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Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels <Brüssel> [Hrsg.]
Bulletin des Musées Royaux des Arts Décoratifs et Industriels — 2.1902/​3(1903)

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No 12 (1903)
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https://doi.org/10.11588/diglit.24672#0098
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92

BULLETIN DES MUSÉES ROYAUX

UN HEAUME DE JOUTE,

A L'ÉPREUVE.

AU cours d’un article paru dans l’avant dernier
numéro du Bulletin, nous avons signalé,
nous appuyant sur la magistrale étude de M. Char-
les Buttin, l’une des deux manières dont se poin-
çonnaient les pièces d'armures qui avaient été
soumises à la double épreuve. Dans cette pre-
mière façon de faire, l’armurier se contentait, en
vertu des bans et ordonnances de l’époque, d’ap-
pliquer deux fois son sigle.

Une autre façon d’indiquer qu’une armure ou
un casque avaient subi la double épreuve, c’est-à-
dire l’épreuve de l’arbalète à tour, consistait à faire
figurer aussi deux fois le poinçon de l’armurier,
mais en faisant surmonter cette double empreinte
d’un troisième poinçon. C’est le cas pour la défense
de tête qui fait l’objet de cet article,
et sur laquelle est frappée la marque
ici reproduite (Musée de la porte de
Hal, série II, n° 39).

Cette marque serait, d’après
M. Boeheim, le regretté conserva-
teur du musée d’armures de Vienne,
celle de Jacques Voys, « Plattner » bruxellois,
qui travailla pour Philippe le Beau.

La couronne qui surmonte les deux globes cru-
cifères pourrait avoir trait à la qualité d’armurier
royal de Jacques Voys. Mais ceci n’est toutefois
qu’une hypothèse.

Le casque dont il est question est un heaume
de joute, de la forme dite « à tête de crapaud » ;
il est formé de trois pièces d’acier battu coupées
en festons et assemblées par de forts rivets dont
on voit les têtes. Il s’attachait au plastron par un
moraillon, qui fait défaut, mais dont la charnière
à goupilles ouvragée à fleurons existe encore. Ce
moraillon était percé d’yeux à l’aide desquels il
était fixé au plastron, soit par un goujon à pivot,
soit par une forte vis. D’autre part, une patte
fixait la queue du timbre à la dossière ; elle fait
également défaut, mais on retrouve les trois trous
des rivets qui y maintenaient la charnière.

La vue est ménagée par une ouverture trans-
versale qui est l’intervalle laissé entre le bec relevé
du timbre et la partie supérieure du mézail.

En se lançant contre son adversaire, le jouteur
se dressait sur ses étriers, s’arc-boutait contre le
troussequin de sa selle et penchait le corps en
avant. Cette position du cavalier explique la raison
pour laquelle la vue est placée dans la partie supé-
rieure du heaume. Celui-ci est construit néanmoins
de telle sorte qu’il est difficile, sinon impossible, à
l’antagoniste de rompre sa lance en visière.

L’ouverture rectangulaire dont la partie droite

du mézail est percée permettait au jouteur de
sonner du huchet.

Ce heaume pèse 10 kilos 070. Ce poids con-
sidérable portait tout entier sur les épaules, et

ses dimensions étaient telles que la tête du jou-
teur pouvait s’y mouvoir à l’aise. « Les propor-
tions exagérées du heaume, dit René de Belleval,
le premier transcripteur et commentateur du
traité anonyme du costume militaire des Français,
en 1446 (1), par rapport au reste de l’armure,
avaient pour but de permettre au jouteur d’éviter
les contusions causées par les chocs et de tourner
librement la tête pour voir autour de lui ». « La
pièce dessusditte qui orne le visaige, dit l’auteur
anonyme de ce traité, est voluntiers large et des-
tendant presque dune venue jusques à la gorge, ou
plus bas, affin qu’elle ne soit pas si près des visaiges
quant les cops de lance y prennent » (2).

Le musée de Bruxelles possède deux casques de
cette espèce ; le plastron de l’armure à laquelle
appartient le second est poinçonné de la pomme
de pin d’Augsbourg. '

Edgar de Prelle de la Nieppe. 1 2

(1) Du costume militaire des Français en 1446, p. 56.

(2) Ibidem, p. 7.
 
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