d'Asira
chaa
1087 VOYAGE
1638. gauche, en nous éloignant un peu
de la Mer Qajfiieime. Ce sut une
chose étrange , & néanmoins très
Les désères véritable, qu'en onze jours deche*-
min nous ne vîmes ni ville, ni vil-
lage y ni arbre, ni colline, ni riviè-
re, (excepté celle du Kijîlar, con-
tre ce que l'on trouve marqué dans
toutes les Cartes Géographiques )
ni un seul oiseau; ce n'étoit qu'une
grande & vafte plaine, deferte, sa-
blonneuse, couverte çà & là d'un
peu d'herbe, & où l'on ne trou-
voit que des cloaques & des mares
d'eau salée ou croupie & puante.
Les Tarta-
res tuent
uude leurj
de MOSCO. VIE, io83
vers le soir nous vînmes camper au- 1538.
près d'une mare. Nos Charretiers
Tartases voyant qu'un de leurs che-
vaux alloit demeurer par le chemin
le pré vinrent, lui coupèrent la gor-chevaux*
ge , & le partagèrent entre eux. fon£
Sur le soir ils allumèrent un bon feucE
avec des brossailles & des roseaux
fecs, auprès duquel ils rôtirent leurs
quartiers de cheval & en sirent bon-
ne chère. Ils m'en donnèrent auffi
un morceau à goûter, & je trou-
vai que c'étoit comme de la chair
de bœuf bien dure.
Le 9e. nous sîmes sept lieues,
Nous ne sîmes ce jour-là que deux \ & vers le soir nous nous campâmes
lieues, & nous logeâmes le soir au-; auprès d'une mare, que le regor-
Méchante
boiflbn.
près
d'une de ces mares.
gement
de la
mer y aVoit
La rivière
du Kilîkr.
l'on lient.
Le s3- de Juin, nous campâmesj L'eau en étoit si mauvaife, auffi*
sur le bord de la rivière du Kifilar, ; bien que celle de toutes les autres , <
dont nous venons déparier, & qui;qu'il salloit fe boucher le nez en
eft la seule qui fe trouve entre Ter- la beuvant.
kï À Aftrachat. Le 1 oe, nous avançâmes encoreîau
Le 6e. nous fîmes six lieues, & sept lieues, jufqu'â un endroit Cou-
Rome que nous vînmes camper auprès d'une vert de rofeaux, où nous nous ar-
mare. Ces trois prémiers jours nous rétames, & où nous trouvâmes un
prîmes nôtre route en tirant vers peu d'eau douce, que le voifmage
XOueft-Nord-Qu'èft, les trois jours, du JVolga nous fournilToit.
d'après vers le Nord, & les jours Le 11 ".Juin, nous fîmes encore septIau p«*?-
suivans vers le Nord-Est & vers lieues , & nous vînmes camper letc'
Y Eft-Nord-Efl ^xxiqtià. la rivière du soir auprès d'une mare , que le
Wolga. Wolga y fait, quand il fe déborde.
Le 7e. nous sîmes iix lieues à L'eau n'en étoit pas falée, mais tou-
travers un grand marais, qui nous te croupie & tellement puante, qu'il
donna bien de la peine à palier, & n'y avoit pas moyen d'en boire.
Çrand ma-
lais.
Mouches
èc mou-
cherons
sort in-
commo-
des.
Pays sa-
blonneux.
où nos chevaux fuérent bien pour
s'en tirer. La chaleur & la foif
nous incommodèrent beaucoup ce
jour-là ; & outre cela nous fûmes
attaquez d'une quantité prodigieu-
fe de mouches, de moucherons, &
de guêpes, dont les hommes & les
chevaux eurent de la peine à fe ga-
rentir. Les chameaux , qui n'ont
point de queue pour chafTer ces in-
fectes, comme les chevaux,étoient
tous en fang & tous pleins de grof-
fes ampoulles.
Le 8e. Juin, nous partîmes avant
le jour, & après avoir fait quatre
lieues, nous nous arrêtâmes dans
un endroit fort fablonneux, pour
prendre nôtre résection & faire re-
paître nos chevaux. Après diner
nous fîmes encore quatre lieues, &
Ce même jour nous vîmes venir Dr°ousz*an
du côté d'Occident douze gros fan- gliers qui
gliers , qui traverférent au milieu "eSefu
de nôtre Caravane > & qui s'enfui-
rent vers la mer. Quelques Cava-
liers Tart are s leur donnèrent la,
chafTe pour fe divertir, & le mal-
heur voulut qu'il en vint pafTer deux
devant nôtre charrette. Les che-
vaux en prirent l'épouvante,Secou-
rurent de toute leur force à travers
champs ; de forte que le Médecin
& le Maître d'hôtel furent jettez
par terre avec le bagage. Le Sieur L'AuteuV
K ryy i • o • ° ° • / • r ertengrajwl
à'Vchtents & moi , qui étions fur danger,
le devant de la charrette , & qui
confierions, que nous ne pou-
vions point deseendre fans danger,
nous nous tînmes fermes, jufqu'à
ce que les chevaux n'en pouvant
plus
chaa
1087 VOYAGE
1638. gauche, en nous éloignant un peu
de la Mer Qajfiieime. Ce sut une
chose étrange , & néanmoins très
Les désères véritable, qu'en onze jours deche*-
min nous ne vîmes ni ville, ni vil-
lage y ni arbre, ni colline, ni riviè-
re, (excepté celle du Kijîlar, con-
tre ce que l'on trouve marqué dans
toutes les Cartes Géographiques )
ni un seul oiseau; ce n'étoit qu'une
grande & vafte plaine, deferte, sa-
blonneuse, couverte çà & là d'un
peu d'herbe, & où l'on ne trou-
voit que des cloaques & des mares
d'eau salée ou croupie & puante.
