La chronique des arts et de la curiosité (1876)

No 4. _ 1876.

BUREAUX, 3, RUE LAFFITTE.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN

Les abonnés à une année entière de la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement
la Chronique des Arts et de la Curiosité.

PARIS ET DÉPARTEMENTS :

Un an. 12 fr. j Six mois. ....... 0 4 8 fr.

AVIS IMPORTANT

L’administration du journal a fait tirer, avec
grand soin, sur Chine volant, quelques exem-
plaires des quinze dessins inédits de Pils pu-
bliés dernièrement dans la Gazette des Beaux-
Arts. Prix de Vensemble 12 fr. On ne vend pas
d'épreuve séparée. Les dessins de Gavarni, tirés
de la même manière et au même nombre, sont
également en vente au prix de 12 fr.

Exposition de Pils

a l’école des beaux-arts

L’exposition des œuvres de Pils est, depuis
huit jours déjà, ouverte à l’Ecole des Beaux-
Arts. Ces sortes d’expositions posthumes, qui
semblent désormais être entrées dans nos
mœurs, présentent réellement un intérêt
extrême. Il n’en est pas de si humble qui ne
devienne, par un certain côté, une révélation.
Elles rendent pour ainsi dire un jugement
solennel sur celui qui a été loué ou critiqué,
contesté ou applaudi de son vivant, et le met-
tent d’un coup à son véritable rang.

Pils, par la nature de .son talent, a été à
l’abri de l’extrême louange comme de l’ex-
trême critique. Il avait cependant, à un degré
qui devient de plus en plus rare par le temps
qui court, quelques-unes des qualités fortes
du véritable artiste : l’honnêteté, la convic-
tion, la sincérité dans le travail. Aussi Pils se
trouve-t-il grandi par son exposition posthume;
du moins l'on ne contestera pas que le peintre
si français de la Bataille de VAlma ne s’y af-
firme comme l’un des premiers aquarellistes

de ce siècle. On savait sa valeur dans ce sens,
on ne la savait ni si grande ni si complète. Il
va de pair avec les Lami et les Decamps ; il
est presque l’égal de Régnault, le maître des
maîtres en ce genre. S’il n’a pas le ragoût de
Fortuny, il a plus de simplicité et plus de
franchise ; son art est plus sain, plus libre et
plus expérimenté. Il est plus aquarelliste à la
manière anglaise, partant mieux dans la vraie
forme de la peinture à l’eau. Il a —■ ce qui est
dans cet art la condition exclusive de durée —
l’éclat et la limpidité du ton ; il a aussi, ce qui
est le charme, la rapidité de la touche. En ce
sens, les plus merveilleuses sont celles que
l’on ne connaissait pas, c’est-à-dire toutes les
études faites d’après nature, dont il avait tou-
jours eu le souci de ne pas se défaire et qu’il
avait conservées dans sa demeure. Il y a là de
purs chefs-d’œuvre et notamment toute la
série des vues de la place Pigalle, qu’il fit de
la fenêtre de son atelier, pendant les jours
lugubres de la Commune. Toute cette série,
avec celle qu’il exécuta pendant ses gardes
aux remparts, restera l’un des plus grands
titres d’honneur de Pils.L’homme et l’œuvre ont
été trop bien jugés, dans la Gazette, par notre
collaborateur et ami,M.Clément de Ris,pour que
nous ayons à revenir sur le détail des travaux
de Pils. Nous voulons seulement, en signa-
lant cette remarquable exposition, insister sur
la note qu’y donne le peintre-aquarelliste.
Nous laissons à notre lecteur le plaisir de
marcher à la. découverte dans le pêle-mêle
chatoyant de ses deux cent douze aquarelles.

Il retrouvera là aussi les peintures les plus
importantes de Pils : le Rouget de l’Isle chcm-
tantpour la première fois la Marseillaise (1849),
la Mort d’une sœur de charité (1850), la Prière
à l’hospice (1853), le Débarquement des troupes
françaises à Eupatoria (1857), la Bataille de
l’Alma (1861), et les esquisses des peintures du
nouvel Opéra (1875).

Louis Gonse.