1864. — N° 73.
BUREAUX, 55, RUE V1VIENNE.
20 août.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Les Abonnes à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.
PARIS ET DEPARTEMENTS 1
Un an.io fr. | Six mois.6 fr.
DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES
A LA SUITE DU SALON DE 1861).
La fondation d’un prix de 100,000 francs
pour récompenser l’œuvre d’art la plus im-
portante, produite de 1864 à 1869, est un
fait capital dans les annales des arts. Depuis
bien des années, à chaque exposition, nous
avions à constater le nombre toujours crois-
sant des artistes cultivant avec talent les
genres secondaires, tandis que le grand art
comptait de jour en jour moins d’adhérents,
et penchait manifestement à se rapprocher
du genre anecdotique. La formation rapide
d’immenses fortunes doit être pour beau-
coup dans cette tendance. Si la France pos-
sède un nombre considérable de curieux
au goût fin et délicat, disposés à payer
chèrement des œuvres agréables, elle pos-
sède peu, malheureusement, d’amateurs
au goût sévère et cultivé, susceptibles de
s’éprendre pour des œuvres fortes mais dé-
pourvues de charme. Nul doute que le prix
de 100,000 fr. fondé par l’Empereur, ne
donne de grands résultats, car s'il ne dépend
ni des personnes ni des institutions de faire
naître les génies, il dépend singulièrement
de l’État et des souverains de provoquer des
efforts salutaires de la part des artistes et
d’élever le niveau du goût public en mon-
j trant à tous d’une manière éclatante quel est
l’art vraiment digne des récompenses natio-
| nales. Aussi la proclamation de cette fonda-
j tion de l’Empereur a-t-elle été couverte
par les applaudissements unanimes des ar-
tistes et des amateurs réunis en grand nom-
bre, dans la grande salle du Louvre, pour
assister à la distribution des récompenses
accordées à la suite du Salon de 186û et des
médailles données aux élèves de l’École des
beaux-arts.
Nous détachons les principaux passages
du discours prononcé par M. le maréchal
Vaillant, ministre de la maison de l’Empe-
reur et des Beaux-Arts.
...Dans la peinture, il est vrai, nulle œuvre
n’a paru mériter une médaille d’honneur; mais
je crois traduire fidèlement le verdict de vos
juges en avançant qu’il n’en reconnaît pas moins
l’importance de vos œuvres considérées dans
leur ensemble ; la critique la plus sévère serait
même forcée de reconnaître que certains côtés
de la peinture ont rarement fait preuve d’autant
de sentiment, d’observation, d’intelligence et de
talent; mais toujours est-il (car je parle à des
hommes qui veulent entendre la vérité) que si le
niveau général des œuvres de peinture s’est plus
que maintenu, nous n’avons point vu apparaître
l’œuvre exceptionnelle, la grande œuvre dans
toute l’acception du mot. Cette lacune, dont le
sentiment public commence à se préoccuper, ne
sera que passagère, je n’en doute pas, et j’ai la
confiance que vous saurez la combler, en diri-
BUREAUX, 55, RUE V1VIENNE.
20 août.
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DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES
A LA SUITE DU SALON DE 1861).
La fondation d’un prix de 100,000 francs
pour récompenser l’œuvre d’art la plus im-
portante, produite de 1864 à 1869, est un
fait capital dans les annales des arts. Depuis
bien des années, à chaque exposition, nous
avions à constater le nombre toujours crois-
sant des artistes cultivant avec talent les
genres secondaires, tandis que le grand art
comptait de jour en jour moins d’adhérents,
et penchait manifestement à se rapprocher
du genre anecdotique. La formation rapide
d’immenses fortunes doit être pour beau-
coup dans cette tendance. Si la France pos-
sède un nombre considérable de curieux
au goût fin et délicat, disposés à payer
chèrement des œuvres agréables, elle pos-
sède peu, malheureusement, d’amateurs
au goût sévère et cultivé, susceptibles de
s’éprendre pour des œuvres fortes mais dé-
pourvues de charme. Nul doute que le prix
de 100,000 fr. fondé par l’Empereur, ne
donne de grands résultats, car s'il ne dépend
ni des personnes ni des institutions de faire
naître les génies, il dépend singulièrement
de l’État et des souverains de provoquer des
efforts salutaires de la part des artistes et
d’élever le niveau du goût public en mon-
j trant à tous d’une manière éclatante quel est
l’art vraiment digne des récompenses natio-
| nales. Aussi la proclamation de cette fonda-
j tion de l’Empereur a-t-elle été couverte
par les applaudissements unanimes des ar-
tistes et des amateurs réunis en grand nom-
bre, dans la grande salle du Louvre, pour
assister à la distribution des récompenses
accordées à la suite du Salon de 186û et des
médailles données aux élèves de l’École des
beaux-arts.
Nous détachons les principaux passages
du discours prononcé par M. le maréchal
Vaillant, ministre de la maison de l’Empe-
reur et des Beaux-Arts.
...Dans la peinture, il est vrai, nulle œuvre
n’a paru mériter une médaille d’honneur; mais
je crois traduire fidèlement le verdict de vos
juges en avançant qu’il n’en reconnaît pas moins
l’importance de vos œuvres considérées dans
leur ensemble ; la critique la plus sévère serait
même forcée de reconnaître que certains côtés
de la peinture ont rarement fait preuve d’autant
de sentiment, d’observation, d’intelligence et de
talent; mais toujours est-il (car je parle à des
hommes qui veulent entendre la vérité) que si le
niveau général des œuvres de peinture s’est plus
que maintenu, nous n’avons point vu apparaître
l’œuvre exceptionnelle, la grande œuvre dans
toute l’acception du mot. Cette lacune, dont le
sentiment public commence à se préoccuper, ne
sera que passagère, je n’en doute pas, et j’ai la
confiance que vous saurez la combler, en diri-