ET DE LA CURIOSITÉ
119
couverte d’hier, plus admissible que celle de
M. Ch. Blanc (1635).
Il y a là, non-seulement pour le prince qui
possède actuellement ce tableau de 1647, cata-
logué comme étant de 1667, mais encore pour
les experts, les artistes, les amateurs et tous
ceux qui s’occupent d’art un point important
à éclaircir.
NOUVELLES
¥*¥ La salie du Plafond d’Homère, au Mu-
sée du Louvre, est fermée depuis quelques
jours. Les ouvriers sont occupés à détacher la
copie, faite parles frères Balze, de 1 ’Apothéose
d’Homère, de M. Ingres, qui décore le plafond
de cette salle. Cette toile doit être transportée
pour quelque temps à la manufacture des
Gobelins où elle va être reproduite en tapis-
serie.
On sait que l’original, après avoir figuré
pendant dix ans au Musée du Luxembourg,
en a été rapporté en 1873 et est exposé main-
tenant au Louvre, dans les salles dites du
second étage. Le public ne sera donc pas
privé de la vue de ce chef-d’œuvre de l’Ecole
contemporaine.
M. Signol, membre de l’Institut, vient
de terminer, dans l’église de Saint-Sulpice, le
travail dont il s’occupait depuis douze ans. Ce
travail consiste en quatre tableaux mesurant
neuf mètres de hauteur sur cinq de largeur,
et occupant les quatre parois du transsept de
l’église. La décoration du bras gauche était
livrée au public depuis 1872. C’est celle du
bras droit que M. Signol vient d’achever. Ces
deux tableaux représentent, l’un, Jésus-Christ
sortant du tombeau; l’autre , l'Ascension de
Jésus-Christ Nous reviendrons plus au long
sur ce travail qui fait le plus grand honneur
à M. Signol, et nous l’examinerons dans ses
détails avec le soin qu’il mérite. Mais dès
aujourd’hui nous croyons devoir signaler le
Christ sortant du tombeau comme une des
figures les mieux trouvées et les plus impres-
sionnantes de la peinture contemporaine.
¥*¥ Le Journal officiel du 26 de ce mois donne
d’intéressants détails au sujet d’un nouveau
pont jeté sur le Danube pour relier la ville de
Pesth à la ville de Bude. La construction de
cet important ouvrage fait le plus grand hon-
neur à l’industrie française. En effet, c’est la
maison Ernest Gouin et Cie qui fut, en 1872,
chargée de cette entreprise par le gouverne-
ment hongrois, à la suite d’un concours dans
lequel trente-cinq projets furent présentés
par des constructeurs des divers pays d’Eu-
rope.
Le pont est composé de six travées en arc
surbaissé d’une portée de près de 100 mètres
chacune; sa largeur est de 17 mètres ; les pi-
les, construites en granit de Bavière, sont or-
nées, à l’amont et à l’aval, de statues monu-
mentales.
Tous les travaux ont été exécutés et con-
duits par le personnel de l’établissement de
l’avenue de Clichy : ingénieurs qui ont fait le
projet, ouvriers qui ont fabriqué et posé les
arcs en fer, architecte et sculpteurs qui ont
étudié et exécuté la partie ornementale, fon-
deurs qui ont livré les candélabres et appa-
reils d’éclairage, tous sont de Paris, et néan-
moins ce grand travail, exécuté à 500 lieues
de nous, a été conduit avec autant de régula-
rité et de précision que s’il eût été exécuté au
quai du Louvre.
M. Collin, sous-chef d’atelier aux Gobe-
lins, vient d’être nommé chef en remplace-
ment de M. Meunier, décédé l’an dernier.
