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MÉLANGES D’ARCHÉOLOGIE.

peine ailleurs. En donnant les diverses tables des manuscrits, nous avions cru mettre sur
la voie de recherches à poursuivre sur les remaniements subis par cet opuscule si
rudoyé dans le Spicilége de Solesmes.
2° Les moralisations sont postérieures à la rédaction des propriétés [natures) d’animaux, etc. ;
et tout cela remonte aux païens, aux juifs, aux Alexandrins, etc. l 2.
Nul doute qu’un texte doive préexister à son commentaire, et qu’il ait fallu quelque
compilation de contes zoologiques antérieure à l’idée d’en tirer un enseignement
moral. Cette idée, qui l’a eue le premier? ou du moins qui lui a fait prendre corps
sous la forme la plus voisine de celle dont un type dominant se reconnaît chez les
plus anciens bestiaires moralisés? Puis, quand et en quels lieux le recueil s’est-il
augmenté de chapitres nouveaux, ou modifié dans sa tendance originelle ? Voilà des
questions qu’on pouvait s’attendre à voir abordées par celui qui n’a pas dû manier divers
manuscrits sans reconnaître leur parenté ou leurs dissemblances A Le reste ne valait
guère la peine d’être redit : Bochart, Leemans, etc., nous avaient renseigné très-passa-
blement sur les origines de cette zoologie, et ce n’était pas pour rien que les Mélanges
avaient ajouté à chaque article des observations dont l’objet ordinaire est de faire voir
que les auteurs chrétiens ne portent point la responsabilité de ces historiettes, presque
toutes transmises par l’antiquité classique. Restait donc à serrer la solution de plus
Près, au lieu de l’emmêler dans des citations épisodiques où le résultat désirable
n’avance pas d’une semelle.
Les Juifs, y compris les Septante 3, si l’on vent, auront aidé à gonfler cette
histoire soi-disant naturelle, parce que l’Écriture sainte leur en offrait le prétexte.
Ce n’est pourtant pas d’eux que seront venues des interprétations qui se piquent plus
d’une fois de puiser dans le Nouveau Testament et d’invoquer le nom de Jésus-
Christ comme garantie de leur morale (s/jpjvsta).
Quant aux Alexandrins, il est entendu que leur ville a été le rendez-vous de civi-
lisations diverses ; d’où l’on a beau jeu pour aboutir à toute sorte de conclusions,
lorsqu’il 11e se rencontre pas de textes positifs. Au fond, Alexandrie a bien la mine
d’intervenir dans l’affaire actuelle pour cantonner notre Physiologus en un coin sus-
pect de l’ancien monde, où il sera tenu au lazaret. Ce n’était pas assez que l’origine

1. Spicil. Solesm., ibid., p. liv, sqq. ; lix, sqq.; etc.
M. Hippeau (Revue de l’art chrétien, t. V, p. Iû9) dit que
le pape Gélase y reconnut une origine latine. Je ne vois
pas pourquoi on fait ce tort à saint Gélase. Quant à dire
que le côté hétérodoxe de cet ouvrage lui aura valu sa
fortune chez les mahométans, c’est tout simplement faire
entendre que le livre était fort répandu dans la Syrie
grecque, qui confinait aux A-rabes. Je n’avais pas prétendu
le contraire. Mais ne voit-on pas qu’avec tous ces commen-
tateurs des données de Méliton, il arrive inévitablement
qu’on soit conduit à des puérilités ! M. Hippeau 11e se
refuse point d’en sourire. (Cf. ibid., p. 183, etc.)
2. Outre une analyse des fables débitées sur le pélican
('Vitraux de Bourges, n” 53), nos Mélanges n’élaient pas faits
pour nuire à la réalisation de cette tâche, quand ils s'im-
posaient de réunir au moins trois formes de rédaction
occidentale (latin, picard en prose et normand en rime),
avec variantes sous chacun des titres, lorsque les mss. le
permettaient. L’absence d’un ou de deux articles parmi les

plus anciens prêtaient déjà au soupçon de surcharge très-
moderne. Le dépouillement des textes grecs devait encore
avancer l’enquête, et donner lieu à plus d’une conclusion
utile qu’il eût été bon de mettre en évidence. C’était pour
arriver là que je différais le complément (Mélanges, t. If,
p. 100) ; et qui voulait me gagner de vitesse, pouvait bien
me faire l’honneur de prendre assez de temps pour étudier
le programme, puisque c’était la clause ajoutée à mon
abdication quelconque.
Quand je parle de programme, ce n’est pas à dire que
j’eusse inventé celte méthode; elle était commandée par
le travail lui-même, dès qu’on y mettait la main comme
pour tout achever. Or la question demeure encore à peu
près entière, tout en ayant été assez remuée pour écœurer
la plus grande partie du public. Qui oserait y revenir dans
cet état des esprits ? Je ne puis donc plus maintenant faire
autre chose que des observations à bâtons rompus, sous
peine d’être fatigant.
3. Spicil. Solesm., ibid., p. Ixij, etc.
 
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