Les Tarta-
res tuent
uude leurj
de MOSCO. VIE, io83
vers le soir nous vînmes camper au- 1538.
près d'une mare. Nos Charretiers
Tartases voyant qu'un de leurs che-
vaux alloit demeurer par le chemin
le pré vinrent, lui coupèrent la gor-chevaux*
ge , & le partagèrent entre eux. fon£
Sur le soir ils allumèrent un bon feucE
avec des brossailles & des roseaux
fecs, auprès duquel ils rôtirent leurs
quartiers de cheval & en sirent bon-
ne chère. Ils m'en donnèrent auffi
un morceau à goûter, & je trou-
vai que c'étoit comme de la chair
de bœuf bien dure.
Le 9e. nous sîmes sept lieues,
Nous ne sîmes ce jour-là que deux \ & vers le soir nous nous campâmes
lieues, & nous logeâmes le soir au-; auprès d'une mare, que le regor-
Méchante
boiflbn.
près
d'une de ces mares.
gement
de la
mer y aVoit
La rivière
du Kilîkr.
l'on lient.
Le s3- de Juin, nous campâmesj L'eau en étoit si mauvaife, auffi*
sur le bord de la rivière du Kifilar, ; bien que celle de toutes les autres , <
dont nous venons déparier, & qui;qu'il salloit fe boucher le nez en
eft la seule qui fe trouve entre Ter- la beuvant.
kï À Aftrachat. Le 1 oe, nous avançâmes encoreîau
Le 6e. nous fîmes six lieues, & sept lieues, jufqu'â un endroit Cou-
Rome que nous vînmes camper auprès d'une vert de rofeaux, où nous nous ar-
mare. Ces trois prémiers jours nous rétames, & où nous trouvâmes un
prîmes nôtre route en tirant vers peu d'eau douce, que le voifmage
XOueft-Nord-Qu'èft, les trois jours, du JVolga nous fournilToit.
d'après vers le Nord, & les jours Le 11 ".Juin, nous fîmes encore septIau p«*?-
suivans vers le Nord-Est & vers lieues , & nous vînmes camper letc'
Y Eft-Nord-Efl ^xxiqtià. la rivière du soir auprès d'une mare , que le
Wolga. Wolga y fait, quand il fe déborde.
Le 7e. nous sîmes iix lieues à L'eau n'en étoit pas falée, mais tou-
travers un grand marais, qui nous te croupie & tellement puante, qu'il
donna bien de la peine à palier, & n'y avoit pas moyen d'en boire.
Çrand ma-
lais.
Mouches
èc mou-
cherons
sort in-
commo-
des.
Pays sa-
blonneux.
où nos chevaux fuérent bien pour
s'en tirer. La chaleur & la foif
nous incommodèrent beaucoup ce
jour-là ; & outre cela nous fûmes
attaquez d'une quantité prodigieu-
fe de mouches, de moucherons, &
de guêpes, dont les hommes & les
chevaux eurent de la peine à fe ga-
rentir. Les chameaux , qui n'ont
point de queue pour chafTer ces in-
fectes, comme les chevaux,étoient
tous en fang & tous pleins de grof-
fes ampoulles.
Le 8e. Juin, nous partîmes avant
le jour, & après avoir fait quatre
lieues, nous nous arrêtâmes dans
un endroit fort fablonneux, pour
prendre nôtre résection & faire re-
paître nos chevaux. Après diner
nous fîmes encore quatre lieues, &
Ce même jour nous vîmes venir Dr°ousz*an
du côté d'Occident douze gros fan- gliers qui
gliers , qui traverférent au milieu "eSefu
de nôtre Caravane > & qui s'enfui-
rent vers la mer. Quelques Cava-
liers Tart are s leur donnèrent la,
chafTe pour fe divertir, & le mal-
heur voulut qu'il en vint pafTer deux
devant nôtre charrette. Les che-
vaux en prirent l'épouvante,Secou-
rurent de toute leur force à travers
champs ; de forte que le Médecin
& le Maître d'hôtel furent jettez
par terre avec le bagage. Le Sieur L'AuteuV
K ryy i • o • ° ° • / • r ertengrajwl
à'Vchtents & moi , qui étions fur danger,
le devant de la charrette , & qui
confierions, que nous ne pou-
vions point deseendre fans danger,
nous nous tînmes fermes, jufqu'à
ce que les chevaux n'en pouvant
plus