■—— —»
l’exposition de la rue le peletier
Lepetitgroupe d’artistes que l’on définit d’or-
dinaire dans la presse sous le nom à!impres-
sionnistes — un néologisme qui n’a pas été ad-
mis encore par Littré — vient d’ouvrir une
exposition dans les galeries de M. Durand-
Buel, rue Le Peletier. A dire vrai, nous igno-
rons les doctrines de cette école, si tant est
qu’elle ait une doctrine; nous croyons seule-
ment démêler quelle professe un mépris pro-
fond pour les moyens enseignés, et qu’elle pré-
tend subordonner absolument la pratique ma-
térielle à l’effet. L’exposition actuelle produira
dans le public un tout autre sentiment que la
précédente : on n’y rencontre rien qui puisse
raisonnablement provoquer le rire ou l’indi-
gnation des visiteurs, et il n’est pas difficile,
au contraire, d’y découvrir dans beaucoup
d’œuvres exposées la manifestation d’un talent
très-réel. Sous certains rapports, il nous a
semblé que ces artistes intransigeants — on
les désigne encore sous ce vocable — transi-
geaient avec les règles du bon sens et du goût,
et qu’ils ne dédaignaient plus autant de ren-
forcer l’impression sensorielle qu’ils poursui-
vent d’un effort intellectuel : on reconnaît çà
et là des recherches de composition, d’harmo-
nie dans les lignes, auxquelles ils ne nous
avaient pas habitués.
Le succès paraît être pour un nouveau venu,
M. Caillebote. De son exposition très-nom-
breuse, nous retiendrons quatre toiles : LePùi-
niste, les deux tableaux des Parqueteurs à l'ou-
vrage et de l'Homme à la fenêtre L Toute l’in-
transigeance de M. Caillebote consiste à voir
les scènes qu’il représente sous une perspective
bizarre ; comme peintre et comme dessinateur,
il rentre sans vergogne dans les rangs des con-
servateurs de la bonne école, celle du savoir,
où il recevra certainement le meilleur accueil.
M. Claude Monet expose une grande toile re-
1. Le Catalogue n’étant pas fait au moment où
nous écrivons; nous ne garantissons pas l’exacti-
tude des désignations.
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couverte d’hier, plus admissible que celle de
M. Ch. Blanc (1635).
Il y a là, non-seulement pour le prince qui
possède actuellement ce tableau de 1647, cata-
logué comme étant de 1667, mais encore pour
les experts, les artistes, les amateurs et tous
ceux qui s’occupent d’art un point important
à éclaircir.
NOUVELLES
¥*¥ La salie du Plafond d’Homère, au Mu-
sée du Louvre, est fermée depuis quelques
jours. Les ouvriers sont occupés à détacher la
copie, faite parles frères Balze, de 1 ’Apothéose
d’Homère, de M. Ingres, qui décore le plafond
de cette salle. Cette toile doit être transportée
pour quelque temps à la manufacture des
Gobelins où elle va être reproduite en tapis-
serie.
On sait que l’original, après avoir figuré
pendant dix ans au Musée du Luxembourg,
en a été rapporté en 1873 et est exposé main-
tenant au Louvre, dans les salles dites du
second étage. Le public ne sera donc pas
privé de la vue de ce chef-d’œuvre de l’Ecole
contemporaine.
M. Signol, membre de l’Institut, vient
de terminer, dans l’église de Saint-Sulpice, le
travail dont il s’occupait depuis douze ans. Ce
travail consiste en quatre tableaux mesurant
neuf mètres de hauteur sur cinq de largeur,
et occupant les quatre parois du transsept de
l’église. La décoration du bras gauche était
livrée au public depuis 1872. C’est celle du
bras droit que M. Signol vient d’achever. Ces
deux tableaux représentent, l’un, Jésus-Christ
sortant du tombeau; l’autre , l'Ascension de
Jésus-Christ Nous reviendrons plus au long
sur ce travail qui fait le plus grand honneur
à M. Signol, et nous l’examinerons dans ses
détails avec le soin qu’il mérite. Mais dès
aujourd’hui nous croyons devoir signaler le
Christ sortant du tombeau comme une des
figures les mieux trouvées et les plus impres-
sionnantes de la peinture contemporaine.
