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La chronique des arts et de la curiosité — 1881

DOI issue:
Nr. 32 (15 Octobre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17397#0261
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ET DE LÀ CURIOSITE 255

byen (plus haut il était grec) auquel ou doit cet
Adonis a jugé à propos de choisir pour modèle d'un
dieu crépusculaire le type très fidèlement reudu d'un
enfant mulâtre (est-ce nègre ou mulâtre?). C'est
ce que démontrent clairement FépaQouissement
des lèvres, la proéminence des pommettes, le tra-
vail des cheveux, et surtout certaines particulari-
tés anatomiques (lesquelles?) du torse. L'expres-
sion méditative (!) du visage le rapproche infini-
ment davantage des Christs enfants de la Renais-
sance que des Eros grecs, et cela tient à ce qu'il
était à la fois l'inventeur de toute science et le
rédempteur de l'humanité. Aussi est-il figuré sur
beaucoup de monuments par un agneau, et alors
il prend le titre K. R. P. Z. (! !), l'agneau purifi-
cateur. Il correspond au signe du Bélier.

Voilà ce que l'Etat couvre de son haut pa-
tronage, investit de sa confiance et présente à
la crédulité du public, en lui demandant, il
est vrai, un franc à la porte!

Si nos lecteurs trouvaient notre jugement
trop dur, nous nous empresserions de les ren-
voyer au procès-verbal, "beaucoup plus sévère
encore, de la dernière séance de la Société
des Antiquaires, ou aux conclusions, plus en-
veloppées mais non moins nettes, de l'Acadé-
mie des Inscriptions.

C'est parce que nous voudrions que le gou-
vernement se garât de ces complaisances com-
promettantes que nous avons attaché autant
d'importance à cette aventure. 11 a mieux à
faire et, sa sollicitude artistique a de quoi s'em-
ployer.

L'expédition de Kairouan se prépare ; Kai-
rouan la ville sainte, la ville inviolée, la ville
aux antiques mosquées (la tradition fait venir
de Kairouan les architectes de la mosquée de
Cordoue). De l'avis unanime des rares voya-
geurs qui ont pu visiter la vieille cité musul-
mane, il y a là de nombreux trésors d'art que
les brigandages barbarcsques et le fanatisme
dévot ont accumulés depuis des siècles. La prise
de Kairouan jettera certainement dans la cir-
culation des choses imprévues, peut-être de
précieuses armes européennes, certainement
des tissus anciens, des manuscrits et d'au-
tres produits de la belle civilisation arabe. Dans
quelle mesure? On ne peut le savoir. Mais il
serait de toute importance que l'Etat ne se dé-
sintéressât pas de ces questions et n'agît pas
avec la môme indifférence, la même incurie,
la même ignorance que lors de la prise du Pa-
lais d'Eté, à Pékin, où tant d'incomparables
merveilles furent jetées aux quatre- vents du
ciel.

Le pillage ne profite qu'aux revendeurs et
aux rôdeurs faméliques qui suivent une armée.

S'il y a dans la ville de Kairouan les riches-
ses d'art que des renseignements nombreux
permettent de supposer, ce serait une honte
pour la France que d'en laisser consommer la
dispersion sans profit pour nos collections na-
tionales.

Au moment d'une expédition qui nous coûte
de grands sacrifices, devant l'aléa d'un siège
et d'une mise à sac, de telles prévisions
sont permises. Nous conseillons, certes, le
respect de la propriété individuelle ; mais si
quelque chose doit être pris et emporté, que

ce soit pour le moins au profit de celui qui
paye.

Il nous semblerait indispensable qu'une
mission déléguée pari'administration des beaux-
arts accompagnât l'autorité militaire pendant
le cours de cette intéressante expédition. Le
fera-t-on ?

Louis Gonse.

NOUVELLES

L'Académie s'est occupée du rempla-
cement d'un associé étranger, M. Stracke, de
Berlin, architecte du roi de Prusse.

La commission mixte a fait son rapport et
présenté les candidats dans l'ordre suivant :

1° M. Ferstel, architecte à Vienne;

2° M. Millais, peintre à Londres;

3° M. Monteverde, sculpteur à Rome.'1

Sur la proposition d'un membre, appuyée
par plusieurs académiciens, on a ajouté sur la
liste le nom de M. Adler, professeur d'archi-
tecture à Berlin.

L'élection aura lieu clans la prochaine
séance.

Par décret paru à l'Officiel, il est créé
à Nice une Ecole nationale d'art décoratif, pla-
cée sous la haute direction du ministre de
l'instruction publique et des beaux-arts, qui
nomme et révoque le personnel administratif
et enseignant, fait et approuve les règlements,
sur la proposition du conseil d'administra-
tion.

L'enseignement de cette école comnrend :
1° le dessin linéaire et géométrique ; 2° le
dessin de la figure, de la fleur et de l'orne-
ment, depuis les principes, jusques et y com-
pris la composition ; 8° la peinture ; h° la
sculpture; 5° l'architecture; 6° l'anatomie;
7° l'histoire de l'art; 8° la géométrie pratique,
la géométrie descriptive, la perspective et la
stéréotomie.

Un autre décret crée à Bourges (Cher)
une Ecole nationale des beaux-arts, placée
sous l'autorité du ministre de l'instruction pu-
blique et des beaux-arts.

L'administration vient de faire placar
der une affiche annonçant l'ouverture de l'en-
quête réglementaire sur le projet d'isolement
et d'agrandissement de la Bibliothèque na-
tionale voté par les Chambres, sur l'initiative
de M. Lockroy.

L'enquête a commencé le 10 octobre pour
se terminer le 17.

Par suite de la démission de M. Henri
Lehniann, membre de l'Institut, une place de
professeur de peinture, chef d'atelier à l'E-
cole nationale des beaux-arts, est vacante. Les
candidats devront se faire inscrire au sécréta
riat de l'Ecole, lii,rue Bonaparte, et produire
leurs titres à l'appui de leur demande.

Le ministre de l'instruction publique
et des beaux-arts vient de nommer membres
 
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