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Société de l'Histoire de l'Art Français [Editor]
Bulletin de la Société de l'Histoire de l'Art Français — 1922

DOI article:
Jamot, Paul: Sur la date d'un tableau d'Ingres et sur le titre d'un tableau de Delacroix
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https://doi.org/10.11588/diglit.19273#0335

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du xve siècle. Mais le cas est assez rare. De bonne heure,
l’épisode auquel s’attachent les artistes, peintres, enlumi-
neurs, sculpteurs, c’est le combat du saint avec un dra-
gon, combat dont nous trouvons déjà le récit dans la
Légende dorée de Jacques de Voragine. Le lieu même de
la scène est changé. On ne nous parle plus de la Cappa-
doce, mais de la Libye, d’une ville voisine d’un étang où
habitait un monstre. Quand il n’y eut plus de brebis pour
satisfaire la voracité du monstre, on sacrifia des victimes
humaines et il arriva que le sort tomba sur la propre fille
du roi. Elle s’en va, parée de ses vêtements royaux. Saint
Georges la rencontre, lui demande la cause de ses larmes.
« Brave chevalier, ne cherche pas à mourir avec moi; il
suffit que seule je périsse ». Au même instant, le monstre
sort de l’eau. « Fuis au plus vite, chevalier! » s’écrie la
vierge. Mais saint Georges fait le signe de la croix et
s’avance au-devant du monstre, en se recommandant à
Jésus-Christ, qui lui donne aussitôt la victoire. Alors il
dit à la fille du roi de passer sa ceinture autour du cou
du monstre et celui-ci la suit comme le chien le plus
doux.

Gomment l’officier héroïque et martyr s’est-il transformé
en un pourfendeur de monstres? Le dragon, qu’il soit de
Cappadoce ou d’ailleurs, peut être tenu pour une incar-
nation de Satan. C’est l’esprit du mal, c’est le péché,
c’est l’erreur et l’idolâtrie. A côté de la princesse qui va
être sauvée par le généreux chevalier, on voit quelquefois
paraître son père et sa mère, sur une terrasse de leur
palais. Mais la princesse n’est ni enchaînée à un rocher,
ni nue, comme Andromède et Angélique. Elle est vêtue
de ses beaux atours et, le plus souvent, prie, tandis que
le saint livre combat.

On comprend néanmoins qu’une légende dont les élé-
ments plastiques sont un héros guerrier, un monstre et
une princesse ait inspiré aux peintres des compositions
peu différentes de celles où ils évoquaient le souvenir de
Persée et d’Andromède ou celui de Roger et d’Angélique.
Il y a eu contamination entre les trois légendes.

Tel est le cas du petit tableau appartenant au Louvre.
Le chevalier qui perce le monstre de sa lance est bien un
 
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