¥*¥ Le Journal officiel du 26 de ce mois donne
d’intéressants détails au sujet d’un nouveau
pont jeté sur le Danube pour relier la ville de
Pesth à la ville de Bude. La construction de
cet important ouvrage fait le plus grand hon-
neur à l’industrie française. En effet, c’est la
maison Ernest Gouin et Cie qui fut, en 1872,
chargée de cette entreprise par le gouverne-
ment hongrois, à la suite d’un concours dans
lequel trente-cinq projets furent présentés
par des constructeurs des divers pays d’Eu-
rope.
Le pont est composé de six travées en arc
surbaissé d’une portée de près de 100 mètres
chacune; sa largeur est de 17 mètres ; les pi-
les, construites en granit de Bavière, sont or-
nées, à l’amont et à l’aval, de statues monu-
mentales.
Tous les travaux ont été exécutés et con-
duits par le personnel de l’établissement de
l’avenue de Clichy : ingénieurs qui ont fait le
projet, ouvriers qui ont fabriqué et posé les
arcs en fer, architecte et sculpteurs qui ont
étudié et exécuté la partie ornementale, fon-
deurs qui ont livré les candélabres et appa-
reils d’éclairage, tous sont de Paris, et néan-
moins ce grand travail, exécuté à 500 lieues
de nous, a été conduit avec autant de régula-
rité et de précision que s’il eût été exécuté au
quai du Louvre.
M. Collin, sous-chef d’atelier aux Gobe-
lins, vient d’être nommé chef en remplace-
ment de M. Meunier, décédé l’an dernier.
■—— —»
l’exposition de la rue le peletier
Lepetitgroupe d’artistes que l’on définit d’or-
dinaire dans la presse sous le nom à!impres-
sionnistes — un néologisme qui n’a pas été ad-
mis encore par Littré — vient d’ouvrir une
exposition dans les galeries de M. Durand-
Buel, rue Le Peletier. A dire vrai, nous igno-
rons les doctrines de cette école, si tant est
qu’elle ait une doctrine; nous croyons seule-
ment démêler quelle professe un mépris pro-
fond pour les moyens enseignés, et qu’elle pré-
tend subordonner absolument la pratique ma-
térielle à l’effet. L’exposition actuelle produira
dans le public un tout autre sentiment que la
précédente : on n’y rencontre rien qui puisse
raisonnablement provoquer le rire ou l’indi-
gnation des visiteurs, et il n’est pas difficile,
au contraire, d’y découvrir dans beaucoup
d’œuvres exposées la manifestation d’un talent
très-réel. Sous certains rapports, il nous a
semblé que ces artistes intransigeants — on
les désigne encore sous ce vocable — transi-
geaient avec les règles du bon sens et du goût,
et qu’ils ne dédaignaient plus autant de ren-
forcer l’impression sensorielle qu’ils poursui-
vent d’un effort intellectuel : on reconnaît çà
et là des recherches de composition, d’harmo-
nie dans les lignes, auxquelles ils ne nous
avaient pas habitués.
Le succès paraît être pour un nouveau venu,
M. Caillebote. De son exposition très-nom-
breuse, nous retiendrons quatre toiles : LePùi-
niste, les deux tableaux des Parqueteurs à l'ou-
vrage et de l'Homme à la fenêtre L Toute l’in-
transigeance de M. Caillebote consiste à voir
les scènes qu’il représente sous une perspective
bizarre ; comme peintre et comme dessinateur,
il rentre sans vergogne dans les rangs des con-
servateurs de la bonne école, celle du savoir,
où il recevra certainement le meilleur accueil.
M. Claude Monet expose une grande toile re-
1. Le Catalogue n’étant pas fait au moment où
nous écrivons; nous ne garantissons pas l’exacti-
tude des désignations.