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https://doi.org/10.11588/diglit.5469#0612
DE
1638.
Etat déplo-
rable où
ils se trou-
vent.
Vn de leurs
Soldats est
enlevé par
les Tarta-
ces.
teur Ca-
nonier
est blessS
& meurt.
Douîeur
extrême
du Valet
Moscovite
sur cette
mort.
11 est dé-
claré inno-
cent.
Le Cano-
, nier est
enterré.
1067 VOYAGE
de faire du feu pour nous chauffer,
& même pour faire la cuisme. Il
n'y a point d'état ânes déplorable
pour pouvoir être comparé à celui
où nous nous trouvions, abandon-
nez que nous étions d'un chacun,
dépourvûs de tout, & destituez de
conseil & de resolution , n'osant
pas même entrer dans les huttes des
Tart are s ; parce que Sur chou Qhan
nous avoit lui-même avertis, que
nous courrions risque d'être enle-
vez & vendus par ses Sujets 5 qui
peuvent impunément faire ce beau
trafic.
Le 17*. & Avril, ce malheur ar-
riva à un de nos Soldats, nommé
Guillaume Hqye Ecojfoïs, lequel
s'étant un peu trop éloigné du quar-
tier à l'entrée de la nuit, fut en-
levé par les Tartares, & ne re-
vint plus ; en sorte que nous n'en
pûmes jamais scavoir des nouvel-
les ? quelque recherche que nous
en fi siions ; nous sçûmes pourtant
depuis, qu'on l'avoit emmené dans
la forteresse de Sachur à cinq ou six
Heuës de Tarku.
Le même jour il nous arriva un
autre malheur, dans le temps que
nos gens s'amusoient à tirer de l'arc
pour se divertir; car nôtre Cano-
nier nommé Albert Stuck de Ham-
bourg s'étant approché de trop près
du blanc pour ramasser une ssèche >
un Valet Mofcovite le blesTa dans le
petit ventre?dont il mourut le len-
demain.
Le Valet Mofcovite témoigna un
regret si sensible de ce funeste acci-
dent, qu'il vouloit qu'on le fît mou-
rir ; mais l'affaire ayant été mise en
délibération, on trouva qu'il n'y
avoit point eu de desTein ; de sor-
te que le blesTé lui-même ayant in-
tercédé pour le pauvre Moscovite,
on le déclara innocent & on le re-
mit en liberté.
Nous enterrâmes le défunt se-
crettement par le conseil de quel-
ques femmes Tartares, qui étoient
Chrétiennes dans leur cœur, au lieu
où étoient nos chevaux, & nous
fîmes faire à la vûe de tout le mon-
de une autre folle hors du quartier,
MOSCOVIE, ïo68
dans laquelle on fit descendre un i6x%.
cercueuilvuide avec les cérémonies
accoûtumées ; & on en usa ainsi
parce qu'on étoit alTûré qu'après nô-
tre départ les Tartares feroient dé-
terrer le corps > pour le dépouiller
& le donner à manger aux chiens.
Il mourut aussi au camp des Am- Mort d'un
bassadeurs proche de Tarku unS^
riche Marchand Mofcovite. Sonlc*. ^
corps fut porté à Terki, où il fut
enterré au cimetière de ceux de sa
Religion.
Parmi toutes ces disgraces & af-Etac îaJ
Aidions, les Tartares ne laissoient des Am-
pas de nous obliger presque tousbaiTa£léU£S,
les jours à leur faire entendre nô-
tre musique, à laquelle ils prenoient
un smgulier plaisir; & nôtre état
dans cette occasion n'étoit guère
différent de celui des enfans dyIf
rael, lorsque leurs ennemis, qui
les avoient emmenez captifs en Ba-
hylone, les obligeoient à chanter les
hymnes sacrez de JV^ sur les bords
de XEuphrate.
Le 1. jour de Mai, nous dépê-tîntesd«
châmes deux Mofcovites à Sulthan
Mahmud , pour le prier de nous
iaisser parler librement. Nos deux
Mofcovites revinrent le lendemain
avec quatre Tartares, qui nous di-
rent de la part du Schemkal, qu'il
avoit été bien surpris d'entendre,
que Surkou Qhan le vouloit faire
passer dans nôtre esprit pour un in-
signe Voleur & pour un homme
sans foi. Qu'il ne lui avoit point
donné sujet de le traiter de la sor-
te, & qu'il trouveroit bientôt Foc-
casion de s'en ressentir. Pour c^°^sMe
qui étoit de nous? qu'il nous offroit aux Am-
tout son crédit & tous ses Su- bassadeUiS«
jets pour l'avancement & pour la
sureté de nôtre voyage, & que 11
nous ne nous pouvions pas resoudre
à nous fier en lui, il étoit prêt de
nous donner en otage trois des prin-
cipaux Seigneurs du pays > que nous
pourrions emmener avec nous, ou
les bisser auprès de Surkou Qhan,
jufqu'à ce que nous serions hors des
terres de sa jurisdistion.
