repas que nous sîmes à
11 B'eft ja Cour , dans lesquels le Roi se
vé dans les plaisoit à se saire entretenir par les
fpivans. AmbafTadeurs des assaires de \Euro-
pe > & particulièrement des guerres
d Allemagne.
Le divertissèment que l'on nous
donna pendant le diner, sut de la
musique & de l'adresse de ces Cour-
tifanes. La mufique étoit compo-
sée de luths, de violons, de fia-
La musiquege01^5' de haut-bois, &de cym-
& ia danfe baies, que le Cymbalifte accompa-
qad i gnojt d'une voix pitoyable & irre-
guliere, qui achevoit de déconcer-
ter le peu d'accord & le peu d'or-
dre qu'il y avoit en leur prétendu
concert. La danse des femmes é-
toit plus réglée, & quoiqu'elle ne
fe rapportât point à la musique ni à
la façon de danfer des Européens,
elle ne lahToit pas d'être fort diver-
tiflante > & d'avoir fes agrêmens &
fa juftefle, aufli-bien que la nôtre,
persan Ca- Pendant le diner on avoit fait
che pour i 1 /
observer cacher dans une porte , qui etoit
"mbaVa" couverte d'une tapiflerie , tout
deurs du près de l'endroit où les Ambafla-
deurs étoient aflis , un Ter/an ,
qui entendoit le Portugais & Y Ita-
lien , afin de les obferver & de re-
marquer l'entretien qu'ils auroient
avec leur Truchement, pour rap-
porter exactement ce qu'ils diroient
de la façon de vivre de cette Cour.
Et certes, le rapport, qu'il fit au
Roi de ce que l'Ambafladeur Brug-
man avoit dit des tableaux, des fe-
ftins, & de la façon de vivre des Ter-
fans , ne sut ni fort agréable au
Roi, ni sort avantageux à l'Ambafla-
deur.
Truche. Nôtre Truchement étoit Tortu-
JÏÏa&î g*", Moine de l'Ordre de Sc. Au-
guftm, âgé d'environ quarante ans;
il s'appelloit T. Jofeph du Rofaire,

Temps

quel

M O S C O V I E, m
& étoit sort honnête homme, ser-
viable , & complaisant, & avec cela
très entendu ; parce que depuis
vingt-quatre ans qu'il étoit en Ter-
se, il avoit aquis une très parfaite
connohTance de la langue, de l'hu-
meur, & de la saçon de vivre de
cette Nation. En s'entretenant
avec l'Ambassadeur Crusius il se ser-
voit de la Langue Latine, & il par-
loit Tortugais avec l'Ambassadeur
Brugman. \
On demeura environ une heure
& demie à table, & après cela on Ie-
ota la nappe , & 1 on apporta de table,
l'eau chaude dans une éguiere d'or,
dont on servit pour laver les mains.
Cela étant sait, le Grand Maître
prononça à haute voix en Langue
Turque: Suffire hakine schahe dow-^ions
letine, kafiler kuwetine. Alla die- après le
lum. Alla, Alla. C'est-à-dire ,repas*
Recompenfe ce repas, sais projpe-
rer les affaires du Roi , donne sorce
à ses soldats ou ferviteurs. Cefl,
ô 'Dieu, la prière que je te fais. A
quoi tous les autres répondirent leur
Alla, Alla, O Dieu, o Dieu,
Les aérions de grâces étant dites
de cette façon, on commença à fe
lever, & à s'en aller les uns après
les autres fans dire mot, félon la Tout ie
coutume du pays. Nôtre Mehe-1^^
mandar nous vint dire, que nous m0t.
pouvions aufli nous retirer, quand
il nous plairoit; ce que nous sîmes
en faifant une profonde révérence
au Roi.
Après cette première audience, 0nperm{C
on permit auxAmbafladeurs de re-au*Am-
cevoir les vîntes de toutes les Na-de recevoir
tions, qui ont leur commerce à If %s £
pahan , comme les François-, lesNauow
Espagnols, les 'Portugais, les Ita-
liens, les Anglois, & les Hollandois.
Depuis ce temps-là ils nous voyoient
souvent,& contribuoient beaucoup
à nôtre divertiflement, pendant le
sejour que nous fîmes en cette vil-
le.
Les Anglois surent les prémiers^^
qui nous rendirent visite. Leur Fa-«g»
éteur ou Commis, nommé Fran-vl ue*
çois Haniwood, y vint le 18e.
d'Août, accompagné d'un bon nom-
bre
 
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