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MÉLANGES D'ARCHÉOLOGIE.

traits des cartouches ornés de ces fausses lettres arabes que la célébrité des tissus sarrasins a
fait répéter dans une foule d'ornements du moyen âge en manière de contrefaçon*. Dans la
môme pièce (PI. XIY) se voient les paons si souvent mentionnés par les énumérations de ca-
deaux faits à Rome ou à Constantinople (-rK<üve$, etc.) ; on trouve même
des paons chevauchés par des hommes
Ao?Mmay), car la fantaisie s'est donné carrière de tout
temps parmi les détails de l'ornementation. Et, n'en déplaise aux habiles gens qui ont fait et
font encore des recherches linnéennes sur la (pourquoi pas aussi?), je
suis très porté à croire que l'ornement (arabesques, fleurons, palmettes, etc.) puise surtout sa
sève dans un monde un peu conventionnel, et que les élèves de Raphaël en ce genre procè-
dent d'une poésie fort étrangère à celle de l'école flamande ou hollandaise. Aussi, malgré le
trait des contours qui est généralement emprunté dans une certaine mesure aux formes na-
turelles par les dessinateurs de ces étoffes, on voit qu'ils prennent soin en quelque sorte d'é-
chapper au monde quotidien parles couleurs; nous avons des cygnes ou des canards ^ verts ou
bleus (PI. XletXII),et deséLéphants jaunes à trompe verdâtre; comme Claudien nous peignait
dans les broderies de son temps s des cerfs rouges à cornes d'or. Ces bizarreries, si je ne me
trompe, appartiennent à la nature même de l'art qui nous occupe en ce moment ; c'est pour-
quoi elles ont dû s'y reproduire aux diverses époques qui l'ont cultivé avec une entente franche
et spontanée. De là vient sans doute également ce nom de que l'on rencontre chez
les écrivains grecs, et qui s'accorde si bien avec nos planches, où tout ce qu'il y a de lions
(PI. XVI et XVIII) est précisément de couleur blanche.
Je vois d'ici plus d'un lecteur fort scandalisé d'apercevoir dans l'église des éléphants, lions,
aigles, griffons, licornes, faisans, canards, paons, etc. *, et se demandant ce que tous ces ani-
maux avaient affaire avec le lieu saint ; je réponds à cela que l'Église n'empêche personne de
faire mieux, et que de longue main les papes adoucissaient ce qu'il peut y avoir de profane
dans ces figures un peu séculières en les faisant accompagner de scènes bibliques brodées s au
moyen desquelles la forme emportait le fond. Mais ajoutons aussi que l'histoire ne nous fait
point connaître qu'on s'en soit beaucoup scandalisé dans un temps où l'on prenait au sérieux
* Les miniatures même, jusqu'au seizième siècie, conser-
vèrent cette façon de recommander un vêtement à i'attcntion
du spectateur ; singulier hommage rendu à ia réputation des
fabriques musulmanes. Je ne m'étendrai 'pas sur un tel sujet
après que M. Adrien de Longperrier, dans ia Reune Arcûèo-
/aynyMe pi" année, p. 696, svv., etc.), a expliqué deux ou
trois fois cette singularité par quelques-unes de ces savantes
notices dont il est trop avare.
- Ceci nous remet encore sur ia trace des signalements
donnés parAnastasele-Bibliothécairc (é: Gregt. iv) : «Vêla...
de olovcro dccem, habens unumquoque corum anatcs. o

3 Claudian. De /aad:5. 3fé:c/:o?::s, ü, 352, sq.
K Aurea purpureos tollentes cornua cervos
Au reus ipse ferit. n
Sur quoi les commentateurs disent des choses tout à fait diver-
tissantes, dans leur préoccupation de critiques et de grammai-
riens ; tandis qu'il s'agissait simplement de recourir au bon
sens et d'avoir un peu de goût. Mais tombe-t-il aisément dans
l'esprit d'un grammairien ou d'un humaniste qu'il y ait une
critique supérieure à la pesée des mots ?
4 Cf. Anastas., passé?:.
^ 1t. 75 id. passitn.
 
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