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La chronique des arts et de la curiosité — 1881

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Nr. 4 (22 Janvier)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17397#0032
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LA CHRONIQUE DES ARTS

C'est pour donner suite à ce vœu que j'ai in-
vité tous les artistes français dont le nom est
inscrit sur les livrets du Salon à nommer un co-
mité de 90 membres, et que je viens aujourd'hui
vous confirmer, au nom de M. le ministre, les
pouvoirs qui vous sont donnés par l'élection de
vos confrères.

La mission que vous avez à remplir est simple
et précise. Vous avez à prendre en main la ges-
tion libre et entière, matérielle et artistique, des
expositions annuelles au lieu et place de l'admi-
nistration.

L'Etat n'interviendra plus daus vos affaires
qu'à titre gracieux, si vous le désirez, pour la
concession temporaire d'un local dans les condi-
tions déjà f.iites à d'autres sociétés.

Vous aurez tous les bénéfices de l'entreprise ;
vous en aurez, comme il est juste, toutes les
charges aussi. Les recettes seront encaissées par
vous, les dépenses seront réglées par vous, vous
serez seuls les maîtres de fixer le nombre et la
valeur des récompenses que vous jugerez à pro-
pos de décerner au nom de votre association.
S'il y a quelques difficultés dans une première
organisation, elles sont moindres qu'on ne se
l'imagine ; en tout cas, ce ne sont point des diffi-
cultés de nature à effrayer une association qui
compte dans son sein tant d'hommes supérieurs,
accoutumés à diriger des entreprises autrement
longues et compliquées, ni à vous faire renoncer
aux avantages considérables d'une liberté qui per-
mettra à votre corporation de couquérir, en peu
de temps, une situation aussi indépendante que
celle dont jouissent déjà, grâce à des efforts pa-
reils, la Société des gens de lettres et celle des
auteurs dramatiques.

Vous avez encore tout le temps nécessaire pour
vous organiser, c'est-à-dire pour établir votre
acte de société, choisir votre conseil d'adminis-
tration, former votre capital social, élaborer votre
règlement, nommer votre personnel. Il suffit que
vous soyez prêts à agir.

Dès que vous m'aurez présenté vos proposi-
tions, je m'empresserai de les soumettre à M. le
ministre de l'instruction publique et des beaux-
arts, à M. le ministre des travaux publics et à
M. le ministre des finances, qui auront, chacun en
ce qui le concerne, à prendre les mesures néces-
saires, et qui seront heureux, j'en suis assuré, de
prêter leur concours le plus bienveillant à votre
initiative. Je vous prie de me faire counaître les
décisions que vous aurez prises le 31 janvier au
plus tard.

Ai-je besoin d'ajouter que le concours de l'ad-
ministration dans les questions d'un ordre géné-
ral élevé, vous fera d'autant moins défaut que
son intervention n'aura plus à s'exercer dans des
questions inférieures de détail ? La franchise avec
laquelle je vous parle doit vous être un sûr ga-
rant de l'intérêt que je vous porte. Si l'Etat re-
prend sa liberté, en vous rendant la vôtre, ce
n'est point pour se séparer de vous. Notre con-
viction profonde est que nous marcherons d'au- \
tant mieux d'accord que nous marcherons plus j
librement côte à côte, et que la dignité des ar- j
tistes, aussi bien que celle de l'Etat, sera mieux
sauvegardée par l'exacte définitiou de leurs rôles
respectifs. Le soin de faire des acquisitions et des
commandes utiles à nos musées et édifices pu-
blics, celui de désigner au président de la Répu-

blique les artistes éminents qui méritent des dis-
tinctions honorifiques, nous paraît une tâche assez
honorable à accomplir pour que nous n'en dési-
rions pas d'autre.

Je suis, d'ailleurs, tout à fait rassuré sur l'issue
de vos délibérations par la composition de votre
comité; le suffrage intelligent des artistes ne pou-
vait confier le so:n de diriger leurs affaires à des
maîlres plus respectés ni à de plus dignes con-
frères; vos résolutions auront une gravité et une
autorité qui s'imposeront à tous. L'expérience a
suffisamment démontré qu'il n'y avait point de
transactions possibles entre la gestion complète
par l'Etat ou la gestion libre par les artistes.

La commission d'artistes chargée d'élaborer
le règlement du Salon a composé ses bureaux
de la façon suivante :

Section de peinture: M. Cabanel, président;
MM. Bonnat et Français, vice-présidents;
MM. Vuillefroy et Humbeit, secrétaires.

Section de sculpture : M. Cavelier. prési-
dent; M. J. Thomas, vice-président; MM. Mil-
let et Mathurin Moreau, secrétaires.

Section d'aichitecture : M. Boeswillwald, pré-
sident; M. Ballu, vice-président; MM. de Bau-
dot et Brune, secrétaires.

Section de gravure : M. Jules Laurens, pré-
sident; M. Bracquemond, vice-président;
M. Rousseau, secrétaire.

Ajoutons qu^ la commission a désigné pour
son président général M. E. Guillaume.

La commission a nommé une sous-commis-
sion composée de MM. Détaille, Mazerolles.
Bu^-son, Protais, Bastien-Lepage, peintres ;
Dubois, Fremiet, Barrias, sculpteurs ; Gilbert,
graveur, et Vaudremer, architecte. Cette sous-
commission est chargée de faire sur le règle-
ment un travail préparatoire destiné à être
soumis à la commission dans une séance gé-
nérale qui aura probablement lieu le 31 jan-
vier prochain.

La majeure partie des jurés élus, 45 sur 50
dans la section de peinture, ayant accepté par
avance au programme d'organisation rédigé
dans différentes réunions d'artistes avant le
scrutin, on peut regarder comme certaine
l'adoption de ce projet dont voici les princi-
pales dispositions :

Toutes les œuvres seront soumises à l'examen
du jury.

Le nombre des œuvres admises ne pourra dé-
passer 2.500 au maximum.

Chaque artiste aura le droit d'exposer deux
toiles seulement.

Les médailles sont maintenues et seront décer-
nées par le jury.

Le procès-verbal des séances sera publié. Pour
le scrutin des récompenses, le vote sera rendupn-
blic.

Chaque artiste sera averti à la fois de la récep-
(ionde ses œuvres et du numéro qu'elles auront
obtenu en vue du placement.

La médaille d'honneur est décernée par le suf-
frage de tous '.es exposants de l'aunée appelés à
voter.

Quant à l'organisation matérielle du Salon,
rien n'est encore décidé; la commission va se
 
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