Ces offres inesperées nous mirent
encore en doute de ce que nous
avions
1638.
Etat déplo-
rable où
ils se trou-
vent.
Vn de leurs
Soldats est
enlevé par
les Tarta-
ces.
teur Ca-
nonier
est blessS
& meurt.
Douîeur
extrême
du Valet
Moscovite
sur cette
mort.
11 est dé-
claré inno-
cent.
Le Cano-
, nier est
enterré.
1067 VOYAGE
de faire du feu pour nous chauffer,
& même pour faire la cuisme. Il
n'y a point d'état ânes déplorable
pour pouvoir être comparé à celui
où nous nous trouvions, abandon-
nez que nous étions d'un chacun,
dépourvûs de tout, & destituez de
conseil & de resolution , n'osant
pas même entrer dans les huttes des
Tart are s ; parce que Sur chou Qhan
nous avoit lui-même avertis, que
nous courrions risque d'être enle-
vez & vendus par ses Sujets 5 qui
peuvent impunément faire ce beau
trafic.
Le 17*. & Avril, ce malheur ar-
riva à un de nos Soldats, nommé
Guillaume Hqye Ecojfoïs, lequel
s'étant un peu trop éloigné du quar-
tier à l'entrée de la nuit, fut en-
levé par les Tartares, & ne re-
vint plus ; en sorte que nous n'en
pûmes jamais scavoir des nouvel-
les ? quelque recherche que nous
en fi siions ; nous sçûmes pourtant
depuis, qu'on l'avoit emmené dans
la forteresse de Sachur à cinq ou six
Heuës de Tarku.
Le même jour il nous arriva un
autre malheur, dans le temps que
nos gens s'amusoient à tirer de l'arc
pour se divertir; car nôtre Cano-
nier nommé Albert Stuck de Ham-
bourg s'étant approché de trop près
du blanc pour ramasser une ssèche >
un Valet Mofcovite le blesTa dans le
petit ventre?dont il mourut le len-
demain.
Le Valet Mofcovite témoigna un
regret si sensible de ce funeste acci-
dent, qu'il vouloit qu'on le fît mou-
rir ; mais l'affaire ayant été mise en
délibération, on trouva qu'il n'y
avoit point eu de desTein ; de sor-
te que le blesTé lui-même ayant in-
tercédé pour le pauvre Moscovite,
on le déclara innocent & on le re-
mit en liberté.
Nous enterrâmes le défunt se-
crettement par le conseil de quel-
ques femmes Tartares, qui étoient
Chrétiennes dans leur cœur, au lieu
où étoient nos chevaux, & nous
fîmes faire à la vûe de tout le mon-
de une autre folle hors du quartier,
MOSCOVIE, ïo68
dans laquelle on fit descendre un i6x%.
cercueuilvuide avec les cérémonies
accoûtumées ; & on en usa ainsi
parce qu'on étoit alTûré qu'après nô-
tre départ les Tartares feroient dé-
terrer le corps > pour le dépouiller
& le donner à manger aux chiens.
Il mourut aussi au camp des Am- Mort d'un
bassadeurs proche de Tarku unS^
riche Marchand Mofcovite. Sonlc*. ^
corps fut porté à Terki, où il fut
enterré au cimetière de ceux de sa
Religion.
Parmi toutes ces disgraces & af-Etac îaJ
Aidions, les Tartares ne laissoient des Am-
pas de nous obliger presque tousbaiTa£léU£S,
les jours à leur faire entendre nô-
tre musique, à laquelle ils prenoient
un smgulier plaisir; & nôtre état
dans cette occasion n'étoit guère
différent de celui des enfans dyIf
rael, lorsque leurs ennemis, qui
les avoient emmenez captifs en Ba-
hylone, les obligeoient à chanter les
hymnes sacrez de JV^ sur les bords
de XEuphrate.
Le 1. jour de Mai, nous dépê-tîntesd«
châmes deux Mofcovites à Sulthan
Mahmud , pour le prier de nous
iaisser parler librement. Nos deux
Mofcovites revinrent le lendemain
avec quatre Tartares, qui nous di-
rent de la part du Schemkal, qu'il
avoit été bien surpris d'entendre,
que Surkou Qhan le vouloit faire
passer dans nôtre esprit pour un in-
signe Voleur & pour un homme
sans foi. Qu'il ne lui avoit point
donné sujet de le traiter de la sor-
te, & qu'il trouveroit bientôt Foc-
casion de s'en ressentir. Pour c^°^sMe
qui étoit de nous? qu'il nous offroit aux Am-
tout son crédit & tous ses Su- bassadeUiS«
jets pour l'avancement & pour la
sureté de nôtre voyage, & que 11
nous ne nous pouvions pas resoudre
à nous fier en lui, il étoit prêt de
nous donner en otage trois des prin-
cipaux Seigneurs du pays > que nous
pourrions emmener avec nous, ou
les bisser auprès de Surkou Qhan,
jufqu'à ce que nous serions hors des
terres de sa jurisdistion.
Ces offres inesperées nous mirent
encore en doute de ce que nous
avions